Par son arrêté pris le 30 novembre dernier, le gouverneur du Kasaï central a débaptisé certaines avenues de la ville de Kananga. C’est ainsi que par exemple l’avenue du commerce devient Félix Tshisekedi Tshilombo, l’avenue Uvira se nomme désormais Meta Sankulu, l’avenue Kinkole est gommée au profit de l’avenue François Lwakabuanga…
D’après les proches de Martin Kabuya, c’est une manière de valoriser les grandes personnalités de la province mais aussi du pays. Mais seulement, son action est négativement critiquée dans l’opinion. Loin d’un quelconque honneur comme le penserait le gouverneur, beaucoup y voient par contre le déshonneur total envers ces personnalités. Comment pense-t-il honorer le président Félix Tshisekedi par exemple avec une avenue totalement défoncée, mieux en lambeaux ? Kabuya est-il aussi fier de l’ex-avenue Macar coupée en deux en plein centre ville mais débaptisée Dr Étienne Tshisekedi ?
»C’est une drôle façon de faire honneur aux grandes personnalités politiques », réagit un notable de Kananga qui estime que Kabuya aurait dû créer de nouveaux quartiers, de nouvelles routes susceptibles de porter les noms de ces grandes personnalités. Autrement, son acte est tout simplement perçu comme politiquement flatteur mais malheureusement inopportun et aux conséquences néfastes.
Inopportun du fait que ces nouvelles appellations peineront à être utilisées. Non sans raison, l’expérience à Kinshasa tout comme à Kananga l’a démontré. Il est difficile aux Kinois attendant le transport de dire aux taximen qu’ils vont sur avenue Libération, la nouvelle appellation depuis plus de 15 ans de l’avenue 24 novembre. Tout comme Bokassa et Tombalbaye ont du mal à céder la place à Luambo Makiadi et Tabu Ley. De la même façon chez Martin Kabuya à Kananga, les habitants de cette ville ont peiné à s’adapter à l’appellation de Shabunda que le régime Mobutu avait donné à l’avenue Macar, devenue sous Kabuya, Dr Étienne Tshisekedi.
Le comble est que ce le gouverneur ne réalise pas que son acte politiquement flatteur, a malheureusement des conséquences juridiques néfastes. Sans s’en rendre peut-être pas compte, le changement des appellations des avenues obligera beaucoup des personnes à renouveler leurs documents (certificat d’enregistrement, pièces d’identité, cartes de visite, papier en-tête, …). Et tout cela demande une bourse.
Question : pourquoi vouloir faire du neuf avec du vieux ? Y avait-il vraiment opportunité de changer les noms des avenues ? L’Assemblée provinciale du Kasaï central est interpellée. Elle devra se saisir de ce dossier parce qu’il est évident que le gouverneur Martin Kabuya a posé son acte sans passer par elle pour avoir l’aval.
Georges Ilunga.