Par Dorcas Nzumea.
Le député national Tony Mwaba Kazadi a saisi ce lundi 2 mars 2020 le Procureur général près la Cour de Cassation pour dénoncer une grande opération de fraude massive, de corruption ainsi que de détournements des fonds publics au sein du ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique et précisément au service de SECOPE. A en croire cet élu de Lukunga, ces opérations alourdissent le budget des enseignants et mettent en mal la gratuité de l’enseignement primaire.
« Nous venons de sortir du bureau du Procureur général du parquet près la Cour de Cassation où nous avons déposé une dénonciation d’une fraude massive qui s’est installée au sein du ministère de l’EPST et précisément au service de SECOPE. Il y a également la corruption ainsi que les détournements des fonds publics. Vous savez que la gratuité qui avait été décrétée est en œuvre depuis le début de cette année scolaire mais malheureusement les informations qui ont été portées à notre connaissance par certains agents de bonne foi qui œuvrent au sein de ce ministère ainsi que certains enseignants font état de ce que le ministère de l’EPST a pris un certain nombre de décisions coulées dans les arrêtés qui mettent en mal le programme de la gratuité de l’enseignement », affirme Tony Mwaba. Et d’ajouter : « Dans ce dossier, il y a des aspects pénaux, des infractions pour lesquelles nous avons saisi le PGR. Au service de SECOPE jusque là, on a dénombré plus de 1.000 personnels fictifs engagés. Ça vient mettre en mal la gratuité de l’enseignement ».
Ce que reproche Tony Mwaba au ministre d’Etat Willy Bakonga
L’élu de Lukunga dénonce une série des pratiques au sein du ministère de l’EPST, dont notamment :
- l’édition des listes comprenant des noms des centaines de milliers d’enseignants fictifs alignés dans des écoles inexistantes dans le but d’emporter en toute impunité les sommes d’argent à payer à ceux-ci à titre de salaires, primes et autres avantages ;
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la prise en charge des nouvelles unités des écoles privées non éligibles au programme de la gratuité de l’enseignement ;
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la prolifération des structures budgétivores et inefficaces notamment au sein de la SECOPE et de sous-divisions ;
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la désarticulation des services et structures de l’EPST par des mouvements intempestifs de leurs animateurs sans respect des normes administratives. Les chefs hiérarchiques de ces animateurs n’étant ni consultés, moins encore entendus au préalable ;
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l’augmentation des effectifs sans tenir compte des structures organiques existantes et le recrutement des membres des partis politiques sans formation en rapport avec le profil des postes à pourvoir ;
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la nomination sur des motivations partisanes des novices aux postes de responsabilité en plein milieu d’année scolaire, sans maîtrise des tenants et des aboutissants de certains dossiers en cours de traitement ;
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l’affectation au fonctionnement de EDUC TV et SECOPE ainsi qu’à d’autres fins inavoués des fonds destinés à la paie des enseignants dits nouvelles unités ;
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la prise de décisions qui frisent le règlement des comptes par le relèvement des inspecteurs par arrêtés du 30 décembre 2019, avec risque de favoriser une fraude à grande échelle lors de l’examen d’Etat 2020, surtout dans les écoles privées.
par ailleurs, Tony Mwaba exige de la Présidente de l’Assemblée Nationale, Jeannine Mabunda, dans une lettre, la mise sur pied d’une commission parlementaire pour enquêter sur tout ces faits. « La lutte contre l’extrême pauvreté en RDC passe par la formation et l’encadrement de sa population majoritairement jeune. L’Assemblée Nationale se doit dans le cadre de sa mission traditionnelle de contrôle du gouvernement, services et établissements publics d’accompagner l’Exécutif national dans l’édification d’un système éducatif performant. Il est donc de bon aloi qu’il soit mis en place une commission d’enquête parlementaire pour élucider et prévenir tous les cas de fraude épingler ici et là », lit-on dans sa lettre.
il a également saisi par écrit, le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, pour solliciter une demande d’annulation ou suspension de l’exécution d’une serie d’arrêtés pris par le ministre de l’EPST qui mettent en péril la gratuité de l’enseignement et alourdissent le budget affecté à l’Enseignement.