Par Ginno Lungabu.
Factuel.cd a relayé l’interview que le musicien et patron de l’orchestre Zaïko Langa Langa Nkolo Mboka a accordée à quelques journalistes congolais à Bruxelles, après son concert vendredi dernier au Palais des Beaux Arts en la capitale belge. Ya Jossart n’est pas allé par quatre chemins pour fustiger la barbarie à outrance de ses compatriotes qui se réclament « combattants » et que le président Félix Tshisekedi a qualifiés récemment à Londres de « combat ntaba ».
« Le vrai combat, c’est à Kinshasa et non en Europe. Le champ de bataille, c’est au pays et non aux Champs Élysée à Paris ou au boulevard Louise à Bruxelles. Rossy Mukendi et Thérèse Kapangala sont des vrais martyrs et sont morts sur le champ de bataille », a déclaré Vieux Nyosh qui estime que les soi-disant combattants ne font que protéger leurs intérêts personnels liés à leurs avantages de séjour en Europe en diabolisant tout au pays.
Mais ce qui tique l’artiste-musicien, il n’a jamais vu une organisation créée par les « combattants » pour soutenir par exemple la veuve et les enfants de leur compatriote Armand Tungulu, ce combattant qui résidait en Belgique et qui, en séjour à Kinshasa, a trouvé la mort pour avoir caillassé le cortège de l’ancien président de la république, Joseph Kabila, près de la Maison Schengen sur l’avenue Libération, ex-24 novembre.
Non plus, se révolte Nyoka Longo, il n’a vu aucune organisation de ces « combattants », constituée pour prendre en charge la scolarité des orphelins de Floribert Chebeya ou d’autres victimes fauchées dans les représailles militaires et policières du régime Kabila. « Dans la fosse commune de Maluku, il n’y a aucun combattant, mais il y a dans cette fosse commune de Maluku le fils de notre guitariste de Zaïko, Mbuta Matima », a fait remarquer avec colère le patron de Zaïko Nkolo Mboka avant de conclure : « Armand Tungulu a dépassé même le combat des combattants, en venant à Kinshasa, laissant son épouse et ses enfants en Europe ».
Ce qui est vrai, la majorité de Congolais n’approuvent plus la démarche de leurs compatriotes de la diaspora qui se font appeler « combattants » d’interdire les musiciens congolais de livrer des concerts dans l’espace Schengen, laquelle démarche n’a pas de sens présentement du fait que le contexte a tellement évolué au pays avec le changement de régime. Se cacher actuellement derrière les massacres de Beni pour justifier la poursuite du « combat », serait un prétexte farfelu d’autant plus que la plupart de ces « combattants » semi-lettrés sont incapables, non seulement de localiser géographiquement Beni sur une carte, mais aussi d’assister en dons les populations de cette contrée qu’ils prétendent défendre. Voilà qui a révolté le musicien Fally Ipupa qui leur a craché : « Je suis allé à Beni, j’y ai livré des concerts et avec le cachet obtenu j’ai acheté une ambulance et des médicaments pour mes frères et sœurs de Beni en détresse. J’ai risqué ma vie et c’est moi le véritable combattant ! ».
Dans le milieu de la diaspora, la vraie raison de la décolère ce que le pouvoir Tshisekedi est venu bouleverser complètement l’obtention des documents de séjour. Souvent c’est le nom de l’UDPS qui était cité par les demandeurs d’asile politique pour justifier la persécution dont ils faisaient l’objet en RDC pour qu’en exilés, ils puissent obtenir facilement des documents de séjour. Maintenant que c’est ce parti qui est au pouvoir, il n’y a plus d’alibi. Voilà qui justifie la colère de « combattants », comme qui dirait en Lingala : « coop na bango ebebi ». (l’alibi ne tient plus la route).