Conflit entre VLISCO et Monique GIESKES : qui accuse qui ?

Un différend, mieux un litige de travail oppose depuis septembre dernier la firme textile hollandaise VLISCO à son ancienne gérante au Congo, Monique Gieskes. Cette dernière s’est vu licencier, d’après l’accusation de son employeur, pour faute de gestion. Grief que réfute la victime qui parle d’une révocation cavalière et illégale pour des motifs fantaisistes dont aucun n’a été établi. Ainsi, chaque partie tire le drap de son côté dans ce dossier qui est à la fois au niveau de l’Inspection Générale du Travail, du Tribunal du Commerce et de la Cour de cassation.

Selon la version de VLISCO, madame Monique Gieske, ancienne gérante, s’est vue révoquée de ses fonctions pour faute de gestion, et en même temps, son contrat de travail a été résilié pour faute lourde. Seulement, dans la dimension judiciaire qu’a prise ce dossier, les avocats de la firme hollandaise dénoncent ce qu’ils qualifient de manœuvres peu orthodoxes de l’avocat général Bunduki du parquet près la Cour de cassation qui se serait érigé en véritable protecteur de Monique Gieskes, pourtant poursuivie pour détournement.

« Malgré les documents versés au dossier par VLISCO Sarl, l’avocat général ne semble presser pour transformer cette information judiciaire en dossier RMP », écrivent-ils dans un document intitulé « dénonciation d’une instruction partisane par le Parquet général de la Gombe dans les dossiers VLISCO Sarl », adressé au procureur général près la Cour de cassation, Flory Kabange Numbi, dont une copie est parvenue à Scooprdc.net.

Le souhait de VLISCO est de voir madame Monique Gieskes libérer sans délai la maison que la société louait pour elle et qu’elle continue à occuper. « A la fin de ses fonctions en septembre 2019, celle-ci, malgré le fait de sa révocation pour fautes graves, elle refuse de libérer le lieu. Par malice, elle s’est fait délivrer par le service de l’habitat un préavis illégal de trois mois. Sommée de libérer le lieu, par le même service de l’habitat qui s’est rendu compte à l’évidence de sa supercherie, le parquet général de la Gombe s’interpose », dénoncent les avocats de VLISCO indexant l’avocat général Bunduki qui est en train de poursuivre l’actuel gérant de VLISCO, Eric Loko, pour non-paiement des avantages sociaux de Madame Monique, à savoir les frais de scolarité de ses enfants. « L’avocat général Bunduki vient d’émettre un mandat d’amener contre le gérant de VLISCO, comme si il était le pire de criminel, dans un seul but de le contraindre à payer des sommes d’argent à cette dernière », font-ils savoir à Flory Kabange Numbi.

La version de madame Monique Gieskes recueillie par Scooprdc.net est toute autre. Pour elle d’abord, les avocats de VLISCO qui font partie du cabinet d’un homme politique fort du FCC, veulent jouer sur les vieilles pratiques d’intimidation de l’avocat général qui ne fait que correctement son travail face à la persécution très injuste d’une femme par cette firme hollandaise pour laquelle elle a travaillé pendant douze ans et a donné le meilleur d’elle-même.

« Madame Monique Gieskes a été révoquée de manière cavalière et illégale pour des motifs fantaisistes dont aucun n’a été établi. Elle n’a fait l’objet avant sa révocation d’aucune enquête contradictoire, n’a pas été entendue, ni n’a bénéficié de la possibilité d’être entendue. Des représentants de la Maison mère VLISCO ont débarqué comme des cowboys pendant que madame Gieskes était en mission à Goma, et ont profité pendant son absence de monter le coup de sa révocation », explique-t-elle à Scooprdc.net, estimant que son employeur qui la trouvait déjà beaucoup ‘’coûteuse’’ n’a fait qu’appliquer le principe de ‘’qui veut noyer son chien, l’accuse de rage’’.

« J’aime bien partir parce que mon employeur a estimé à ses yeux que je lui coûtais déjà cher, mais il y a une façon propre de faire de choses pour une séparation à l’amiable, que de fomenter un complot contre moi. J’ai donné le meilleur de moi-même pour cette société qu’elle bénéficie actuellement des avantages du gouvernement congolais, fruit de mes efforts. C’est étonnant que l’audit effectué pour l’exercice 2018 publié en juin 2019 me passe pour meilleure gestionnaire, mais trois mois après je suis révoquée pour faute de gestion. Allez-vous comprendre quelque chose ! », fait savoir madame Monique Gieskes qui s’étonne que le montant présumé détourné de 675.000USD, corresponde curieusement aux calculs de son décompte final.

Elle déclare avoir saisi le Tribunal de commerce sous RCE 6281 pour sa révocation abusive en dommages et intérêts mais également l’Inspecteur du travail pour licenciement abusif. Elle dit aussi avoir recouru au Parquet pour faire valoir la rétention par le gérant de VLISCO d’une somme d’argent destiné aux paiements des frais de ses enfants et que celui-ci détient par dévers lui sous couvert de chantage lié à l’occupation par elle du logement de fonction ; Alors que les deux obligations ne sont pas liées. « Madame Monique n’a jamais souhaité résider indéfiniment dans ce logement mais elle bénéficie légalement d’un délai raisonnable équivalant à celui du préavis pratiqué dans la ville de Kinshasa pour se trouver un autre logement, telle que par ailleurs VLISCO l’a toujours pratiqué pour ces agents », confie-t-elle au média en ligne.

Et d’ajouter : « Privée de mon décompte final, mes enfants privés de leur droit de scolarité pourtant une clause contractuelle d’avant leur révocation, sommée de libérer la maison dans 72 heures par une décision de revirement spectaculaire de mêmes services de l’urbanisme qui avaient dans un premier temps reconnu ce droit au préavis dans une lettre, mais m’ont sans élément nouveau adressé une nouvelle lettre me demandant de quitter le logement sous 72 heures alors que le préavis court encore, comment voulez-vous que le Parquet cautionne un tel comportement des agents de l’Urbanisme constituant une atteinte aux droits garantis aux particuliers ? »

Pour madame Monique Gieskes, le nouveau gérant de VLISCO,  monsieur Eric Loko, ne respecte pas les institutions congolaises. Le mandat d’amener à son endroit s’expliquerait, estime-t-elle, par son refus de se présenter aux trois invitations du Parquet. « Il est quand même étonnant de constater que monsieur Loko qui est informé de l’existence d’un mandat d’amener contre lui, plutôt que de se présenter devant la justice pour expliquer sa position, préfère s’agiter dans la presse et porter atteinte aux magistrats de la République, démontrant le peu de respect qu’il a pour la justice congolaise (NDLR : Eric Loko est béninois) », déplore Madame Monique Gieskes.

Considérant son sort comme une pure persécution, elle lâche à Scooprdc.net : « C’est le sort réservé à la femme, au moment où en 2016, la  RDC ratifiait le code de la famille pour renforcer le droit de la femme, certains esprits antiféministes gardent une posture réfractaire à cette évolution… Après le bruit qui court sur la fronde contre Jeanine Mabunda, c’est l’ancienne gérante de VLISCO qui vit quasiment dans une prison ouverte, dénuée du moindre droit à la présomption d’innocence au grand dam des objectifs de la dynamique vers l’état de droit, cher au président de la République Félix Tshisekedi ».

Innocent Olenga.

  • Bendélé Ekweya té

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