C’est au cours d’une messe solennelle dite, ce dimanche 17 novembre au stade de martyrs de Kinshasa, à l’occasion de son élévation à la dignité cardinalice, que l’archevêque métropolitain de Kinshasa, Fridolin Ambongo a, pendant son homélie, fait tel un procureur un réquisitoire, en même temps un plaidoyer en direction des autorités pour améliorer la situation du vécu quotidien des congolais. Ces derniers étaient venus d’ailleurs en nombre important pour écouter ce prélat très atypique, ce, en présence du chef de l’Etat Félix Tshisekedi en cette journée mondiale dédiée aux pauvres.
Les propos du cardinal sonnent comme un mémorandum, une prière et un vœu, car il (l’archevêque) est parti de la situation précaire de la population pour la mettre face à ses responsabilités, accusant tout un chacun y compris lui-même d’arrogance ayant conduit à la déliquescence de la société congolaise. Voilà pourquoi, le cardinal a préconisé une introspection de manière à ce que chacun se débarrasse de cette attitude négative. Très politique, l’archevêque de Kinshasa n’a pas eu besoin d’une transition dans son discours pour s’attaquer aux politiques en se référant aux différents passages de la bible : Malachie, Luc, Théssaloniciens pour recadrer la classe politique qu’il accuse de s’adonner à des querelles inutiles au lieu de privilégier l’intérêt supérieur du peuple.
« …Chers frères et sœurs, lors de la soirée qui nous a réuni à Rome, tout le monde était frappé de la cohésion qui a régné entre les fils et filles du Congo autour du cardinalat…., ce bel exemple de cohésion et de communion grâce à Dieu continue encore à se manifester jusqu’aujourd’hui. Il n’est pas normal que dans ce contexte de cohésion, qu’il y ait encore de frères et sœurs qui puissent se quereller autour de futilités. Le peuple est fatigué de querelles politiciennes complètement inutiles. Le temps de querelles est révolu. Il y a de nouveau responsables …Le sens de responsabilité veut que nous mettions de côté nos petits intérêts partisans et égoïstes pour se concentrer sur l’avenir de notre peuple qui n’a que trop souffert… », a dit le cardinal.
En réalité, le prélat catholique a fait un discours qui peut facilement être assimilé à un vade mecum pour les décideurs. Aussi, cette mine de coltan qu’est cette homélie pour le média fera encore couler beaucoup d’encres et de salives de par la richesse de son contenu. De la situation humanitaire en passant par l’insécurité à l’Est et la maladie à virus Ebola, le cardinal n’a épargné aucun secteur de la vie nationale. Il a loué de manière particulière les efforts du professeur Muyembe dans la lutte contre Ebola et a exhorté le gouvernement a s’impliquer d’avantage pour la réussite de la gratuité de l’enseignement de base.
Quant à Félix Tshisekedi qui revenait fraîchement de l’Allemagne, a eu de mots justes pour remercier le cardinal, sollicitant son appui dans les efforts qui seront entrepris pour l’avancement de choses. Une jeep neuve a été offerte à l’officiant du jour qui en a profité pour tacler tous ceux qui, auparavant lui avant promis de choses sans le réaliser (NDLR : le régime Kabila lui avait promis et annoncé un véhicule lorsqu’il a été élevé au rang d’archevêque de Kinshasa par le pape, mais il n’a jamais vu ni obtenu ce don présidentiel), thème avec lequel il a débuté son sermon du jour.
Nzakomba