Par Georges Ilunga.
En 2016, la Banque Centrale du Congo (BCC) place sous sa gestion la Mutuelle d’Epargne et de Crédit du Congo (MECRECO). Raison : la Mutuelle a un sérieux problème de liquidités et ne sait pas servir ses membres. Et pour remédier à cette crise de la trésorerie, la BCC met en place un Comité d’Administration Provisoire (CAP), composé de 7 experts, dont 6 basés à Kinshasa et 1 à Goma, en remplacement de 104 dirigeants de MECRECO disséminés à travers le pays. Ainsi installé en octobre 2016, le CAP a pour mission de redresser en 45 jours MECRECO en difficultés. Constat : trois ans et trois mois après, le CAP n’a pas redressé cette structure de micro-finance. Au bas mot, il broie du noir. Ce que dénonce le Collectif des Membres pour la sauvegarde de MECRECO.
En effet, dans une lettre adressée au premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba avec ampliation au ministre des Classes Moyennes, Petites et Moyennes Entreprises, Artisanat, le Collectif des Membres pour la sauvegarde de MECRECO mentionne : « …sans avoir réussi cette œuvre de redressement, le CAP serait, depuis trois (3) ans, en train de liquider systématiquement la MECECO, notamment par des ventes des maisons et parcelles, des licenciements massifs du personnel, ainsi que es fermetures de certains MECRE et agences. La situation actuelle de la MECRECO étant devenue plus que préoccupante, nous sollicitons l’intervention de sauvegarde de la part du Gouvernement ».
Réagissant à cette alerte du Collectif des Membres pour la sauvegarde de MECRECO, le ministre Justin Kalumba Muana Ngongo des Classes Moyennes, Petites et Moyennes Entreprises, Artisanat a plaidé pour cette micro-finance : « je considère que la situation actuelle de MECRECO mérite l’attention des pouvoirs publics, vu le rôle indéniable que votre institution a joué dans la réalisation de l’inclusion financière et le financement de petits entrepreneurs et des entreprises de petite taille ».
Visiblement, loin de redresser MECRECO malgré plus d’un million USD déjà injecté par la BCC dont dernier décaissement de 200 mille USD s’est fait ce mois de janvier 2020 et dont la traçabilité est floue d’autant que plus cette somme ne serait pas arrivée aux MECRE, le CAP est dans la logique de liquider cette œuvre, pourtant initiative d’un Congolais, comme il l’avait fait avec la Coopérative IMARA. Non sans raison, dans une note du 29 août 2018 référenciée n° 138, à l’attention du gouverneur de la BCC, le président du CAP, Bope Mishamiem fait un aveu d’impuissance : « …il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il est difficile de renverser la tendance actuelle des agrégats si les efforts de redressement ne sont pas poursuivis, lesquels nécessitent des moyens financiers conséquents ».
Cet aveu est une preuve que le CAP est dirigé par des gens cupides ne pouvant jamais redresser la MECRECO, tout comme la BCC ne pourra jamais redresser une seule institution financière avec des telles pratiques d’opérations-retour. Ce qui constitue un frein à la promotion de la classe moyenne dans le pays car la BCC continue à s’en prendre à d’autres institutions de micro-finance qu’elle ferme intempestivement au lieu de laisser le Ministère des PME et celui de finances de les accompagner pour en faire pour en faire des solutions de promotion de la classe moyenne dans le pays.
Le Collectif des Membres pour la sauvegarde de MECRECO estime que le redressement de cette structure est possible dans le contexte actuel si elle est remise à ses propriétaires, de surcroît entrepreneurs congolais. Le problème de liquidités connu n’était pas dû, explique-t-on, à la mauvaise gestion, mais plutôt aux retraits massifs des épargnants en 2016, craignant les troubles de suite de non organisation des élections et préférant garder leur argent au Rwanda et en Ouganda. Aussi, ces retraits massifs étaient dus à la mauvaise gestion de la monnaie électronique par la BCC. En effet, les institutions de micro-finance et les sociétés de transfert d’argent avaient brutalement perdu leurs clients. Comme la STC était établie dans les MECRE, les membres avaient retiré leurs épargnes, croyant que les MECRE étaient en cessation de paiement.
Mais le contexte ayant complètement changé, MECRECO peut être redressée du fait qu’elle dispose d’un patrimoine immobilier de plus de 8 millions USD et des dettes auprès de tiers de plus de 17 millions USD que le CAP ne parvient pas à recouvrer.