Par Agnelo Agnade.
Dans le budget 2020, le secteur des télécommunications à travers le ministère de Poste, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (PTNTIC), les assignations sont à 453 milliards de francs congolais (plus de 275 millions USD) contre 263 milliards de francs congolais en 2019. Et dans le rapport relatif à l’examen du projet de loi de finances pour l’exercice 2020 de la Commission Ecofin de l’Assemblée nationale, il est fait mention du renouvellement des titres de licences des opérateurs Orange et Africell ainsi que de l’activation de la technologie 5G, comme source de mobilisation ou mieux d’accroissement des recettes de cette année. Ce qui est du coup faux et utopique !
En effet, selon les sources du secrétariat général de PTNITC et de la DGRAD, les sociétés Orange et Africell détiennent encore des licences qui courent jusqu’à en 2031, et ne peuvent solliciter le renouvellement de leurs titres que sur leur demande expresse. Or, cela est impossible cette année 2020 d’autant plus que la loi conditionne et rend possible cette demande expresse que deux ans avant l’expiration de la durée de la licence. Autrement dit, Orange et Africell ne pourront solliciter le renouvellement de leurs licences qu’en 2029. Donc, pas de miracle à opérer cette année pour espérer encaisser au moins 60 millions USD que générerait le renouvellement par ces deux opérateurs des télécommunications.
S’agissant de l’activation de la 5G. C’est encore une utopie. Pour la simple raison que la RDC comme la plupart des pays, ne dispose pas encore d’infrastructures appropriées pour cette innovation. Même si l’UIT a déjà disponibilisé les fréquences pour l’Afrique, l’activation de la 5G est impossible vers le second semestre de 2020 comme l’indique le rapport de l’Ecofin de l’Assemblée nationale. Cette technologie est gourmande quant à l’utilisation des capacités de transmission. Elle exige de ce fait un réseau de transmission à très haut débit fiable qui couvre l’étendue du territoire. Or, avec une fibre optique défectueuse, ramenant seulement 20 gigas alors qu’à la station d’atterrage de Moanda la capacité est de 100 gigas, et ne couvrant que 650Km, il est un leurre de parler de l’activation de la 5G en RDC en 2020.
Cependant, il y a une autre façon, efficace d’ailleurs, de maximiser les recettes dans ce secteur de télécommunications et atteindre les assignations budgétaires : c’est le contrôle de la volumétrie du trafic téléphonique et des datas. Le système fiscal congolais étant déclaratif, aucun opérateur des télécommunications ne dira jamais la vérité sur les flux téléphoniques réellement réalisés. La minorisation faisant perdre mensuellement au Trésor public beaucoup d’argent en termes des millions USD, est le système instauré depuis belle lurette. D’où le contrôle de la volumétrie du trafic par l’Etat s’avère impératif.
Il est vrai qu’à chaque fois que l’Etat congolais a cherché à contrôler la volumétrie des communications générées par les réseaux des télécommunications, les opérateurs de téléphonie s’y opposent de manière virulente et ne lésinent pas sur les moyens pour débouter l’opération. Et souvent ils graissent les pattes de quelques personnes à la Présidence de la République, à la Primature, au ministère de PTNTIC, à l’ARPTC et à l’ANR pour que ce contrôle ne soit pas institué. L’agent corrupteur qui le fait au nom de tous, confie-t-on à Scooprdc.net, serait le directeur général d’Africell dont la société est classée en première position de fraude. Il laisserait entendre à qui veut l’entendre qu’aucun contrôle ne s’effectuera sur la volumétrie des communications ; ils ont de l’argent pour corrompre. Selon certaines indiscrétions du secrétariat général de PTNTIC et de la délégation syndicale de l’ARTPC, la machine de la corruption aurait ainsi fonctionné toutes les années antérieures.
Scooprdc.net apprend que le président de la république Félix Tshisekedi a été et est toujours favorable pour un contrôle des opérateurs des télécommunications. Seulement, comme dans l’ancien régime, son entourage serait déjà acheté, confie-t-on au média en ligne. La Primature et le ministère de PTNTIC aussi. L’ARPTC, n’en parlons pas. Alors à Fatshi d’ouvrir l’œil et le bon. Rien qu’avec les recettes des télécommunications correctement recouvrées, la gratuité de l’enseignement de base qu’il a décrétée, trouvera facilement un financement sûr. A bon entendeur… !