Lumeya Dhu Malegi, Oscar Manikunda et Daniel Samba Mukoko, respectivement ministre des affaires foncières, président du Collège de l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications au Congo (ARTC) et directeur général de la Société Commerciale des Transports et Ports (SCTP) ex-Onatra, sont les premières victimes de la lutte contre l’impunité annoncée par le nouveau président de la République Félix Tshisekedi. Suspendus de leurs fonctions, ce mercredi 13 mars, ils ont tous un dénominateur commun : mauvaise gestion. Mais néanmoins, chacun a sa particularité. D’après Vital Kamerhe, directeur de cabinet du chef de l’Etat qui a motivé ces suspensions à la Radiotélévision Nationale Congolaise (RTNC), pour arriver à ces mesures, le président de la République a pris un mois à examiner les documents et les preuves d’inculpation. Annonçant la fin de la récréation, Vital Kamerhe promet la suite de la série de sanctions pour d’autres mandataires qui se compromettraient.
Lumeya : la cupidité faite homme !
La suspension du ministre Lumeya avec des poursuites judiciaires à engager contre lui, est justifiée par le fait qu’il a refusé, malgré la demande répétée plusieurs fois, de rapporter ses arrêtés pris en violation flagrante de la loi et des droits des tiers. En d’autres termes, il est reproché au ministre Lumeya d’avoir pris des arrêtés sur les lotissements à des endroits interdits et sur l’expropriation des citoyens congolais et étrangers.
Il y a quelques mois sous Joseph Kabila, le premier ministre Bruno Tshibala avait retiré la signature au même ministre et l’avait obligé de lui soumettre tout projet d’arrêté ce, après que le chef du gouvernement a constaté les égarements dans son chef. En effet, le ministre Lumeya a montré sa cupidité et l’empressement de s’enrichir vite dès son entrée au gouvernement. A peine trois mois seulement à la tête de ce ministère, soit en août 2017, il a tenté avec la complicité de certains membres de la Présidence de la République dont Michel Omba, alors à l’époque conseiller au Collège Affaires foncières et Environnement, d’exproprier le belge Gérard Vanbrabant de sa concession située à la 15ème Rue Limete, sous prétexte que c’était un bien sans maître.
Cette affaire où Lumeya lorgnait déjà 2 millions USD si son coup réussissait, capotera grâce aux bruits de la presse mise à contribution par la victime et à l’intervention du premier ministre pour éviter le scandale (lire l’article de Scooprdc.net : « Affaire Lumeya – Bralloy Inc : un duel entre l’arnaque et la fraude »).
Comme si ce forfait ne suffisait pas, le ministre se livrera à la patrouille des « biens sans maîtres » à Kinshasa tout comme à l’intérieur du pays. Des pots de vin lui sont versés ça et là par des personnes ayant peur de se faire exproprier. A Kindu comme à Lubumbashi, il a été indexé dans des dossiers d’expropriation des concessions.
Malgré les reproches du premier ministre Bruno Tshibala qui, visiblement ne lui faisait pas peur, Lumeya est resté égal à lui-même et maître des cérémonies dans le domaine foncier. Son entêtement n’a pas été du goût du nouveau régime qui vient de le sanctionner et sa cupidité qui le déshonore, risque de le conduire à la prison de Makala.
Manikunda : le policier des télécoms défaillant et corrompu
Même si les indices sérieux d’actes de megestion et d’insubordination constituent la motivation de sa suspension, il faut signaler cependant que le contrôle défaillant des opérateurs des télécommunications qui a fait et continuer à faire perdre énormément les recettes en termes des millions USD au Trésor public à la suite des fraudes massives, est l’œuvre d’Oscar Manikunda. Il a fait de l’ARPTC une policière défaillante alors que cet organe avait ou a toujours une mission noble d’exercer un contrôle efficace sur le trafic des flux des télécommunications (appels, sms et data) en vue de renflouer les caisses de l’Etat.
Malheureusement, Manikunda est accusé, pour ses dividendes personnels, d’être depuis toujours complice avec les opérateurs des télécommunications qui minorent les flux de leurs trafics et font de fausses déclarations fiscales. Il a fait échec à toute initiative d’équiper techniquement l’ARPTC en vue d’assurer un contrôle efficace des opérateurs des télécoms. Avec les 7 millions USD lui remis à l’époque pour l’acquisition du matériel de contrôle, il avait acheté un équipement obsolète. Installé, celui-ci n’a jamais fonctionné jusqu’à ce jour (lire l’article de Scooprdc.net : « RDC-Télécoms : l’ARPTC favorise largement la fraude, révèle son ancien employé »).
Bref, au lieu de privilégier l’intérêt général de la Nation, Oscar Manikunda s’est fait, pour ses intérêts privés, le protecteur des opérateurs des télécommunications maffieux dans une vaste évasion fiscale. Le mal étant profond avec des ramifications dans le secteur des télécommunications, les experts en ce domaine estiment que le coup de balai du président Fatshi doit être général dans la maison ARPTC. Aussi, faudra-t-il que la nouvelle loi sur les télécommunications soit promulguée en vue de la redynamisation de ce secteur qui, si le contrôle est efficace, peut bien rivaliser le secteur minier en termes des recettes.
Samba Mukoko : l’intelligence incompétente…
Présenté comme celui qui coachait l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo, ce professeur économiste et produit de l’université japonaise s’est montré incapable de gérer, mieux de relancer une entreprise lui confiée. L’ancien vice-premier ministre du Budget n’a pas su concilier son intelligence à la pratique. Dans une interview exclusive avec Scooprdc.net, son prédécesseur Kimbembe Mazunga l’avait taclé : « on ne doit pas diriger par sophisme l’Onatra, il faut une intelligence pratique ».
Ce dernier qui a toujours refusé de croire que la SCTP est un canard boiteux, estime qu’un DG de l’Onatra doit savoir se fabriquer son argent et éviter d’attendre que les mannes tombent du ciel (Lire l’article de Scooprdc.net : « Kimbembe Mazunga signe et persiste : la SCTP est loin d’être un canard boîteux ! »).
Visiblement, Daniel Samba Mukoko a une intelligence scientifique mais qui n’est pas pratique. Professeur d’Economie, il quitte la SCTP tête baissée, laissant les travailleurs avec des arriérés des salaires au-delà de vingt mois. Il a démontré que l’intelligence ne rime pas avec la compétence. Il lui aurait fallu démissionner, mais hélas il sort par la petite porte avec grief de mauvaise gestion lui collé au dos !
Agnelo Agnade