Par Dorcas Nzumea, Nzakomba et Agnelo Agnade.
«Le laboureur sans enfant», écrivait Direct.cd le 27 avril 2016, du vivant d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba d’heureuse mémoire, pour alerter sur le déclin d’un grand héritage politique, faute de préparation des héritiers responsables et capables de pérenniser les acquis d’un combat louable d’une trentaine d’années, pour l’avènement de la démocratie et d’un état de droit. Le déroulement des événements donne raison à ce média qui, comme un prophète, l’avait prédit. Désordres, tumultes, déchirures caractérisent l’Union Pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti d’Etienne TShisekedi, pourtant au pouvoir.
Non sans raison, à peine le sphinx de Limete décédé, l’UDPS s’est disloquée en trois morceaux : UDPS/Tshibala, UDPS/Mubake et UDPS/Tshisekedi. Les héritiers se sont lancé dans une escalade verbale jusque à s’amener devant les instances judiciaires, crachant ainsi sur le le ‘’Munyere’’ de leur père politique. Aujourd’hui, l’aile se réclamant du vieux Tshitshi, car s’étant alignée derrière son fils Félix Tshisekedi devenu président de la république, navigue véritablement à vue. Et la reine de mutuashi, Tshiala Muana, aura raison d’avoir chanté «Bukalenga bua bana kabupangi diyoyi» dans Tshibola, entendez «le pouvoir des enfants est toujours chamailleur». Car, le spectacle livré ces jours par le parti du président de la république, Félix-Antoine Tshisekedi, est très désolant. Non seulement qu’il se comporte toujours en opposition alors qu’il est au pouvoir, mais aussi les désordres et tumultes qui y règnent, risquent de l’emporter définitivement dans les abîmes, si l’on n’y prend rapidement garde.
En effet, la décision prise le 6 février dernier par le président ad intérim de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, celle de limoger les animateurs de la Commission Electorale Permanente du parti (CEP), a soulevé un vive tollé au sein du parti où Kabund et Kabuya sont désormais considéré comme deux petits dictateurs anarchistes à l’incompétence notoire. Le président la CEP, Jacquemain Shabani, ancien dynamique secrétaire général de l’UDPS du vivant de vieux Tshitshi, qui en a marre des injustices instaurées au sein du parti, n’a pas manqué de péter le plomb et menacé de porter cette fois-ci l’affaire devant les cours et tribunaux.
Selon le droit administratif et les textes régissant le parti de Félix Tshisekedi, un intérimaire ne peut prendre une telle décision au risque de violer la loi y compris le règlement du parti. «Trop c’est trop. Je crois avoir fait un effort considérable pour trouver une résolution consensuelle au désordre et à la confusion montés de toutes pièces par JM Kabund mais hélas, il s’acharne. Je reste convaincu que le parti ne peut pas être géré avec autant de légèreté et d’irresponsabilité aussi j’estime que mon militantisme au sein de l’UDPS ne mérite pas de tels actes d’humiliations. Cette énième violation des textes du parti devra être sanctionnée par une décision judiciaire pour édification de tous. Je ne me suis pas battu pour l’état de Droit toutes ces années, avec multiples et rudes sacrifices devant les dictateurs du Congo, pour voir l’arbitraire et la discrimination m’imposés par un collègue du parti. Ma requête est en cours de rédaction et justice sera», a réagi à chaud Jacquemain Shabani soutenu par une frange de combattants qui ont d’ailleurs manifesté violemment au siège du parti le jeudi 12 mars.
Mise en garde et ultimatum du Collectif Sauvons l’UDPS contre Jean-Marc Kabund
Suite à la situation chaotique qui prévaut au parti ainsi que les récents tristes incidents qui se sont produits, les cadres, élus et membres de l’UDPS ont constitué le collectif « Sauvons l’UDPS » pour exiger le retrait immédiat de Jean-Marc Kabund des affaires du Parti en vue de laisser l’ancien secrétaire général, Jacquemain Shabani travailler avec d’autres composantes statutaires et ce, dans le but de convoquer le congrès dans les meilleurs délais. Dans un point de presse qu’ils ont animé vendredi 13 mars, ils lui ont donné ainsi 72 heures pour exécuter leur décision.
