Lors d’une interview accordée à une consœur de la Radio France internationale et diffusée ce samedi 5 octobre, l’archevêque de Kinshasa, élevé au rang de cardinal affirme que le Congo ne doit pas faire table rase du passé car, dit-il, la RDC souffre à cause de l’impunité et de la corruption généralisée érigées en système de gouvernement.
Reconnaissant qu’il lui est difficile d’interpréter la volonté du pape François qui l’a élevé au rang de cardinal, Monseigneur Fridolin Ambongo estime quand même que son choix par le Saint père est un message pour l’orientation de l’épiscopat Congolais à côté de son peuple ; un peuple qui souffre, dit-il. « C’est aussi la reconnaissance du travail de l’épiscopat congolais, mais en même temps aussi de mon engagement personnel en tant que pasteur pour cette cause. Au delà du Congo, je pense que c’est un message pour l’Afrique », déclare-t-il en ajoutant que l’église doit prendre parti pour son peuple.
Aussi, Monseigneur Ambongo a exprimé entre autres le vœu de voir l’église travailler en collaboration avec l’Etat pour le bien de la population, et que la conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), continue avec sa ligne pastorale qui remonte déjà à très loin. La CENCO, selon Ambongo devra avoir un parti-pris pour le peuple, tant que le peuple congolais souffrira, comme il souffre aujourd’hui.
Sur la présence du chef de l’Etat à la cérémonie de son élévation, l’archevêque de Kinshasa dit : « …je félicite le président Félix, qui a pris la décision, il me l’a dit lui-même à Kinshasa, qu’il sera là, et je crois qu’il tiendra sa parole et je ne peux que saluer. Et pour moi, c’est un bon signe qui indique que demain, nous devons collaborer avec le président de la république, c’est-à-dire l’Etat Congolais et l’église catholique à travers son cardinal, à travers l’épiscopat congolais, pour le bien général du peuple congolais »
Quant au passé, le prélat se veut pédagogue et ferme : « bien que l’église doit faire vivre le peuple dans l’espérance de l’avenir, cette espérance ne doit pas être une espérance béate. Nous devons tirer les enseignements des erreurs du passé, pour pouvoir corriger d’aujourd’hui et préparer l’avenir. C’est pourquoi on ne peut pas faire tabula rasa sur le passé. On tire les enseignements des erreurs du passé pour mieux orienter l’avenir ».
Quant à la moralisation de la vie politique, monseigneur Fridolin Ambongo pense qu’il faut en plus de la pédagogie, y joindre la sanction pour tous ceux qui se rendent coupables. Car dit-il, ce qui a détruit la RDC, c’est l’impunité. Pour cela, il interpelle indirectement le président de la république à pouvoir sanctionner les auteurs de la corruption active et passive.
Concernant l’environnement, Fridolin Ambongo souhaite que le Synode qui s’est ouvert pour la problématique de feu de forêt en Amazonie, se penche également sur la forêt équatoriale, car ces deux forêts subissent les mêmes conséquences. En parlant de l’Amazonie, monseigneur Ambongo pense qu’on aborde indirectement aussi la cause de la forêt du bassin du Congo.
Danny Mangbau