La cohabitation est vraiment morose entre la Présidence de la république et la Primature; disons entre Félix Tshisekedi dit Fatshi et Bruno Tshibala dit saint Brutshi, tous deux enfants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) de feu Etienne Tshisekedi d’heureuse mémoire. Comme si le dossier de la suspension de la perception de taxe d’accise auprès des industriels où Bruno Tshibala a remis Vital Kamerhe, directeur de cabinet de Félix Tshisekedi à d’ordre estimant que celui-ci violait la loi en la matière ne suffisait pas, le premier ministre est revenu avec la même remise à l’ordre à l’endroit du président de la république en ce qui concerne le dossier de suspension du ministre des affaires foncières, Lumeya Dhu Malegi.
En effet, s’agissant de la suspension de l’ordonnance instituant la taxe d’accise perçue par la Direction Générale de Douanes et Accises (DGDA) auprès des sociétés industrielles par Vital Kamerhe par une simple lettre adressée au DG de la DGDA avec ampliation au premier ministre et ministre des finances, Bruno Tshibala n’a pas porté des gants ni aller par le dos de la cuillère pour s’opposer à Vital Kamerhe en lui disant à travers sa lettre du 19 mars dernier que cette taxe doit continuer à être perçue. Dans la logique de saint Brutshi, un directeur de cabinet ne peut pas suspendre l’exécution d’une ordonnance présidentielle.
Quant à la suspension du ministre Lumeya annoncée à la télévision nationale avec pompe toujours par le même Vital Kamerhe, Tshibala prend soin de donner une leçon pédagogique à Félix Tshisekedi. Il accepte de le suspendre, ce qui est dans ses prérogatives mais refuse de le traduire en justice, pouvoir, dit-il, qui ne lui est pas conféré par la constitution. Mais ce qui étonne plus d’un observateur, ce que dans sa lettre à Fatshi, chaque fois que Brutshi veut s’opposer à une disposition qui ne concorde pas avec la constitution, il parle de « l’État de droit ». « Concernant l’ouverture d’une procédure pénale à charge du ministre Lumeya, les exigences de l’Etat de droit ainsi que le respect de la constitution et des lois de la République me commandent d’appeler à la meilleure attention de votre excellence les dispositions de l’article 166 alinéa 2 et 3 de la constitution qui prévoient ce qui suit : la décision de poursuites ainsi que la mise en accusation des membres du gouvernement sont votés à la majorité absolue des membres composant l’Assemblée Nationale suivant la procédure prévue par le règlement intérieur. Les membres du Gouvernement mis en accusation présentent leur démission », écrit Brutshi à Fatshi. Est-ce une façon de lui rappeler le combat de l’UDPS qu’ils ont mené sans Kamerhe ? Mais peut-être pour lui faire plaisir, Brutshi écrit : « …je décide, d’une part, l’annulation de certains arrêtés querellés, et d’autre part, la suspension du ministre Lumeya ».
A Vital Kamerhe, il est reproché, non seulement de se comporter en vice-président de la république ou en président de l’Assemblée Nationale, mais de violer constamment la constitution dans les décisions supposées émanées du président de la république. D’où la question de beaucoup d’observateurs : toutes les décisions annoncées par V.K, sont-elles siennes ou du président Fatshi ?
Agnelo Agnade.