Au regard d’actes inciviques, particulièrement ceux d’intolérance et de violence aveugle, qui ont défrayé la chronique ces derniers jours, il s’avère important d’interpeller la conscience citoyenne de nos compatriotes afin que nous puissions éviter de développer des attitudes et des discours qui, dans un passé récent, ont été à la base des situations de violations massives des droits de l’homme, dont le droit sacré à la vie.
Aujourd’hui comme hier, l’arène politique demeure le terreau privilégié où germent les discours et attitudes générateurs de violations des droits humains. Nous devons veiller à son assainissement moral pour prévenir ce genre d’actes plutôt que d’attendre d’en arriver à faire des comptabilités macabres. Ce qui est malheureusement déjà le cas à Beni, en Ituri et dans certains autres coins de notre pays où l’on déplore une insécurité quasi permanente que subissent nos compatriotes de ces contrées.
La République Démocratique du Congo, comme tout Etat moderne, a ses lois. Aucun citoyen ne peut leur substituer son bon vouloir, encore moins son caprice, sous aucun alibi. Cela étant, aucun acteur politique ne peut oser dénier à un autre le droit d’exister en tant que tel ou de faire connaître publiquement ses opinions dans les conditions et limites fixées par la loi.
En démocratie, les partis adverses ne sont pas ennemis. C’est encore plus vrai pour les partis membres de la coalition au pouvoir en République Démocratique du Congo, lesquels sont sensés promouvoir la même vision fondamentale qu’ils se doivent tous de soutenir, par-delà les humeurs des uns et des autres. C’est dire qu’il nous faut un sursaut républicain, quelles que soient nos divergences épidermiques qui ne devraient pas être érigées en dogmes. Tenons-nous-en au fondamental : le développement de la RDC et le bien-être de son peuple.Toute tendance vers une dérive susceptible de générer la violence doit être découragée. Et c’est la responsabilité de tous d’y veiller, au risque d’en subir les effets à court, moyen ou long terme.
Force est de constater qu’il nous reste encore une bonne distance à parcourir sur le chemin des valeurs républicaines. Il nous faut œuvrer à la combler. Que toutes les organisations actives sur ce terrain-là trouvent en ces lignes tous nos encouragements et soient assurées de notre soutien.
On ne peut réfléchir sur la promotion des valeurs républicaines pour prévenir les abus aux droits de l’homme sans avoir à l’esprit tous les cas de violences entre communautés. Je pense particulièrement aux affrontements intercommunautaires ou interethniques dans les provinces de Tanganyika, Maï-Ndombe, Ituri et Sud-Kivu. Et les mobiles de la haine ethnique sont encore plus répugnants lorsqu’ils proviennent des intégristes qui se croient plus congolais que les autres et pensent fondés à bafouer les droits des compatriotes qui ne seraient pas suffisamment Congolais à leur goût.
Ces affrontements, non seulement occasionnent des graves atteintes aux droits de l’homme, mais compromettent également le vivre-ensemble qui sous-tend notre citoyenneté. Aussi en appelons-nous à un sursaut général d’humanité et de responsabilité citoyenne à tous les niveaux.
Articuler les droits humains à la responsabilité étatique et citoyenne, voilà le défi que nous devons relever pour garantir la concorde entre citoyens, quelles que soient leurs ethnies. Nous avons perdu de nombreux concitoyens, fauchés au nom de la haine des uns contre les autres. Nous avons enregistré un grand recul et un retard fort déplorable sur la voie du développement de notre pays, pour avoir détruit au lieu de construire, pour avoir passé le temps à guerroyer au lieu de travailler. Trop c’est trop. Ressaisissons-nous. Investissons dans la paix, plutôt que dans la haine.Faisons la promotion du respect des droits et devoirs de tous et de chacun tels que stipulés par les instruments juridiques nationaux et internationaux. C’est cela l’état de droit dans la voie duquel nous ont engagés les pères fondateurs de notre République.
Pour l’asseoir, nous devons cesser de patauger dans le désordre et l’anarchie qui, somme toute, ne peuvent profiter à personne, même pas à ceux qui en auront été les instigateurs.
Daigne l’Eternel notre Dieu accorder la paix à tous les territoires de notre pays et faire de chacun de nos compatriotes un artisan de paix.
Me André LITE ASEBEA
Ministre des Droits Humains