Par Agnelo Agnade.
Suspendu de toutes ses fonctions de chef d’Etat-major adjoint en charge des renseignements militaires le 26 février après avoir été empêché de voyage vers l’Afrique du Sud par la Direction Générale de Migration (DGM), le général Delphin Kahimbi a été trouvé ce matin de vendredi 28 février mort chez lui à la maison, selon Top Congo FM qui évoque la thèse de suicide rapportée par l’épouse du défunt.
De l’empêchement de voyager, en passant par la suspension des fonctions, pour arriver au suicide, il se cache énormément de choses, surtout lorsqu’il s’agit d’un suicide d’une grande barbouze, de surcroît militaire. Ceux qui ont l’habitude de lire les SAS de Gérard de Villiers, savent que le suicide d’un agent de renseignement, mieux d’un flic n’est pas anodin.
De sources sûres des milieux de renseignements, l’interdiction et la suspension du désormais ex-patron du Département de Renseignements militaires, ex-DEMIAP, seraient consécutives aux soupçons d’importation illicite d’armes en vue de déstabiliser le pays. Ce vendredi matin, le général Delphin Kahimbi aurait été attendu au Conseil national de Sûreté (CNS) pour être auditionné. Se serait-il senti humilié ? N’aurait-il pas supporté le choc et aurait piqué une crise de tension ? Ou aurait-il mis fait à sa vie pour cacher les secrets compromettant comme le font la plupart de grands flics ?
Pour l’instant, aucune hypothèse n’est à écarter. Le suicide de cet ancien commandant des opérations Amani Leo et commandant adjoint de la 8ième Région militaire au Sud-Kivu avant de passer commandant second dans le Nord-Kivu, nécessite des éclaircissements pour remonter la filière et démanteler éventuellement le réseau, d’autant plus qu’on le présentait comme homme de mains du président honoraire Joseph Kabila dont on accuse avoir encore une mainmise sur les officiers de l’Armée et de la Police. Delphin Kahimbi se serait-il refusé de faire les révélations et sacrifier sa vie ? Possible pour un fidèle des fidèles.
Somme toute, le général s’en va sans laisser une bonne presse dans le milieu des opposants et des organisations des droits de l’homme. Moïse Moni Della, Martin Fayulu, Norbert Luyeye, Cubain Tshimbalanga et bien d’autres le considèrent comme oppresseur des opposants. Kahimbi a été aussi cité dans l’assassinat d’Albert Prigogine Ngezayo, l’homme d’affaires congolais assassiné à Goma le 13 Mars 2008. Et sa fille Isabelle Ngezayo, ne fait que chanter depuis toutes ces années le nom de Kahimbi dans sa bouche.