«Jean-Marc Kabund joue un rôle ambigu qui empêche le bon fonctionnement du parti et cela, depuis sa démission du poste de secrétaire général et la cession volontaire dudit poste à Augustin Kabuya», mentionne le Collectif «Sauvons l’UDPS» dans sa déclaration en précisant que l’actuel président par intérim du parti (JM Kabund) s’évertue à poser des actes qui handicaperaient le parti, dont notamment, la mise à l’écart des statuts du parti par l’usage abusif du mandat émis par le président du parti en date du 22 janvier 2020, l’atomisation de tous les organes du parti y compris la Présidence transformée en un club des copains, dans le but de s’en accaparer et de fouler aux pieds les efforts des Pères fondateurs et de tous ceux qui sacrifié le meilleurs d’eux-mêmes pour que l’UDPS en arrive là où elle est.
Ils ont déploré également la gestion opaque du parti qui ne permet pas à Jean-Marc Kabund d’être une véritable machine du pouvoir en vue de soutenir le chef de l’Etat dans ses efforts pour redresser le pays ; les soupçons graves et persistants du trafic des postes du Parti en faveur des personnes étrangères au combat. Aussi, ont-ils dénoncé l’amateurisme irréversible de Jean-Marc Kabund ainsi que son incapacité de gérer les ressources humaines du Parti et de fédérer toutes les filles et fils autour d’un même objectif. Selon ces caciques de l’UDPS, le président par intérim se donnerait à cœur joie d’entretenir volontairement une conflictualité pour gêner de manière délibérée l’aura du chef de l’Etat, dans le but de préparer ses propres ambitions.
« Monsieur Jean-Marc Kabund s’est permis de dénaturer le logo sacré du Parti en faisant sa propre structure dénommée Décision Finale qu’il est en train d’implanter à travers tout le pays en lieu et place du parti qu’il dirige », l’accuse le professeur Paul Tshilumbu, porte-parole de l’UDPS.
Suite aux actes cités ci-haut, le Collectif «Sauvons l’UDPS» exige, non seulement le retrait de Jean-Marc Kabund des affaires du Parti au détriment de Jacquemain Shabani, mais aussi le retrait de tous les actes arbitrairement pris par lui, sous une qualité frauduleuse de président ai, poste qui n’existe pas dans leurs statuts ainsi que l’interdiction formelle de prendre d’autres initiatives qui violent les statuts.
« Il est inadmissible qu’en ce moment précis où l’un d’entre nous est élevé à la magistrature suprême, qu’il y ait encore des balles qui crépitent à Limete, livrant ainsi notre parti à l’ignominie et à la désolation », a déclaré Paul Tshilumbu qui a lancé un appel aux combattants à se prendre en charge.
« c’est une dictature qui s’installe à l’UDPS…dans tes analyses, pose la question à Fatshi est-ce que les martyrs, les veuves et orphelins des différentes dictatures l’ont accompagné au pouvoir pour que lui et sa famille se réjouissent en laissant tout le monde entre les mains des deux bougres qui ne roulent plus pour le parti et lui ne dit mot ?», a dit un combattant au reporter de Scooprdc.net présent au Restaurant La Simplicité où s’est tenu ce point de presse dans la commune de Kasavubu.
Silence de Fatshi coupable ?
Même si ils ne le disent pas à haute voix, beaucoup à l’UDPS condamnent le silence prolongé de Félix Tshisekedi face à la situation tumultueuse que traverse son parti. Beaucoup aussi estiment qu’il cautionnerait tous les dérapages du duo Kabund – Kabuya. A lui de se montrer grand chef comme son père qui a su gérer les humeurs des uns et des autres au sein du parti.
Il sied de signaler que le Collectif «Sauvons l’UDPS» est constitué entre autres des honorables Paul Tshilumbu, Peter Kazadi, Tshilumbayi, des cadres comme Jacquemain Shabaini, Aristide Bulakali, Roger Bukasa, docteur Augustin Kalala…