Après sa visite pastorale dans la partie Est de la RDC au Diocèse de Butembo et Beni du 27 au 31 décembre, Fridolin Ambongo, Archevêque métropolitain de Kinshasa a été face à la presse ce vendredi 3 décembre 2020. C’était dans la salle des conférences du complexe scolaire Monsengwo, où le prélat catholique a tenu à de partager les grandes lignes de ce qu’a été sa tournée. « Le constat est amer », a-t-il laissé entendre. Au regard des actes des violences et massacres que subissent les populations de ce coin, le prélat catholique soutient mordicus qu’un plan de balkanisation de la partie Est de la RDC est en marche. C’est pourquoi, il invite le gouvernement à sensibiliser le Rwanda , le Burundi et l’Ouganda à mettre fin à ces actions de leur part, mais egalement d’arrêter de déverser les populations rwandophones venues de la Tanzanie en RDC.
« Le contexte de notre visite pastorale est la souffrance, l’atrocité, l’angoisse que vivent les populations de l’Est de la RD Congo et qui crient au secours à tous ceux qui peuvent les entendre pour leur venir en aide. Le climat général est caractérisé par la misère, de souffrances d’un peuple traumatisé », a entamé le cardinal Fridolin Ambongo. « Mais qu’ai-je vu sur place ? Notre constat est amer », a-t-il déploré.
Après avoir sillonné l’ensemble de la Zone rouge, entre autres, Kokola, Mayimoya, Mukoko, Oicha, Mabasele, Mavivi, Mbau, Paida, Rwangoma, l’Archevêque métropolitain a constaté qu’il y a des massacres presque tous les jours et des êtres humains sont égorgés froidement pendant la nuit.
Cela engendre comme conséquences, souligne Fridolin Ambongo, le déplacement des familles par peur d’agressions. A travers les massacres à répétition perpétrées par les groupes armés, il est plus que convaincu que le plan de balkanisation est en marche. Pour mieux le démontrer, Il évoque le remplacement de la population déplacée par les populations rwandophones venues fraîchement du Rwanda ; l’infiltration de l’armée et de la population qui crée un climat de méfiance mutuelle entre la population ; mais l’ambiguïté de la Monusco et de la communauté internationale. « J’ai l’impression que ce plan concerne la partie Est du pays. Il y a un même mode opératoire à Ituri-Bunia, Butembo-Beni et à Bukavu Minembwe », a déclaré le cardinal.
Réagissant à la proposition d’Adolphe Muzito de faire la guerre au Rwanda et l’Ouganda afin de ramener la paix dans l’Est, il a indiqué que la restructuration de l’armée reste la priorité. « Il faut d’abord restructurer l’armée, la doter des moyens appropriés nécessaires ».
Des recommandations
Le prélat catholique a, à l’issu de son exposé, formulé une série des recommandations au gouvernement qui doit convaincre les pays voisins (Ouganda, Burundi, Rwanda) d’arrêter de déverser les populations rwandophones venues de Tanzanie en RDC et les sensibiliser à mettre fin à ces actions de leur part. Concernant l’axe économique et humanitaire, il leur est demandé d’organiser l’aide humanitaire (RDC et communauté internationale) car, dit-il, la situation de la population est angoissante.
En outre, Fridolin Ambongo invite le gouvernement à ne pas ridiculiser l’Armée congolaise, mais plutôt l’encourager. La partie de l’armée qui est au front doit etre soutenue en effectif et en moyens matériels et logistiques. Que les militaires soient motivés.
« Malgré ce tableau sombre , gardons espoir. Tout en exhortant les peuples victimes au courage et à ne pas perdre espoir. Je vous confie tous à l’intercession de la vierge Marie », a conclu l’Archeveque.
Dorcas N.