Partagés entre soucis et stress, c’est tout de même le sentiment de joie de retrouver leur pays après deux ans de refuge en Angola qui domine les cœurs de ces congolais spontanément retournés par Kalamba Mbuji, cité frontalière située à plus de 250 km de la ville de Kananga en territoire de Luiza.
Évalués à plus de 6000 jusqu’ici par les services congolais de migration à la frontière qui les accueillent, c’est depuis le 22 août dernier qu’ils ont accepté de sécher le camp des réfugiés de Lova et franchir les limites du territoire angolais. Parmi eux, les femmes et les enfants.
Le gouverneur du Kasaï Central, Martin Kabuya Mulamba Kabitanga, a accueilli dans cette cité le mercredi 28 août dernier ses compatriotes ayant fui les faits d’insécurité qui ont secoué les provinces de l’espace Kasaï. Sur place face aux retournés, le chef de l’exécutif provincial du Kasaï central au chevet de ceux dont la vulnérabilité est lisible sur le front, a partagé son souhait de les voir rentrer et participer à l’effort de la reconstruction nationale, déjà entamé.
« Nous n’avons pas vocation de créer un autre camp de réfugiés ici, vous êtes congolais et êtes rentrés dans votre pays. On apprête les véhicules pour conduire chacun dans son milieu d’origine que vous soyez de Demba, Luiza, Kazumba, Dimbelenge, Dibaya ou même de Kananga… S’il yen a qui veulent s’établir à Kalamba Mbuji, ils sont libres, personne ne vous tracassera sur la terre de vos ancêtres », leur a dit Martin Kabuya en invitant en même temps tous les centre-kasaïens à la solidarité et l’unité. « Le président de la république est contre le tribalisme, le népotisme et autres anti valeurs comme la corruption, le clientélisme. Vos frères qui viennent, recevez-les comme compatriotes », a-t-il déclaré.
L’accueil du gouverneur très salué par les retournés, est entendu comme un réconfort et certains d’entre eux ne se sont pas retenus à louer le geste et d’autres à penser à l’après rapatriement. « Nous remercions Dieu et nos autorités, notamment le gouverneur Martin Kabuya et le président Félix Tshisekedi qui nous ont sortis de la captivité où nous étions, je ne sais quelle joie exprimée quand je revois aujourd’hui mon pays », a lâché une dame interrogée au pont sur la rivière Kasaï, limite naturelle entre le Kasaï central et la province angolaise de Lunda Norte.
A un autre réfugié de renchérir : « Nous avons tout perdu, certains n’ont pas de famille chez nous, maintenant que nous sommes rentrés, notre Etat doit penser à nous en nous cherchant quelques jobs ».
Un groupe de femmes réfugiées s’est s’adressée directement à Denise Nyakeru Tshisekedi, première dame de la république : « Nous n’avons plus rien, nos maris ont été tués pendant la guerre. Maman Denise, aïe pitié de nous ! Comme tes sœurs et enfants, nous avons besoin de ton assistance »
La cité de Kalamba Mbuji n’aura été qu’un site provisoire d’accueil, le gouverneur Martin Kabuya a très rapidement autorisé l’embarquement et l’acheminement de ces ex-réfugiés vers leurs milieux d’origine, après qu’ils ont touché chacun une enveloppe.
Van Frédéric Tshilanda