Grogne à la SCPT : les grévistes ne se trompent-ils pas de contexte ?

Comme pour imiter leurs collègues de Transports au Congo (Transco) qui ont débrayé pendant deux jours et ont obtenu le départ de leur directeur général, quelques agents de la Société congolaise de la Poste et Télécommunications (SCPT), ex-OCPT, se sont aussi mis en branle. Ils veulent obtenir la tête de leur DG Patrick Umba. Depuis trois jours ils manifestent, calicot brandi, devant le bâtiment de la Poste sur boulevard  du 30 juin. Seulement, d’après un responsable de cette entreprise placée dans la catégorie des « canards boiteux » qui s’est confié à Scooprdc.net, le contexte de Transco est de loin très différent de celui de la SCPT.

Il explique d’abord que Transco est subventionnée par l’Etat congolais, notamment en carburant et lubrifiant pour le fonctionnement adéquat de l’outil de travail. Cette subvention allège du coup la charge de production. Ce qui n’est pas le cas pour la SCPT qui ne reçoit rien de l’Etat. Ensuite, Transco produit au quotidien du cash alors que la SCPT attend les paiements de ses factures après fournitures des services auprès des partenaires. Enfin, la masse salariale de Transco est inférieure aux recettes réalisées alors que celle de la SCPT absorbe toute la production et appelle à un supplément.

En effet, la SCPT ayant deux composantes, la poste et les télécommunications, réalise mensuellement environ 730 mille USD dont 30 mille de la Poste et 700 mille des télécommunications. La masse salariale d’environ 3 mille employés dont moins de 1.000 sont actifs, s’élève à plus de 800 mille USD. Equation, démontre-t-il, difficile à résoudre par le comité de gestion parce qu’en dehors des salaires, il y a les charges de fonctionnement, de maintenance technique et les dettes à payer aux partenaires extérieurs.

Quelques agents opposés à ce mouvement de grève qui se sont interrogés par Scooprdc.net, déclarent : « le comité Umba est à féliciter. Nous sommes partis d’une centaine des mois d’arriérés des salaires qu’il a hérités, pour n’accuser actuellement que trois mois seulement ». Les proches du DG Patrick Umba qui, lui-même s’est réservé de parler, expliquent ce retard de trois mois par les formalités de changement des banques en charge de la paie des salaires. « La Direction a jugé bon de quitter TMB pour Rawbank. C’est à l’avantage des travailleurs qui pourront bénéficier des crédits consistants », soutiennent-ils.

S’agissant des provinces qui accusent aussi beaucoup d’arriérés des salaires, les proches de M. Umba font savoir qu’avec tous les directeurs provinciaux à part l’Equateur, il a été signé avec eux un contrat de performance. L’objectif principal de ce contrat est que chaque province, grâce aux recettes des loyers perçues, aux recettes des services de la Poste et aux recettes de location des antennes, paie elle-même les salaires de ses agents. La Direction générale ne pourra que suppléer à la possibilité de ses moyens.

La direction de la SCPT qui croit à une manipulation des agents par des mains noires, craint que ces grèves sauvages souvent décrétées par les agents improductifs de la Poste, ne conduisent au péril des télécommunications pourvoyeuses de peu de recettes qui les paient. « La solution pour le redressement de cette entreprise passe par la diminution des effectifs qui sont pléthoriques et budgétivores. Une mise à la retraite de plusieurs agents est recommandable, mais aussi le remise à niveau du personnel actif », confie un cadre de la SCPT. « Malheureusement c’est une situation que Patrick Umba a trouvée et ne peut la changer de son propre chef », remarque-t-il tout en estimant que s’en prendre à lui (Patrick Umba), c’est comme s’il voulait guérir la fièvre, sans vraiment s’attaquer à la maladie. « Je crois que les nouvelles autorités du pays ne sont pas dupes pour tomber dans le piège de ces agents téléguidés par des mains noires », déclare-t-il.

Ginno Lungabu  

  • Bendélé Ekweya té

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