Comme annoncé lors de sa première sortie médiatique, Adolphe Muzito, le nouveau président de la plateforme LAMUKA, accompagné de Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018 et leader de l’ECIDE ont foulé le sol de Beni ce mardi 24 décembre 2019. Devant une foule des habitants venue les accueillir, Martin Fayulu apporte un message de paix à cette population, victime des tueries et autres exactions des rebelles ADF. Dans la foulée, il tacle l’ex-président de la RDC. Pour lui, tout le mal que subissent ces habitants vient de Joseph Kabila et remet, ainsi, en cause comme d’habitude dans ses discours, la légitimité des dirigeants congolais, en l’occurrence, celle du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi.
C’est dans le but de prouver leur solidarité et d’exprimer leur compassion aux compatriotes de Beni, victimes de manière récurrente des massacres et autres exactions, que Martin Fayulu et Adolphe Muzito se sont rendus dans la partie Est de la RDC au Nord-Kivu, précisément à Beni. C’est également pour passer la fête de Noel en parfaite communion avec ce peuple que deux opposants ont effectué cette tournée. Au sujet des problèmes sécuritaires et humanitaires qui se posent dans cette partie du pays, le leader de l’Ecidé a exprimé toute sa compassion à la population. « Nous sommes là pour vous prouver l’amour du Congo pour vous. Il n’y a pas de Congo sans Beni. Il n’y a pas de Congo sans un de ces territoires. Ceux qui veulent balkaniser le pays n’arriveront pas à leur fin. Je suis triste d’apprendre qu’on tue ici », a-t-il déclaré.
« Nous n’allons pas laisser le pays mourir. Nous n’avons pas peur de la mort », a ajouté Martin Fayulu. Selon lui, le mal que subissent les habitants de l’Est vient d’un homme : Joseph Kabila. Pour cela, il préconise son installation à la tête de la République et le départ imminent de l’ancien président de la RDC. « Il n’y a qu’une seule solution. Que le président que vous avez élu soit installé. Il faut des institutions légitimes, des députés légitimes. La solution, c’est le départ de Kabila », s’est-il plaît de dire aux habitants de Beni en se questionnant : « Comment un fils du Congo peut avoir l’intention de tuer un autre fils du Congo ? ».
Cela veut dire, d’après lui, que ceux qui tuent ne sont pas les fils du Congo. Indignée après les multiples tueries qui se sont produites à Beni, l’ancien candidat à la présidentielle rejette ainsi la faute au gouvernement actuel et remet en cause la légitimité des dirigeants congolais. « Tout ce qui se passe ici, c’est parce que ne nous n’avons pas des dirigeants légitimes », a-t-il laissé entendre.
Rappelons que lors d’une conférence de presse tenue le lundi 23 décembre dernier, Adolphe Muzito avait proposé, en vue d’éradiquer l’insécurité à l’Est de la République et ramener la paix, de faire la guerre contre le Rwanda. Une proposition qui a suscité plusieurs réactions étant donné que lui-même aux affaires comme premier ministre et chef du gouvernement pendant trois ans et demi, Adolphe Muzito n’a apporté aucune solution aux problèmes d’insécurité à l’Est. D’ailleurs, c’est sous son gouvernement que les détournements des rations alimentaires des militaires aux fronts étaient constamment dénoncés sans qu’il ne pipe mot. Il avait trouvé les ADF-NALU, les FDLR, la LRA et différents groupes mai-mai et il est parti sans en éradique ne fût-ce qu’un. Il avait fini ses trois ans du lait et miel, sans mettre ses pieds à Beni dont il prétend défendre aujourd’hui les habitants.
C’est sous Muzito que le journaliste de Radio Okapi (22 novembre 2008), le célèbre défenseur de droits de l’homme Floribert Chebeya (1er juin 2010) et le congolais de la diaspora Armand Tungulu (fin septembre 2010) ont été assassinés. Ivre à l’époque du pourvoir, Adolphe Muzito n’avait ni condamné ces assassinats, ni même pas présenté de simples condoléances aux familles éplorées. Est-il franchement bien placé pour être donneur des leçons ?
Dorcas N.