Fonctionnant déjà difficilement malgré la subvention du Gouvernement en carburant et lubrifiant, la Société de Transport au Congo (Transco) est en train véritablement d’agoniser. Les agents de cette société vantée comme l’un des symboles propagandistes phares de la Révolution de la modernité, déclarent que « après quatre longues années d’une gestion très opaque du DG Michel Kirumba, c’est au tour de l’actuel DG Blackson Banzi de prononcer ce qui se ressemble à une oraison funèbre de Transco ».
Ils en veulent pour preuve le communiqué du samedi 12 juillet dernier affiché à la Direction Générale à travers lequel, Blackson Banzi fait tacitement des aveux sur la situation chaotique et désastreuse de la trésorerie de l’entreprise pour justifier son incapacité de payer la quinzaine aux dates prévues. « Une première pour lui ! », s’étonne la source de Scooprdc.net précisant que ledit communiqué a suscité des réactions parmi les agents qui sont sans doute convaincus que désormais l’avenir de la société s’annonce sombre et très hypothétique.
Mis à part les soupons de mauvaise gestion (au moins 150 bus prennent en charge plus de 3500 agents), deux facteurs majeurs contribuent à la descente aux enfers de Transco : le prix de la course et les sauts de mouton qui viennent depuis trois mois lui donner les coups d’achèvement. En effet, société de l’Etat privée de subventions conséquentes pour son fonctionnement en dehors du carburant et lubrifiant, Transco ne vit que de ses recettes journalières. D’où la moindre perturbation du trafic sur le réseau d’exploitation, a une incidence énorme au niveau de la caisse et sur la rémunération des agents. Surtout que le prix de la course imposé à 500FC pour toutes les destinations au 30 juin 2013, n’a jamais favorisé la rentabilité depuis la création de la société.
A ce jour, ce tarif qui représentait 0,5USD est devenu insignifiant et très dérisoire étant donné que 0,5USD équivaut à 800FC. Si l’on reste dans la logique de la monnaie américaine, Transco perd plus de 300FC sur chaque billet. Economiquement, ce manque à gagner de plus de 50% sur chaque billet est énorme mensuellement pour une société de transport en commun. « D’ailleurs dans ce domaine, nous sommes l’unique pays peut-être en Afrique ou au monde qui a le prix du transport en commun le plus bas au kilomètre », Onésime Pitchou Madilu, un ancien technicien d’exploitation de Transco.
Alors que la problématique de la rentabilité due au faible prix de la course n’est pas résolue, les embouteillages causés par la construction des sauts de mouton sur le Boulevard Lumumba viennent compliquer davantage le trafic et amenuisent sensiblement les recettes. Non sans raison, 3/4 des 130 ou 150 bus encore en état sur les 500 du départ exploitent ce Boulevard Lumumba pour servir la Tshangu avec plusieurs lignes (L1 Kingasani-Commerce ; L7 Pascal-Fonction Publique ; L15 Kinkole – De bonhomme, L25 Mikondo – SONAS, L27 Kingasani -Intendance. « Ceci ne permet donc plus aux bus de respecter leur temps de parcours et les nombres des rotations prévues par vacation. Même les roulements sont bouleversés », se lamente cet ancien technicien d’exploitation de Transco qui insiste que sans une subvention régulière de l’Etat, la société ne pourrait rien faire dans ces conditions. Surtout que l’inauguration de ces sauts de mouton est prévue en décembre prochain comme cadeau de noël aux Kinois. Oui, cadeau de noël mais c’est sans compter sur la rentrée scolaire en septembre…
A défaut de cette subvention conséquente, Onésime Pitchou Madilu propose que l’Etat ramène tous les salariés de Transco dans le compte du Trésor public comme agents de carrière. Cela permettra de couper, estime-t-il, la dépendance directe de la société aux seules recettes réalisées. Aussi, l’amortissement des 500 bus ayant été prévu pour 2018, le Gouvernement devra penser au renouvellement du charroi automobile.
Quant à la gestion, l’ancien technicien d’exploitation de Transco OP Madilu recommande, non seulement que le Gouvernement renouvelle le contrat avec la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP), firme française qui a commencé le projet Transco, mais aussi qu’il ordonne le rappel des jeunes congolais qui ont été formés par les Français et détiennent les secrets du système ou technique d’exploitation de la RATP mais qui ont été pour la plupart licenciés abusivement pour des motifs fallacieux.
Pour rappel, créée par le Gouvernement congolais pour remplacer la Société de Transport Urbain du Congo (STUC) et City-Train mais aussi éradiquer les vieux bus Mercédès 207 communément appelés « Esprit de mort » pour autant d’accidents causés journellement, Transco a été inaugurée le 30 juin 2013 avec 500 grands et minibus. Mais la société n’a jamais été capable de renouveler par sa production son charroi automobile. Plusieurs de ses bus tombent constamment en panne et on dénombre moins de 200 bus correctement opérationnels. D’où l’intervention rapide de nouvelles autorités pour sauver cet établissement public qui rend d’énormes services aux Kinois.
Ginno Lungabu.