Réunie à la Haute Cour Militaire pour la suite du procès ministère public contre Dolly Makambo, dans l’affaire du meurtre de l’administrateur gestionnaire de l’hôpital Vijana de Lingwala, l’opinion a dû rester sur sa faim, car Théodore Ngoy l’un des avocats de l’accusé a tout simplement récusé la composition des juges de cette juridiction, estimant qu’ils ont torpillé le droit de la défense.
En effet, ce lundi 4 octobre 2019 devait avoir lieu la suite du procès Dolly Makambo à l’issue de laquelle un témoin très attendu à la clef devait comparaître, à savoir le général Sylvano Kasongo, Commissaire provincial de la police de Kinshasa comme renseignant.
Rendez-vous manqué. Eh oui, car l’audience a connu une impasse par le fait que la partie défenderesse par Théodore Ngoy a récusé la composition du Tribunal.
« En tant que humain et pasteur, je compatis à la disparition de l’administrateur général de l’hôpital Vijana. Il faut que les auteurs de ce crime soient jugés mais nous ne voulons pas que cela aide à faire un procès politique pour mettre hors d’état de nuire un adversaire politique, ici Dolly Makambo », a confié en Lingala Me Théodore Ngoy qui fait partie de la défense du ministre provincial de l’intérieur qui soutient que « la procédure de flagrance n’est pas bonne. Elle vient de l’ordonnance-loi de 1978 émise par le Président Mobutu qui avait de la sorte instrumentalisé la Justice pour faire arrêter ses adversaires politiques. Mais, à présent, nous disposons de la Constitution qui consacre le droit à la défense. Ainsi, après avoir été contacté par Dolly Makambo qui m’informait être sujet à une procédure de flagrance, je suis venu pour aider le pays, la Justice, le président de la République afin qu’il y ait un procès équitable ».
Ce pasteur-avocat dit constater dans le chef des juges en charge de l’affaire, une inimitié à l’endroit de son client. Pour lui, jusque-là les griefs mentionnés dans le dossier en charge contre Dolly Makambo ne sont pas clairement établis et violent ses droits de défense. « Les avocats n’ont même pas eu accès au dossier », révèle-t-il en soutenant que l’Auditorat n’a pas habilité à juger Dolly Makambo qui est civil.
« Depuis la signature du statut de Rome, notre pays a incorporé la ratio legis de ce dernier avec notamment comme conséquence qu’un civil même co-auteur d’une infraction avec des militaires ne peut être jugé par une juridiction militaire », a fait savoir en substance Me Ngoy.
Par ailleurs, l’homme garde entre la gorge le fait que sa requête en inconstitutionnalité ait été rejetée en ce sens, sans le dire clairement en scandant : « compte tenu de tous cela, nous avons récusé la composition actuelle ».
Toutefois, pour la partie civile et le parquet, les positions que prennent la partie défenderesse ne sont que manœuvres dilatoires. L’audience reprendra le mercredi 6 novembre pour que la récusation soit statuée d’abord. Il faudra noter que Dolly Makambo jusque-là est en résidence surveillée.
Danny Ngubaa