Clément Kanku sur le phénomène Kamuina Nsapu : « ils ont tenté de me nuire, mais ils ont échoué… »

Rentré au pays le 02 mars dernier après deux ans d’«exil», le député national honoraire Clément Kanku a accepté de se confier en exclusivité à Scooprdc.net. Avec le média en ligne, le président national du Mouvement du Renouveau (MR) s’est longuement appesanti sur les accusations contre lui, le faisant passer pour l’un des commanditaires de la milice Kamuina Nsapu au Kasaï central. dénonçant un plan machiavélique monté par une personne qu’il connaît bien mais dont il a tu le nom,  Clément Kanku se réjouit du fait que le temps ait eu raison sur le mensonge. Son nom n’a jamais été cité depuis le début du procès à ce jour au Tribunal militaire. « Ils ont tenté de me nuire, mais ils ont échoué », a-t-il martelé plusieurs fois.

Félicitant l’avènement de Félix Tshisekedi au pouvoir, l’ancien élu de Dibaya promet son implication pour la réconciliation des acteurs de l’opposition qui ont milité ensemble pour l’alternance mais aujourd’hui divisés. « Rien ne peut aujourd’hui justifier que deux hautes personnalités qui ont partagé le même combat politique et qui partagent les mêmes convictions religieuses parce que priant dans la même église, ne puissent pas trouver un consensus autour de l’essentiel qui est le Congo », estime Clément Kanku. Ci-dessous l’intégralité de l’interview.

Clément Kanku bonjour !

Bonjour Scooprdc.net

Vous étiez parti de Kinshasa juste après que vous étiez cité dans l’affaire Kamuina Nsapu. Etait-ce une fuite ? Vous vous reprochiez de quelque chose ?

Non, non ! Je crois qu’il fallait prendre un peu de recul pour laisser le temps s’occuper de la vérité. Je pense qu’éviter qu’on fasse les choses avec précipitation nous a donné raison. Vous avez suivi le développement de cette affaire depuis que nous sommes partis ; il y a eu beaucoup d’enquêtes menées par des organismes internationaux tels que les Nations-Unies, la FIDH et même par vos collègues de RFI et Reuters. Depuis à peu près deux ans, il y a eu une matière abondante sur cette question et ça été suffisamment documenté et je pense que le fait pour nous de ne pas avoir favorisé une certaine précipitation dans ce dossier, a permis à ce que les choses se fassent en toute sérénité et aujourd’hui le temps a eu raison de tous les mensonges qui étaient fomentés par certains milieux dont je ne citerai pas le nom, mais aujourd’hui le temps nous a donné raison. Aujourd’hui vous verrez qu’il y a des détails sur le mobile de ce phénomène, même les causes, je dirais même la situation réelle de ce phénomène malheureux qui a endeuillé l’espace kasaïen, voire ici à Kinshasa.

Donc, la précipitation que vous évitiez c’était votre arrestation ?

Non, mon arrestation n’était peut-être pas annoncée. Mais la précipitation c’était dans le dossier. Vous avez vu un journal américain sortir ce genre de publication à caractère diffamatoire bien commandée par une officine qui a raté la même démarche avant, avons-nous appris, auprès de RFI et du journal belge Le Soir. Les journalistes de ces deux médias contactés, ont refusé de tomber dans le piège. Mais c’est plutôt le journal américain l’a fait. Le fait que ce journal américain de grand renom se soit lancé dans une aventure aussi hasardeuse, ça devait faire réfléchir certains. Il était facile d’inventer ou de mettre les gens sur une mauvaise piste avec des éléments trafiqués comme vous aviez suivi un élément sonore qui avait été tout simplement trafiqué avec une retranscription aussi trafiquée à dessein, tout simplement pour désorienter l’opinion. Malheureusement pour ceux qui ont voulu le faire, ça n’a pas marché et Dieu a fait qu’aujourd’hui la vérité soit rétablie.

Donc, nous avons eu tout simplement le reflexe de ne pas favoriser cette procédure qui aurait pu aussi induire même les autorités judiciaires en erreur. Nous avons tout simplement évité qu’il y ait un travail bâclé, un travail sous tension, un travail émotionnel.

A vous entendre, vous êtes réconforté parce que vous n’avez jamais été cité devant le tribunal dans cette affaire. Selon vous, c’était une cabale bien préparée contre vous et ils ont tenté, ils ont échoué. Mais qui sont ces gens qui ont tenté de vous nuire ?

Je ne parle pas de cabale parce que je n’ai pas de preuves. Mais je sais tout simplement qu’il y a des éléments qui me poussent à croire qu’il y a eu une conjonction des forces autour de ce dossier-là. Parce que je ne peux pas comprendre que du jour au lendemain que je sois innocemment pris dans la tourmente, et que des gens puissent aller même traficoter des éléments sonores et faire même une retranscription tout à fait erronée pour le besoin de la cause. Quand nous voyons cette conjonction d’éléments, ça ne peut que nous pousser à dire que quelque part il devait y avoir une main noire. Je comme le dis toujours, le temps a toujours raison du mensonge.

