Plus de 3 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année dans le monde à cause de malnutrition, et 159 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent à cause de cela d’un retard de croissance. Au Sud-Kivu, l’Institut Français de Bukavu a organisé le week-end dernier une conférence-débat autour de la sous-alimentation avec les partenaires qui interviennent dans ce domaine et les membres du gouvernement provincial.
Selon Kabwika Lekwa, assistant au Pronanut à la division de la santé, plus de 75% des enfants sont pris en charge cette année avec un taux de guérison estimé de 86% à 97%. Parmi les causes de la malnutrition, il cite l’environnement détruit, le manque de route, l’insécurité à tous les niveaux et qui occasionnent l’exode rural. Kabwika Lekwa donne des interventions à mettre en place pour mettre fin à ce fléau, c’est notamment : l’allaitement maternel exclusif, l’allaitement de compliment, avoir de l’eau potable, une bonne hygiène et la supplémentation en zinc.
Dans sa présentation, Moussa Issa Lende, chef de projet Nutrition à l’Intersos/Sud-Kivu, explique que, dans l’intervalle de 5 ans, soit de 2013 à 2018, le taux de la malnutrition a baissé de 5%, soit de 53% en 2013 à 48% en 2018. Malgré ces efforts, les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans sont plus frappés par la malnutrition qui les affecte à ½%.
Vu la gravité de la situation au pays et plus particulièrement au niveau de la province du Sud-Kivu où 48% de la population souffre de la malnutrition chronique, Moussa issa recommande aux autorités compétentes de restructurer la politique nationale en matière de l’agriculture (gestion et valorisation des terres arables), pêche et élevage afin de permettre à la population d’accéder à une alimentation saine et équilibrée.
Mamy Masimane, chef de division du genre, Famille et Enfant, au cours de cette conférence-débat explique que sur 1902 détenus de la prison centrale de Bukavu jusqu’au 23 octobre, 325 souffrent de la malnutrition aiguë et sévère.
« Ce qui est très choquant c’est de voir que dans la prison centrale il y a des nourrissons, des femmes allaitantes et des mineurs qui sont soumis à une alimentation comme des adultes et qui n’est pas saine. Une situation très choquante et étonnante c’est de voir le CICR se désengager de la charge des malades à la prison centrale sans prendre des mesures de prévention ».
Elle déplore la situation dans laquelle se trouve les détenus de la prison centrale de Bukavu, pourtant ils ont droit à la santé même en étant prisonniers. « Avec une population carcérale de 1902 dont 1659 en observation, la Prison Centrale de Bukavu compte 47 femmes et 11 nourrissons, 47 mineurs parmi eux deux jeunes filles. De ce chiffre, 325 souffrent de la malnutrition aiguë et sévère, il y a des femmes qui sont venues avec leurs bébés et d’autres ont accouché là-bas. L’âge de ces enfants varie entre 2 mois et 3 ans. C’est une situation très choquante car ces enfants sont soumis à une alimentation comme des adultes et qui est rare », a-t-elle dit.
Cependant, elle regrette que plusieurs organisations non gouvernementales soient financées pour intervenir dans ce domaine mais curieusement les prisonniers meurent de faim. A cette occasion les enfants reporters et parlementaires du Sud-Kivu en collaboration avec le Réseau des Journalistes Amis de l’Enfant (RJAE) ont projeté un extrait d’un film, où ces derniers demandent aux autorités provinciales de prendre un arrêté interdisant la vente des aliments supplémentaires pour les malnutris dans des marchés de la place, et qui sont consommés par ceux qui sont en bonne santé. Chose que le RJAE condamne.
Dans son innervation, la coordinatrice adjointe du RJAE, Alphonsine Ndibu, explique le pourquoi de leur implication dans ce film. « L’objectif était de dénoncer le détournement des aliments supplémentaires pour le malnutri. Nous avons par cet acte interpellé les autorités, mais aussi informer la population que ces aliments c’est pour les enfants malades (malnutris) et qui ont des conséquences néfastes pour ceux qui sont en bonne santé », dixit Alphonsine Ndjibu.
Elle appelle le gouvernement congolais à la prise de conscience et de comprendre que la malnutrition est une réelle menace pour la santé de la population au pays et qu’il faut le combattre en mobilisant plus des ressources nécessaires à la disposition des intervenants dans ce secteur.
Rappelons que le monde entier célèbre le 16 octobre de chaque année la journée internationale contre la malnutrition, et le thème pour cette année est « agir pour l’avenir, une alimentation saine pour un monde faim Zéro »
La Rédaction