A lire les déclarations de l’honorable Jean-Claude Mvuemba relayées dans la presse, tout congolais soucieux de ce pays ne peut qu’être stupéfait de la teneur ethno-tribale qui ressort de ses propos concernant la nomination des mandataires des entreprises publiques. « …Le Chef de l’État a nommé des gens compétents et expérimentés comme Gabriel Kyungu et Fabien Mutond à la SNCC et même Sam Lukonde à la Gecamines, ce qui est une très bonne chose. Au Kongo Central, il peut en trouver des compétents aussi pour gérer la Snel, l’ex-Onatra, la Socir et la RVM. Il y a beaucoup de fils maison au sein de toutes ces entreprises originaires du Kongo Central qui peuvent mieux gérer » dit-il.
Ces propos sont ni plus, ni moins une régionalisation, mieux une tribalisation des entreprises publiques teintée d’une dose ethno-tribale dangereuse au regard des défis que le nouveau chef de l’Etat doit relever, fait remarquer un politicien du Maniema qui a préféré requérir l’anonymat. « De tels propos venant d’une personnalité hautement politique aussi écoutée comme M’vuemba, laisse le congolais qui ne jure que sur l’unité perplexe », déclare-t-il.
S’il est vrai que certaines nominations du chef de l’Etat dans les entreprises sont contestables, mais de là faire un raccordement frauduleux au point d’inciter le chef à opter pour des nominations ethno-tribales selon la localisation provinciale de ces entreprises, c’est un recul de plus de 50 ans. Aussi loin que puisse remonter le souvenir de tout congolais, il ressort de cette projection dans l’histoire que la plupart des entreprises bâties par l’administration coloniale, l’ont été grâce aux caoutchouc, bois, café… exploités dans les provinces de la cuvette centrale c’est à dire : le grand Equateur, le grand Bandundu, le grand Kasaï et la grande province orientale. Avec la logique de Jean-Claude M’vuemba, si ces provinces se mettent à réclamer les dividendes de ressources sorties de leurs provinces et qui ont servi à construire ces holdings souvent avec la terreur de l’administration de Léopold II qui coupait les mains des enfants pour forcer les parents à travailler, la RDC survivra-t-elle ?
Autrement dit, l’argent qui a construit le barrage Inga que gère la SNEL ou qui a construit les ports de Boma et Matadi ainsi que les rails que gère la SCTP, ex-Onatra, à ce que l’on sache, n’est pas du Kongo central. Aussi, la SNEL et l’ex-Onatra ne sont pas limités à la seule province du Kongo central comme la Gécamines l’est pour le Haut-Katanga et la Miba pour le Kasaï oriental. Même si alors il fallait rester dans la logique de Jean-Claude M’vuemba, à quelle province confierait-on la SONAS, la CNSS ou la Regideso, la RVF ou la RVA ? C’est pareille logique qui a tué les provinces avec la territoriale des originaires. A comparer la gestion des non originaires à la tête des provinces et celle des originaires, beaucoup de Congolais souhaiteraient revenir à la territoriale des non originaires. Car, l’histoire n’oubliera jamais les exploits de Konde Vila Kikanda du Bas-Zaïre au Nord-Kivu, de Koyagialo de l’Equateur au Shaba, de Nzuzi wa Mbombo au Bas-Congo, de Charles Mwando Nsimba du Shaba au Sud-Kivu, de Munkamba du Kasaï oriental à l’Equateur, d’Emile Bongoli du Haut-Zaïre comme maire de Kananga au Kasaï occidental…les exemples sont légion. Il est question dans la gestion de compétences, de l’esprit managérial et non d’une quelconque appartenance tribale ou régionale comme critère principal pour diriger une entreprise publique, surtout que la plupart d’entre elles sont les unes sous perfusion et les autres agonisantes.
Somme toute, c’est Félix Tshisekedi qui répondra de sa gestion après cinq ans. Il n’est pas alors obligé de ne nommer que des Congolais dans ces entreprises. Le recours à l’expertise étrangère n’est pas à exclure. Non sans raison, la gestion des entreprises publiques par des Congolais, l’opinion en sait quelque chose.
Nzakomba