Par Ginno Lungabu.
C’est un samedi exceptionnel et émotionnel, celui du 28 février à Kinshasa, marqué par l’annonce de la mort inopinée et très suspecte du général Delphin Kahimbi, patron du Département de Renseignements Militaires (DRM), ex-DEMIAP.
Cette mort à la suite d’un suicide, comme l’a rapporté son épouse à Top Congo FM, est diversement commentée vu les fonctions, le grade et les actes posés par le désormais défunt général barbouze. Du positif au négatif, tout se raconte sur le jeune officier supérieur militaire.
« Je l’ai rencontré pour la première fois à Bukavu en septembre 2009 lorsque nous sommes allés Aliana Alipagama et moi, alors tous deux à l’époque journalistes de Radio Okapi/Kisangani et Kinshasa, remplacer les consœurs Caddy Adzuba et Delphie Namuntu menacées sérieusement de mort à travers des SMS anonymes », rapporte le DG de Scooprdc.net, Innocent Olenga avant d’ajouter : « c’était un jeune colonel très sympa et cool en face de moi que j’avais interviewé et qui m’avait hors micro révélé de choses sur la nébulosité des FDLR. Je l’ai revu à Kampala lors des pourparlers Gouvernement congolais et le M23. Ici à Kinshasa, je le voyais de loin ».
Le députe du Nord-Kivu, Nzangi Muhindo fait ce commentaire sur Delphin Kahimbi : « Au-delà de tout, le Général Delphin était un homme intelligent et bien surtout lorsqu’il était encore commandant région adjoint au Nord-Kivu. Il était très actif, très réactif et répondait avec courtoisie aux députés. Mais depuis qu’il est devenu homme fort du régime, il a gardé la courtoisie mais un homme à craindre. C’est lui l’auteur de la théorie des jihadistes à Beni avec des démonstrations bidons. Mais la vie est une course. Il a fini la sienne. Que la terre lui soit douce et légère. Les circonstances de sa mort ne sont pas claires à mon avis, sa mort n’est pas innocente. Il connaissait beaucoup des choses, sa comparution serait une catastrophe. Je m’arrête là ».
Le célèbre journaliste-animateur de l’émission « Kiosque » sur Canal Congo Télévision (CCTV), Serge Kabongo est très reconnaissant envers le défunt général Kahimbi : « Il m’a sauvé la vie une fois…RIP mon Général ! ». Et à l’avocat Laurent Onyemba d’appuyer Serge Kabongo sur le même dossier chez le Général François Olenga : « En détresse à la maison militaire du chef de l’Etat, j’ai sauvé mon ami Serge Kabongo qui a relayé les propos de Scooprdc sur un général d’armée. Je m’adresse à vous en Swahili : Ushi tuatshe mon Général, niko ami a Camille Yuma. Et tu nous sauvas des griffes ! Paix à ton âme ! ».
Si les uns gardent des bons souvenirs de Delphin Kayimbi et louent ses actions militaires au Sud et Nord-Kivu où il avait dirigé des opérations militaires contre les groupes armés et autres milices mai-mai, les autres regrettent qu’il soit né. Isabelle Ngezayo, fille d’Albert Prigogine Ngezayo, l’homme d’affaires congolais assassiné en pleine journée à Goma le 13 mars 2008, ne fait que chanter depuis toutes ces années le nom de Kahimbi dans sa bouche qu’elle accuse d’avoir commandité la mort de son père à cause d’un conflit foncier.
Dans les milieux des opposants et des organisations de défenses des droits de l’homme, Delphin Kahimbi n’a pas laissé bonne presse. A l’arrestation de Franck Diongo, c’est lui-même qui boxa le député honoraire arrêté et acheminé à l’ex-DEMIAP et ordonna qu’on brise les bras à ses gardes-du-corps, chose faite. Les opposants Moni Della, Martin Fayulu, Norbert Luyeye…ne gardent pas non plus de bons souvenirs du général Kahimbi qui selon eux, avait réprimé violemment et dans le sang, des manifestions pacifiques contre le glissement du mandat de Joseph Kabila.
Ainsi donc, pour les uns, Delphin Kahimbi est un ange qui pourra aller au ciel, mais pour d’autres il est un démon qui est retourné en enfer.