La date du 19 septembre 2016 est difficilement oubliable dans les têtes des Congolais en général et particulièrement des Kinois qui ont vu certains d’entre eux tomber sous les coup de balles réelles tirées par les forces de l’ordre, alors qu’ils marchaient pacifiquement pour réclamer la convocation du corps électoral et le respect du calendrier électoral.
Parmi ces Congolais qui n’oublient pas ce drame figure l’opposant Moïse Moni Della, président du parti Conservateurs de la Nature et Démocrates (CONADE). « Je suis témoin oculaire et oraculaire et un rescapé des massacres à grande échelle qui ont été perpétrés ce jour-là. J’ai même été arrêté », témoigne-t-il.
D’après cet opposant au régime Kabila, contrairement au bilan officiel avancé de 17 morts, il y avait selon lui au moins 100 morts. « Le chiffre que je donne, j’ai des témoignages, j’ai des preuves. C’est pour cela que je n’ai même pas hésité de porter plainte en bonne et due forme contre monsieur Kabila, le général Tango Four, Boshab Evariste et l’actuel procureur de la République à la Cour Suprême de Justice parce que c’est un crime contre l’humanité et il est imprescriptible », déclare ce jeudi 19 septembre 2019, Moïse Moni Della à Scooprdc.net. Il dit avoir saisi en même temps la Cour Pénale Internationale (CPI) et nombreuses ONG de Droits de l’homme tant nationales qu’internationales.
Pour le président de CONADE, oublier ces massacres est un sacrilège que le président Félix Tshisekedi ne peut pas se permettre. « Je ne peux pas comprendre que Félix Tshisekedi aujourd’hui président de la république puisse demander la levée des sanctions contre ceux-là qui ont perpétré ces massacres, qui ont commis des crimes politiques et économiques ! C’est grâce à la lutte menée par les gens que Kabila a tués qu’aujourd’hui on parle de l’alternance. Ils ont payé de leur sang », déclare-t-il. Et d’ajouter : « Il faut une justice ne fût-ce pour honorer la mémoire de toutes les victimes de l’alternance dont bénéficie aujourd’hui Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ».
Moni Della rappelle que ce jour-là, outre les tués de la journée, les sièges de l’UDPS, du MLP et de Fonus ont été incendiés la nuit et le sien saccagé. A l’UDPS il y a eu même des personnes calcinées. « Faut-il passer l’éponge sur tous ces crimes au nom de la coalition CACH-FCC ? », s’interroge Moni Della qui se répond immédiatement lui-même par le négatif.
Ginno Lungabu