Déjà, nous avons eu l’occasion de recevoir quelques informations de la part de quelques personnalités à l’étranger qui enquêtent sur ce dossier, qui nous ont plus ou moins édifié sur les éléments qu’ils ont autour de ce dossier. Mais je crois que le temps viendra pour que tous ceux qui ont tenté de désorienter l’opinion en nous impliquant faussement dans situation malheureuse, rendent les comptes en commençant par le journal américain à la base de cette publication diffamatoire pour entacher ma réputation. Vous  savez que je suis un homme politique, un leader d’opinions, un père de famille, quand vous voyez ce travail de sape qui a été fait, cette diabolisation qui a été conduite à travers le monde, d’autres personnes naïvement auraient pu croire à cette affaire avec la manipulation qui était bien orchestrée autour avec des éléments fantaisistes.

Vous avez été aux Etats-Unis et au Canada. N’y étiez-vous pas inquiété nulle part ?

J’ai été partout au monde. Je n’ai jamais voyagé autant en deux ans que je l’ai fait avant. Je pense que s’il y avait un moindre soupçon d’une quelconque implication dans le meurtre des experts des Nations-Unies, je n’aurais été en sécurité ou à l’abri nulle part. Je suis allé partout à la quête de la vérité et ça m’a permis de comprendre beaucoup de choses, de comprendre l’ampleur de cette machination dont j’ai été victime. Je suis serein parce que  j’ai constaté que les gens ne se soient pas laissé emballer dans ces allégations fantaisistes venant de ce quotidien américain et relayées par des journalistes dans mon pays sans aucune preuve. Je suis de retour, j’étais libre de mes mouvements, j’avais une conscience tranquille et je savais qu’un jour viendra où la vérité sera connue et ceux qui ont fomenté cette œuvre maléfique seront confondus.

Vous revenez au pays, les élections sont déjà passées. Vous étiez député national et vous n’avez pas pu poser votre candidature, vous avez maintenant quelle ambition ?

La seule ambition que j’ai toujours eue c’est de servir mon pays. Dieu a fait grâce que je serve le pays à tous les échelons de la vie politique. J’ai servi le pays d’abord comme conseiller dans les cabinets ministériels dans les années 93-95. J’ai servi ensuite le pays comme vice-gouverneur de province. J’ai eu deux mandats de député national bien élu du territoire de Dibaya, et j’ai terminé enfin comme ministre  la coopération internationale ; une belle expérience qui m’a permis de côtoyer beaucoup de personnalités à travers le monde pour essayer de trouver des solutions aux problèmes de notre pays.

C’est vrai que je n’ai pas eu l’occasion de postuler à la députation nationale, mais je pense me remettre dans les mains de Dieu parce qu’avec l’expérience et les connaissances que nous avons eues et surtout la volonté de servir ce pays, nous allons nous constituer comme une force de propositions pour le chef d’Etat actuel ; nous voulons casser cette rupture qu’il y a toujours eu entre les gouvernants et les gouvernés. Dans tous les cas, nous allons soutenir l’action de l’actuel chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi. Il aurait été aberrant que nous qui avions combattu pour l’alternance démocratique, nous qui avions cheminé avec l’UDPS dans le même combat, que nous puissions aujourd’hui nous positionner contre un candidat de l’UDPS qui a gagné les élections.

Une dernière question, Clément Kanku : envisagez-vous descendre vite à Kananga et Dibaya ? Quel message déjà vous lancez à cette population centre-kasaïenne ?

L’une des raisons pour lesquelles nous nous sommes précipités pour revenir c’est d’abord la main tendue du président Tshisekedi qui a souhaité que la réconciliation soit effective pour l’ensemble de Congolais ; qui a souhaité que tous les Congolais reviennent au pays pour travailler la main dans la main en vue de remettre ce pays dans l’orbite du développement, nous avons positivement répondu à cet appel en disant que l’opposition doit se rapproprier l’alternance démocratique qui est effective aujourd’hui même si quelques couacs peuvent y avoir dans certains domaines.

Et nous pensons que la mission que nous sommes assignée c’est celle de réconcilier d’abord les leaders de l’opposition afin que nous puissions regarder les choses dans la même direction. Nous souhaitons que l’opposition soit unie pour faire face aux défis qui attendent le pays aujourd’hui ; nous devons les relever ensemble.

Nous voulons favoriser la réconciliation, consolider l’unité nationale, consolider la cohésion nationale car un peuple divisé ne peut pas se développer. Il me faut faire ce travail de réconcilier les frères qui se sont séparés à travers ce processus électoral. Rien ne peut aujourd’hui justifier que deux hautes personnalités qui ont partagé le même combat politique et qui partagent les mêmes convictions religieuses parce que priant dans la même église, ne puissent pas trouver un consensus autour de l’essentiel qui est le Congo.

Nous avons un président qui détient l’imperium, demain nous allons tous travailler pour que cet imperium serve au peuple congolais et non aux intérêts de quelques caciques qui veulent se réfugier derrière des démarches comme nous le voyons malheureusement avec la même gouvernance que nous avons décriée et que le peuple a vomie. Quand j’aurais fini ce travail, je vais me rendre au Kasaï pour voir ma population, ma base à qui je vais apporter le message de la paix. D’ailleurs, mon ONG Action Kasaï a beaucoup œuvré à la recherche de la paix pour le Kasaï, nous allons encore continuer de travailler dans ce sens-là.

Clément Kanku, merci d’avoir répondu à nos questions.

C’est moi qui vous remercie.

Propos recueillis par Innocent Olenga

  • Bendélé Ekweya té

À ne pas rater

À la une