Enième report de l’élection du gouverneur au Sankuru : ‘’il y a des manoeuvres dilatoires pour intimider et corrompre les députés provinciaux », dénonce Benoît Olamba (Interview exclusive)

Dans une interview exclusive qu’il a accordée à Scooprdc.net ce dimanche 14 juillet à Kinshasa, le président de l’Assemblée provinciale du Sankuru, Benoît Olamba, n’a pas eu sa langue dans la poche.   Il accuse la CENI de manœuvrer en vue de faire gagner du temps à l’un des candidats dans la course en difficulté et lui permettre avec son camp, soit d’intimider les députés provinciaux, soit de les corrompre. Pour Benoît Olamba, la CENI a menti, il n’y a pas d’insécurité à Lusambo comme raison évoquée par la centrale électorale pour reporter l’élection du gouverneur le 10 juillet dernier.   Ci-dessous l’intégralité de l’interview avec votre média en ligne :

Scooprdc : L’élection de gouverneur au Sankuru va de report en report et la province n’a pas toujours de Gouverneur. Quel est le vrai problème ?

Bénoît Olamba : au départ le vrai problème était l’entêtement de la CENI qui ne voulait pas exécuter l’arrêt du Conseil d’Etat. Mais maintenant que la CENI s’est inclinée devant la décision de justice, c’est d’autres prétextes qui naissent et nous ne comprenons pas d’où ils viennent.  On nous parle des raisons technico-logistiques. Mais ce qui est un peu étonnant, ce que sur les réseaux sociaux, ce sont des partisans d’un candidat à cette élection qui annoncent des flashes qu’il n’y aura plus élections, ils sont informés 24 heures avant la date prévue et la CENI vient se prononcer dans le même sens que ce qu’ils ont publié dans les réseaux sociaux. Donc nous considérons qu’il y a une complicité entre un candidat et la CENI et ça, nous le dénonçons !

Clairement selon vous, qui bloque l’élection du gouverneur au Sankuru ?

Bon, pour le moment je ne sais pas dire qui bloque, le pouvoir organisateur c’est la CENI. Mais je n’ai vu aucun obstacle le 10 juillet ; il n’y avait aucune instruction de justice en souffrance ; il n’y avait aucune instruction du Chef de l’Etat, il n’y avait aucune instruction de nulle part encore que la CENI est indépendante. C’est elle qui n’a rien fait pour venir organiser des élections au Sankuru mais au Sud-Ubangi, elle l’a fait. C’est plus tard à 17 heures que la CENI va sortir sa décision pour l’élection qui devait se tenir à 8 heures, heure de Kin, 9 heures, heure de Lusambo, mais qui n’a plus eu lieu sans aucun soubassement. C’est tout simplement illégal ce que la CENI a fait.

Mais la CENI évoque les conditions sécuritaires qui n’étaient pas réunies à Lusambo ?

Non, ça c’est faux ! Je vous ai bien dit qu’il n’y avait aucun problème à Lusambo. Il y a la sécurité. Il y a des policiers, des militaires qui sont déployés à cette fin, et puis il ne revient pas à la CENI de déclarer l’insécurité, les services de sécurité sont là ! Est-ce que le gouverneur, le Redok (NDLR : chef provincial de l’ANR) ou le général de la Police ont dit qu’il y avait insécurité et qu’ils étaient incapables de sécuriser le déroulement de cette élection ? Non, ils étaient là, ils ont déployé les éléments mais c’est la CENI qui n’était pas là.

L’opinion devrait en déduire que cette responsabilité revient à la CENI d’après vous! Soit. Mais  Benoît Olamba, vous êtes accusé de combattre Lambert Mende en jouant le jeu de She Okitundu et d’autres détracteurs du leader de la CCU. Aussi, vous accuse-t-on de vouloir opposer le territoire de Lodja à celui de Katako-Kombe d’où vous êtes ressortissant. Votre réaction ?

Non, je ne me bats pas contre Lambert Mende. Nous voulons une élection apaisée et légalement fondée. Si j’avais refusé cette élection en date du 13 avril, c’est parce que la CENI voulait en rejetant un arrêt du Conseil d’Etat, organiser une élection en toute illégalité. Et un communiqué est parti du Conseil d’Etat disant que tout celui qui va se comporter à l’encontre de cet arrêt sera comptable !!!! Vous comprenez ce français là ! Et donc moi en tant que président de l’Assemblée provinciale, si je cautionnais la rébellion de la CENI contre l’arrêt du Conseil d’Etat, je devais être comptable. Chose que j’ai refusée.  Il n’y a pas de She Okitundu là dédans ! Il n’y a pas de tribalisme entre Katako-Kombe et Lodja ! Pour votre information, les députés qui refusaient cette élection en ce temps-là, étaient au nombre de 16 sur 25 et sur les 16, il y avait les ressortissants de tous les territoires du Sankuru. Il n’y avait pas que Olamba de Katako-Kombe, c’était une décision d’ensemble.

Parce qu’il y a report en report, envisager la délocation de l’élection vers une province neutre, peut-il résoudre le problème ?

Aucune raison ne peut être évoquée aujourd’hui pour délocaliser cette élection. Si on veut délocaliser, pour moi je vois un danger, parce que nous recevons déjà des intimidations et autres menaces. On ne peut pas nous déporter de notre province ou de notre lieu habituel pour nous ramener ailleurs afin d’aller nous instrumentaliser, nous menacer ou corrompre les députés. Je dénonce d’avance.  La CENI ne doit pas prétexter qu’il y a insécurité  à Lusambo. Vous pouvez envoyer des gens à Lusambo, les autorités sont là, quelle insécurité la CENI trouve à  Lusambo, il n’y en a  pas ! Nous n’accepterons pas ça.

Votre Assemblée a tourné les pouces et la gestion de la province en pâtit. Est-ce que la non-organisation de l’élection du gouverneur peut bloquer votre fonctionnement ?

Non, l’Assemblée a d’autres tâches régulières mais il faut qu’on puisse normaliser les choses. L’Assemblée provinciale ne doit pas faire cavalier seul, elle doit collaborer avec l’Exécutif provincial. Mais l’Exécutif provincial que nous avons aujourd’hui émane de la législature passée. Donc, légalement parce qu’il n’y a pas encore un autre exécutif, il peut prester. Mais légitimement, il n’a plus droit de continuer. C’est pour cela que nous disons que pour qu’il y ait un exécutif responsable, qui réponde à cette législature, il faut cette élection. Mais à défaut de cet exécutif, nous essayons de faire avec celui qui existe mais il y a trop de lacunes.

Propos recueillis par Innocent Olenga

  • Bendélé Ekweya té

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