C’est un discours de 40 pages, taille 14, ayant pris près de trois heures du temps que le président de la république, Félix Tshisekedi a prononcé devant les députés nationaux et sénateurs réunis en congrès, ce vendredi 13 décembre 2019, sur l’état de la nation. Fatshi y a relevé ses réalisations de 10 mois depuis sa prise de pouvoir et y a projeté une feuille de route pour la suite de mandat dont il est conscient de la redevabilité lorsqu’il dit : « …je n’accepterai pas le spectacle désolant des chantiers inachevés pendant longtemps. Car j’ai un bilan à présenter au peuple congolais ».
Seulement, celui que les adulateurs appellent « Beton », a évoqué explicitement tous les domaines (mines, agriculture, environnement, justice, budget, finances, jeunesse, éducation, santé, foncier, ressources hydrauliques et électricité, transport, habitat, tourisme, métiers et artisanat, Industrie…) en dévoilant ses ultimes ambitions, sauf pour la recherche scientifique. Pourtant, de par sa transversalité, ce domaine de la recherche scientifique est le socle du développement de tout pays qui aspire à l’émergence. Omission des rédacteurs de ce discours ou négligence de ce domaine !
A l’analyse des chercheurs, la deuxième hypothèse penche. Non sans raison, à voir seulement la part du budget national pour l’exercice 2020 que le gouvernement alloue au Ministère de la Recherche scientifique et Innovation Technologique : 0,41%, soit 64.031.746.942FC équivalant à 37.665.733USD, l’on peut déduire à peu d’importance accordée à ce secteur. Aussi, 10 ans après, le pays n’a même pas atteint le 1% du PIB à consacrer à la recherche tel qu’exigé par l’UNESCO et approuvé par les Chefs d’Etat de la SADC en 2008 dans le Protocole sur la Science, la Technologie et l’Innovation. Cette tendance à croire à une négligence du domaine vaut aussi pour le programme d’urgence de 100 jours de Fatshi comprenant 425 projets évalués à 492 millions USD dont aucun dans le secteur de la recherche scientifique.
Mais à voir les chantiers tels que Fatshi les envisage dans son discours, la contribution et l’apport des chercheurs de plusieurs structures sous tutelle du Ministère de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique, sont de grande importance. Par exemple quand le chef de l’Etat interroge : « combien d’entre nous peuvent dire avec exactitude la valeur du potentiel minier de la République Démocratique du Congo, la valeur de notre potentiel en hydrocarbures, la valeur de notre potentiel forestier ? », et par là enjoint le Gouvernement à amorcer la certification des potentialités du pays en minerais, en hydrocarbures et en ressources forestières pour, selon Fatshi, que les congolais soient capables comme les brésiliens de connaître la valeur de leurs réserves qui doivent correspondre aux titres à octroyer aux différents investisseurs. Ce travail est ni plus ni moins l’apanage des chercheurs.
De même lorsque le président de la république parle du changement climatique et émet les craintes sur les conséquences y découlant, la solution qu’il veut, proviendra des chercheurs scientifiques. « Ce changement aura des conséquences indirectes sur les champs de notre social, de notre économie, de notre politique et de notre sécurité. Les conditions climatiques extrêmes pourront menacer les récoltes et augmenter les destructions d’infrastructures, amener des inondations et des maladies infectieuses… Le gouvernement est encouragé à proposer les voies et moyens pour que nous fassions face à cette nouvelle donne qui s’impose à nous en tant que Nation et qui menace de manière très sensible les territoires et les vies de populations », s’est plaint Fatshi. Mais pourquoi alors ignorer la recherche scientifique dans son discours ? Il n’est pas tard pour rectifier le tir en accordant beaucoup d’importance à ce secteur qui impose la transversalité avec d’autres, si monsieur le président de la république veut, comme l’a-t-il déclaré, que « nous ne soyons pas demain les victimes d’une situation sans issue ».
Ginno Lungabu.