A peine élu nouveau rapporteur de l’Assemblée provinciale du Kongo central, vendredi 27 décembre, Papy Mambo Luamba s’est retrouvé peu de temps seulement devant les journalistes de Kinshasa venus prendre la température de la province ce, après avoir rencontré à défaut du gouverneur empêché, le vice-gouverneur, Justin Luemba. L’élu de Kasangulu qui remplace à ce poste l’honorable Nsalambi, n’a éludé à aucune question de ces journalistes qui tenaient à éclairer le Congo mais aussi le monde sur la crise politique au Kongo central née de l’affaire mimigate il y a plus de 4 mois.
« L’acte posé par les deux dirigeants (gouverneur et vice-gouverneur) a discrédité la province. Je suis au regret de constater qu’au niveau de Kinshasa on n’en fait pas mention, on passe, il faut soutenir. Non ! », déclare Papy Mambo qui précise, contrairement aux accusations du vice-gouverneur, qu’il n’y a pas de tireurs des ficelles à Kinshasa dans cette crise politique au Kongo central et que leur action est dictée par la conscience de vouloir sauver la province.
Papy Mambo qui dit venir assurer correctement la communication de l’Assemblée provinciale qui faisait défaut, révèle qu’il n’y a pas seulement le scandale sexuel reproché aux dirigeants du Kongo central, mais il y a aussi les actes de megestion, les actes de détournement. « Cette affaire de Mimie n’est que la face de l’iceberg. Le vrai problème c‘est la gestion de la province. II faut sauver la province », martèle-t-il en dénonçant l’immixtion des autorités de Kinshasa dans ce dossier.
« Atou est un gouverneur soutenu par l’ordonnance du chef de l’Etat, mais il n’a plus de légitimité au niveau du Parlement. Il est déjà parti, il n’y aura plus une autre motion pour le faire partir. Nous n’attendons seulement que la prise d’acte du président de la république », fait savoir le nouveau rapporteur de l’Assemblée provinciale du Kongo central en fustigeant l’attitude intruse du VPM de l’Intérieur, Gilbert Kankonde, dans ce dossier.
« Le vice-premier ministre (de l’Intérieur) n’est pas notre tutelle. Kinshasa a du mal à lire les textes et à les comprendre. Je ne sais pas en quelle qualité le VPM peut inviter un président de l’Assemblée provinciale à es consultations », déplore Papy Mambo qui n’a pas manqué de l’égratigner : « Quand nous, on était en 2006, 2011 en train de voter les lois, eux étaient dans des marches, ils étaient en Europe. Ils sont arrivés, ils doivent apprendre. Ils étaient distraits qu’il y avait des lois à voter ici au pays. Kankonde s’embrouille pour rien. Le problème de la province ce n’est pas la mimigate, mais la gestion. Ce qui bloque Kinshasa de prendre acte de la destitution d’Atou Matubuana, c’est l’argent du Kongo central, c’est ça la vérité ».
S’agissant de la gestion, Papy Mambo dénonce les actes de détournement d’Ato Matubuana en termes des milliards de FC. « Il y a un rapport accablant publié par la Cour des comptes. Nous allons le mettre bientôt à la disposition du public pour qu’il se rende compte de l’hécatombe financière dans laquelle la province est plongée », annonce-t-il en déplorant que certains fonctionnaires accusent 38 mois d’arriérés de salaires. Situation d’impaiement dans laquelle se retrouvent aussi les membres du cabinet du gouverneur, les ministres provinciaux et leurs collaborateurs.
Contredisant le vice-gouverneur Justin Luemba qui avance les recettes mensuelles entre 1,5 à 2 milliards de FC pour montrer la modicité des revenus de la province, Papy Mambo fait savoir que les postes de péage font entrer au moins 800 millions de FC, la DGRKC génère au moins 3 milliards de FC et que la rétrocession est de 1,5 milliards, soit au moins 5,3 milliards de FC par mois, environ 3,2 millions USD.
Il faut dire qu’actuellement cette crise entre les deux institutions provinciales du Kongo central freine le bon fonctionnement de la province. L’Assemblée provinciale qui ne jure que par le départ d’Atou Matubuana et de Justin Luemba, a même refusé de recevoir le budget 2020. De leur côté, le gouverneur et vice-gouverneur déclarent haut et fort que la démission n’est pas à l’ordre du jour et n’est pas inscrite dans leur agenda. Pendant ce temps, le président de la république censé entériner la déchéance du gouverneur qui n’a saisi aucune instance judiciaire pour protester et qui a été bien notifié par l’huissier de la justice, ne bronche. Jusqu’où ira le blocage ?
Innocent Olenga