La Table ronde sur l’éducation de base qui s’est tenue pendant trois jours à Kinshasa, s’est clôturée samedi 24 août dernier. Les 225 participants venus de la Présidence de la République, du Gouvernement (ministères de la Fonction publique, de Finances, du Budget et de l’EPSP), des gouvernements provinciaux (ministres de l’enseignement), des syndicats des enseignants, de la société civile, des confessions religieuses ainsi que des partenaires techniques et financiers, loin de se limiter à la seule question de rémunérations des enseignants et de frais de fonctionnement des écoles et des bureaux gestionnaires, ni à la seule dimension d’accès à l’école, ont poussé la réflexion pour prendre en compte les effets induits de l’application de cette gratuité sur le terrain afin d’en garantir la pérennité et la qualité des apprentissages.
Par les effets induits, il faut entendre la pléthore des effectifs d’enfants à scolariser, la nécessité d’améliorer la capacité des conditions d’accueil dans les écoles, le recrutement et la formation de nouveaux enseignants et le suivi de proximité de la mise en œuvre de cette gratuité.
Et pour la réussite de cette gratuité voulue opérationnelle dès la rentrée scolaire le 02 septembre prochain, la Table ronde recommande, non seulement que le gouvernement prenne en charge les enseignants débout et assis non payés et les nouvelles unités, mais qu’il améliore aussi les salaires de tous les enseignants. En plus, il devra généraliser et revaloriser les frais de fonctionnement à toutes les écoles d’éducation de base et à tous les bureaux gestionnaires.
Parmi d’autres recommandations faites au gouvernement, on note : la revalorisation de la prime d’itinérance des inspecteurs et l’instauration d’une bourse au profit des enseignants des milieux ruraux ; l’octroi des primes de diplôme aux enseignants pédagogues et d’une prime de technicité aux enseignants des écoles techniques et professionnelles ; le recrutement des inspecteurs et de nouveaux enseignants.
Conscient du poids et du volume de l’enveloppement qu’exige cette gratuité de l’enseignement de base, soit près de 2,6 milliards USD pour l’année budgétaire 2020, la Table Ronde propose que soient instaurées une taxe sur les ressources naturelles en faveur de l’enseignement et une taxe de solidarité pour l’éducation en plus des ressources budgétaires. Et au sujet de la dernière taxe dite de ‘’solidarité’’, certains analystes souhaiteraient qu’elle soit par exemple incorporée dans la structure du prix du carburant et de la bière. Le gouvernement a déjà cette belle expérience pendant plus de cinq ans avec la société Transco qui reçoit des subventions en terme de carburant et lubrifiant grâce à la quotité insérée dans le prix du carburant vendu dans toutes les stations-service de la ville de Kinshasa.
Quant au ministre intérimaire de l’EPSP, Emery Okundji, qui a clôturé les travaux de cette Table ronde, il avoue que la tâche qui attend le Gouvernement est encore ardue. Avec un taux de croissance démographique annuelle de 3%, la pression deviendra de plus en plus grandissante aussi bien pour l’Etat que pour d’autres partenaires éducatifs, dit-il. Mais avec la conjugaison des efforts par tous pour accompagner la vision du président de la République, Félix Tshisekedi, très déterminé dans son action, cette gratuité sera une réalité et non un slogan.
Comme pour en donner le go, les chefs d’établissements scolaires publics ayant déjà perçus les acomptes des frais scolaires, sont sommés de les restituer au risque de se voir sanctionnés.
Somme toute, Emery Okundji se réjouit de la feuille de route (actions à mener, leur timing et la responsabilité de chacun) ainsi que du mécanisme de suivi (de la base jusqu’au sommet) élaborés par la Table ronde en vue la réussite de la gratuité de l’enseignement de base l’année scolaire qui commence.
Owandi.