Par Jimmy Sita.
Décédé le 13 février 2014, l’image de l’artiste musicien Jean Emeneya Mubiala Alias King Kester, est loin d’être effacée dans la mémoire de congolais en général et de ses mélomanes en particulier. Pour commémorer le sixième anniversaire de sa disparition, un grand concert était organisé hier jeudi 13 février à la place Beverly à Bandal-Bisengo sous le sponsoring de la Bralima, où ont presté les orchestres O.K. Jazz et Victoria Eleison Dream Team Dream Band, mais aussi le chanteur Ibrator Mpiana et Bienvenu Mbunda. Toujours à la place Beverly ce vendredi 14 février, Paty Patcheko, Chou Lay, Petit Rochereau et tant d’autres musiciens ainsi que l’orchestre Victoria, vont égayer les mélomanes.
Loin d’être un arriviste, encore moins un parachuté dans l’industrie musicale congolaise, feu King Kester fut un féru de cet art de Mozart depuis sa prime enfance. Encore aux études, Emeneya affûte en amateur, ses armes au sein du groupe ‘’Les Anges Noirs’’ de Kikwit entre 1973-1974. Lidjo Kwempa et quelques autres camarades partagent avec lui cette expérience de la jeunesse.
Pétri de talents, l’étudiant de l’Université de Lubumbashi finit par troquer la casquette de Kassapard contre celle de musicien professionnel qui lui sied, au demeurant, comme un gant. Dans la ville de Kinshasa, l’étoile du jeune chanteur qui vient de regagner en 1977, les rangs de l’orchestre Viva la Musica de Papa Wemba, d’heureuse mémoire, brille à mille lieux dans tout le Congo.
En vrai maestro, celui que plusieurs surnommaient « le grand Kisimbi » prit tout naturellement de l’ascendance sur ses compagnons : Djuna Djanana (le père de Me Gym’s), Jadot le cambodgien, Fanfan de Molokai, Espérant Kisangani (Djengaka), Maray Maray, Lusiana de mingongo, Bipoli na Nzungu et il les conduisit tel un bon capitaine en l’absence de Papa Wemba de Viva La Musica.
Cinq années plus tard, après le départ de ses compères Espérant et Jadot le Cambodgien qui sont allés créer à leur tour, l’orchestre Karawa Musica, Emeneya réaménagea les choses et créa ainsi en 1982 sa propre formation, Victoria Eleison Baptisé beaucoup plus tard « Dream Team Dream Band » (traduisez Equipe de rêve, Equipe de sage).
A la tête de sa propre formation, l’artiste démontra alors au public son immense potentiel à travers ses chansons (Nzinzi, Kimpiatu, Wilo Mondo, Préavis, Ata mpiaka, Surmenage, Every body, Nzila Velele, Mukusa, cigarette, Mabala ya commission…). Chanteur et auteur-compositeur, également meneur d’hommes assez rare parmi les musiciens de sa génération, King Kester possédait un esprit alerte et apportait à la rumba une touche particulière en y mêlant soukous et funk, l’évolution de la rumba du rythme lent à celui plus saccadé. Il compte parmi les rares musiciens congolais dont les chansons ne contiennent pas des paroles heurtant la morale et les bonnes mœurs.
L’artiste ne meurt jamais, dit-on, les chansons de King Kester garnissent encore beaucoup de discothèques.