Par Ginno Lungabu.
Dans une correspondance adressée au premier ministre avec plusieurs ampliations aux autorités tant politiques, militaires que policières le 9 mars dernier, le président de l’Organe délibérant du Kongo central, Pierre Anatole Matusila, dénonce des plans qu’il qualifie de «machiavéliques» visant à perturber la rentrée de l’Assemblée provinciale du Kongo central à Matadi le 30 mars prochain.
«Le contexte politique actuel dans notre province est bien connu car, depuis le scandale sexuel du 25 août 2019 et ses répercussions sociopolitiques dans la province et en dépit du vote de la motion de défiance par l’Assemblée provinciale contre le gouverneur Atou Matubuana Nkuluki le 4 décembre 2019, ce dernier n’ayant ni démissionné ni introduit un recours judiciaire, la province du Kongo central est gérée à ce jour, par défi, comme un bien sans maître, en dehors de tout contrôle de l’organe législatif provincial», se plaint-il dans cette correspondance à Sylvestre Ilunga Ilunkamba avant de pleurnicher : «Notre présente démarche vise à vous prévenir pour que des mesures républicaines soient prises à votre niveau pour sécuriser, par les services de l’Etat compétents, la rentrée parlementaire de l’Assemblée provinciale du Kongo central, prévue légalement le lundi 30 mars 2020».
A entendre Pierre Anatole Matusila, selon les informations que seul lui détient, ces présumés plans machiavéliques seraient concoctés par «certaines forces occultes en action au Kongo central», qui recruteraient des jeunes désœuvrées en vue de commettre des actes criminels ce jour-là de la rentrée parlementaire. Naïvement, toute personne qui ne connaît pas le développement de la situation politique dans cette province depuis l’affaire MimieGate, croirait à cette victimisation du président de l’Assemblée provinciale du Kongo central. Mais pour les observateurs avertis et lucides, c’est lui le problème, le véritable problème que connaît actuellement la province parce qu’il a fait de MimieGate sa propre affaire malgré le desintéressement du peuple Ne Kongo qui n’en parle plus.
En effet, ne s’inscrivant pas dans la logique de déstabilisation des gouverneurs, le président de la république, garant du bon fonctionnement de toutes les institutions du pays, a plus d’une fois invité les députés provinciaux du Kongo central qu’il a d’ailleurs rencontrés physiquement à Muanda, à mettre de l’eau dans leur vin en vue d’éviter la fragilisation des institutions issues de la jeune démocratie. Ce qui justifierait même son refus d’entériner le vote de déchéance du gouverneur Matubuana par les députés provinciaux, fait dans la précipitation et dans la violation de la procédure (NDRL : l’occasion n’a pas été accordée à l’incriminé Matubuana pour présenter ses moyens de défense).
Le vrai coupable de l’acte sexuel, le vice-gouverneur Justin Luemba, a publiquement demandé pardon à ses frères Ne Kongo et a même aussi plus d’une fois supplié celui qu’il appelle affectueusement et respectueusement «mbuta» Matusila d’user de sa sagesse de notable pour que cette affaire soit réglée dans le «Kinzonzi». Qu’il s’agisse de l’appel du président de la république, ou des supplications du fugitif Luemba, le mbuta Matusila est resté de marbre. au contraire, pendant toutes les vacances parlementaires, il s’est évertué à comploter pour déstabiliser l’exécutif provincial. Sa dernière action déstabilisatrice en date est la messe noire avortée du 27 février dernier prévue à Mbwela Lodge à Kinsatu qu’il a finalement délocalisée dans un hôtel près de la RTNC à Matadi mais qui n’a pas réalisé un résultat escompté du fait que les députés du G25 sur qui il fondait son espoir pour entreprendre dès la rentrée parlementaire des actions contre Atou Matubuana, se sont désolidarisés de lui, parce qu’ayant compris que ce bras de fer inutile avec le gouvernement provincial ne favorise pas le développement de la province.
Tout récemment, tous les inter-fédéraux des partis membres du Front Commun pour le Congo (FCC), plate-forme politique alignée derrière le président honoraire Joseph Kabila qui avait déclaré retirer sa confiance envers les deux dirigeants du Kongo central à cause de cette affaire MimieGate, ont, pour l’intérêt de la province, passé l’éponge sur cette affaire et annoncé leur soutien indéfectible aux actions et mandat du gouverneur Atou Matubuana.
Pourquoi toutes ces démarches ne peuvent-elles pas interpeller le président de l’Assemblée provinciale, lui qui continue à bouder l’idée d’organisation d’une conférence de réconciliation de Ne Kongo initiée par le gouverneur Atou Matubuana, dans une sorte de Kinzonzi où tous les linges sales de famille se laveront ? Entre lui et le gouverneur qu’il refuse de recevoir malgré sa main lui tendue, qui est dans la logique de pyromane ou de sapeur pompier ? A l’opinion de juger !