Décès du général Delphin Kahimbi : l’ombre du général John Numbi aurait plané sur la résidence du défunt peu avant sa mort !

Par Nzakomba et Agnelo Agnade.

Voici bientôt trois semaines que le corps sans vie du général Delphin Kahimbi a été retrouvé en sa résidence. Selon les éléments préliminaires de l’enquête menée par la commission militaire mise en place et relayés au conseil de ministres par le chef de l’État, Félix Tshisekedi, le sous-chef d’état-major et patron des renseignements militaires serait mort par pendaison. Une version prise avec beaucoup de doutes dans l’opinion d’autant plus que le profil du général décédé à fleur d’âge ne pouvait nullement le conduire à pareil suicide, pas surtout par pendaison.

Aujourd’hui, les services d’Honoré Ngbanda, ancien patron des barbouzes de Mobutu, viennent, à travers un élément audio balancé dans les réseaux sociaux, retracer les péripéties d’un assassinat de celui qui est apparu aux yeux de son ancien boss comme un maladroit prêt à trahir. Est-elle vraie ou fausse, la version des services de Ngbanda qui disent avoir mené des investigations mais aussi obtenu des informations auprès d’un officier supérieur proche du général défunt Delphin Kahimbi ? Difficile de le confirmer ou infirmer à cette étape où l’enquête n’est pas encore bouclée, mais seulement Ngbanda et son Apareco soutiennent que le défunt patron des renseignements militaires a été exécuté avec le même modus operandi que l’exécution du célèbre activiste de droits de l’homme, Floribert Chebeya, c’est-à-dire étouffement suivi d’étranglement. Et la personne impliquée serait la même, à savoir le général John Numbi.

Pour Ngbanda et ses acolytes, loin d’être une pendaison ou un suicide, le général Kahimbi serait victime d’une vendetta pure et simple. D’après ce que rapporte la porte-parole de l’Apareco dans l’élément audio balancé sur le Net, le général Kahimbi aurait reçu mission de Joseph Kabila qui lui avait remis l’argent en espèce, d’aller acheter en Afrique du sud, un appareil puissant de repérage et d’écoutes téléphoniques destiné à espionner le chef de l’État Félix Tshisekedi, qu’il soupçonnerait de trahison autour de sa personne et de l’accord, auprès de ses ennemis occidentaux et américains.

Seulement, Kahimbi n’aurait pas payé la totalité de la facture prétextant que le matériel devait faire l’objet d’une période d’essai avant d’apurer le reste. Au bout de la période d’essai, l’acheteur ou mieux le coursier a eu des yeux plus gros que le ventre, et a voulu duper les fournisseurs du matériel qui, lassés et courroucés du fait que l’acheteur Kahimbi ne répondait plus au téléphone, ont informé les autorités Sud-Africaines, qui à leur tour n’ont tardé d’alerter Félix Tshisekedi.

Une fois mis au parfum, poursuit la porte-parole de l’Apareco, le raïs courroucé à son tour, engueulera Kahimbi et lui ordonnera de solder vite la facture du fournisseur, visiblement très satisfait du rendement de l’équipement reçu. Hélas ! Le secret n’en était plus un. La suite est connu de tous : Delphin Kahimbi, sur ordre du CNS, sera intercepté à l’aéroport de N’djili le jour où il comptait effectuer son voyage. Conduit au CNS et soumis à un interrogatoire appuyé avec des preuves que  le fournisseur sud-africain avait conservé dans sa base de données, l’ex-patron des barbouzes militaires confondu, craqua et promit de tout révéler le lendemain, et c’est là qu’apparaît l’action de ses bourreaux, certainement mis au parfum par les antennes restées encore fidèles à l’ancien régime au CNS.

Déjà suspendu de toutes ses fonctions et dépouillé de toute sa garde la veille de son décès, le général Delphin Kahimbi aurait tenté, d’après la porte-parole d’Apareco, de joindre Joseph Kabila, sans succès, ignorant certainement que le rais était déjà au courant de sa promesse faite au CNS. La nuit tombée, c’est son ancien commandant suprême qui l’appellera, selon toujours le récit de l’Apareco, pour lui signifier de l’envoie par lui des éléments pour sa sécurité vu qu’il était dégarni de sa garde.

Là, la porte-parole de l’Apareco précise que c’est le général John Numbi accompagné de deux gros bras non autrement identifiés, qui serait l’envoyé de Raïs à la résidence de Kahimbi. Ensemble, ils sont restés jusque tard dans la nuit avant que Kahimbi ne raccompagne Numbi qui aurait quitté seul la résidence du sous-chef d’Etat-major, chargé de renseignements militaires. Elle conclut par dire que la suite, tout le monde la connaît. D’après Ngbanda et ses acolytes, Delphin Kahimbi a été étranglé par les deux malabars amenés par Numbi, puis accroché à une corde chez lui, pour simuler un suicide par pendaison.

La commission d’enquête mise sur pied et constituée d’officiers militaires aura-t-elle l’audace de convoquer le tout-puissant John Numbi pour l’entendre ? Qui sont les deux gros bras qu’il avait amenés à la résidence du défunt avant sa mort ? Dans un Etat qui se veut de droits, les enquêteurs seront tenus d’explorer cette nouvelle piste. Mais ici la crainte est de voir John Numbi être épargné comme ce fut le cas dans le dossier de Floribert Chebeya, lui à qui les ONGs de défense des droits de l’homme ont collé à jamais sur le dos l’assassinat de ce célèbre activiste de droits de l’homme tué la nuit du 1er juin 2010 à Kinshasa alors qu’il était invité le soir au Commissariat général de la Police à l’époque sous commandement de John Numbi. Les enquêteurs ont certainement du pain sur la planche.

  • Bendélé Ekweya té

À ne pas rater

À la une