Le professeur Paul Tshilumbu, secrétaire national en charge des élections, suivi du processus électoral et porte-parole de l’UDPS a été suspendu de ses fonctions pour une durée non déterminée, ce vendredi 10 avril. La décision est du président a.i, Jean-Marc Kabund-a-Kabund. Qui lui reproche le non-respect de la hiérarchie et des instructions du parti.
«…au regard de la tendance malheureuse à la politisation du dossier judiciaire sur la gestion des fonds du Programme de 100 jours dans lequel le directeur du cabinet du chef de l’Etat est notamment entendu, la hiérarchie du parti a instruit tous les membres de rester dans la neutralité et de s’abstenir de tout commentaire», rappelle Jean-Marc Kabund dans sa lettre de sanction en reprochant à Paul Tshilumbu d’avoir utilisé à volonté les médias pour émettre ses points de vue sur ce dossier délicat en phase d’instruction, lesquels points de vue, selon Kabund, sont directement attribués au parti alors qu’il n’en est pas le cas.
Mais pourquoi une suspension sans durée fixée ? C’est là où les observateurs voient le moment tant recherché par Kabund pour bien régler les comptes à ses «détracteurs» au sein du parti. Et Paul Tshilumbu compte parmi ceux qui ont créé le «Collectif Sauvons l’UDPS» qui s’est érigé contre la gestion du parti par le duo «K-K», entendez Kabund et Kabuya, et exige leur démission.
Kabund a peur de preuves de chantage de l’UNC sur ses acquisitions immobilières en six mois de plus de 2, 8 millions USD, réagit Paul Tshilumbu
Contacté par Scooprdc.net, Paul Tshilumbu rejette la sanction de Jean-Marc Kabund qui, dit-il, n’a pas qualité de le faire. «Monsieur Kabund n’a pas qualité de me suspendre. Nous avons été nommés, lui et moi sur la même liste par le président Tshisekedi. S’il y a quelqu’un qui peut me sanctionner par parallélisme de forme, c’est le président Tshisekedi. Mais en me référant à nos statuts, la commission de discipline est instituée par la Convention Démocratique du parti. Donc, il n’y a que la Convention Démocratique qui peut instituer une commission de discipline; d’abord on doit vous entendre et puis vous sanctionner s’il y faute commise par vous. Donc, l’UDPS n’est pas un parti-Etat où nous avons un petit despote à la tête qui se comporte comme si c’était son parti. Nous, nous avons des textes. Et je crois que lorsque nous avons créé le Collectif Sauvons l’UDPS, nous avons fustigé le fait que monsieur Kabund ne respecte pas les textes du parti», explique-t-il.
Et de justifier sa prise de parole dans les médias dans le dossier judiciaire de Kamerhe devant le Parquet Général de Matete : «comment expliquer que la grande machine de communication de l’UNC nous attaque nous, UDPS, que nous instrumentalisons la justice, attaque le président de la république qui est l’un de nôtre qu’il veut politiquement liquider Kamerhe parce qu’il a peur des accords de Naïrobi qui veulent que Kamerhe soit président de la république en 2023, mais, de notre côté, Kabund demande à tous les cadres que personne ne parle. D’abord, à lui seul il n’a pas le droit d’interdire les cadres du parti de ne pas parler. Il devait en principe convoquer une réunion de l’Exécutif du parti, on statue sur la question et on lève des options. Mais il est chez lui à la maison, il fait un communiqué que personne ne parle, c’est inadmissible».
N’ayant pas sa langue dans la poche, le porte-parole de l’UDPS éventre vite le boa : «étant sous le coup de chantage de l’UNC qui a des preuves des acquisitions dans les six mois des titres fonciers qui valent au-delà de 2,8 millions USD, Kabund est mal à l’aise. Si lui et Kabuya, ils étaient nourris par Vital Kamerhe, ils ont peur dans cette histoire de 100 jours que Kamerhe ne dévoile le secret, voilà pourquoi ils veulent museler les cadres de l’UDPS pour faire plaisir, pour faire des yeux doux à Vital Kamerhe, c’est ça la vérité».
Sur ces révélations de Paul Tshilumbu que d’ailleurs Scooprdc.net détenait des couloirs du ministère des affaires foncières, la grande acquisition de Jean-Marc Kabund est la parcelle qu’il a achetée le long du boulevard Tshiatshi, à la Gombe. Là, selon les courtiers, mais abusivement appelés à Kinshasa les commissionnaires, les prix se négocient en termes de millions surtout que ce boulevard est dans le quartier le plus huppé de Kinshasa. Et du coup, les observateurs se demandent : quelles sont les conclusions de l’enquête ouverte par le secrétaire général de l’UDPS sur l’enrichissement rapide et illicite dont certains cadres de son parti sont accusés ? Est-ce une poudre aux yeux, cette annonce, pour endormir la base ?