Aucun propriétaire n’ose plus mettre son véhicule sur la route Mbuji-Mayi – Lusambo pour assurer le transport des passagers. Même ceux qui possèdent les endurantes japonaises Toyota Land Cruiser 4×4 tout terrain, ne s’engagent guère dans cette aventure périlleuse. Le seul moyen utilisé actuellement pour mouvoir les habitants de ces deux contrées reste la moto. Et la plus souvent utilisée est la Boxer Bajaj. Cette marque indienne brave, à la satisfaction de ses usagers, cette route d’une autre époque que celle dite de « révolution de la modernité ».
Les grands obstacles commencent à Tshibombo, porte de sortie de la ville de Mbuji-Mayi où des têtes de ravins et des ravins béants menacent et envahissent à divers endroits la route, de surcroît la Nationale numéro 1. Les risques pour un camion chargé de se renverser à ces endroits sont énormes même s’il est conduit par un chauffeur chevronné. Le gouvernement provincial du Kasaï oriental s’est avéré incapable de lutter contre ces monstres dévastateurs de cette route d’intérêt national.
Lorsqu’on a la chance d’attraper une moto pour le voyage, on paie 100$ USD au motard, on lui achète 10 litres d’essence, 1 litre d’huile moteur et on lui garantit son carburant de retour. Donc pour ce voyage de moins de 240Km, le passager débourse au moins 150$ USD alors que pour Kinshasa-Matadi distancées de plus de 350Km, le passager ne paie que 20$ USD !
Le voyage ainsi engagé, le motard évite, à partir de Tshibombo, de prendre la route de Kabeya Kamuanga beaucoup plus dégradée et emprunte celle qui mène vers le port de Ndomba sur la rivière Lubi. Ce tronçon est du moins praticable nonobstant quelques cahots rencontrés par-ci par-là parce que le motard peut atteindre à des moments 60Km/h. Pas aussi assez de peines de Ndomba jusqu’à Mutombo Dibwe, en passant par Bana ba Ntumba et Dimbelenge. Mais il faut environ 8 heures pour avaler les 150Km qui distancient Mbuji-Mayi et Mutombo Dibwe.
Le vrai calvaire commence par là. La moto s’engage dans une sorte de jungle. La route Mutombo Dibwe – Lusambo est dans la forêt qui empêche son séchage par les rayons solaires. Flancs d’eau boueux, pentes de 10% défoncées, coupures et menaces des ravins sont des caractéristiques de cette route. Des noms tristement célèbres comme Munua mayi, Nkaya, Kankole, Tshileta…rappellent des pentes où les passagers sont obligés en descente comme en montée de descendre et escalader à pieds. Sur ce tronçon de 88Km, le motard ne dépasse guère 40km/h. C’est le plus chevronné qui évite à maximum de faire tomber le passager. Mais le risque de deux, trois voire cinq chutes avec fracture, est très possible dans ce voyage. Il faut voir la rivière Sankuru et la traverser pour enfin louer son Dieu. Or, dans les années 80, lorsque les véhicules de la Messagerie Automobile du Sankuru (MAS) traversaient la rivière Sankuru pour se rendre à Kananga (217Km), ils avaient neuf heures de route, avec deux escales d’au moins une heure chacune à Bakwa Mbumba et Munkamba Amika. Impossible actuellement de rééditer cet exploit. Voilà la réalité du Congo profond, particulièrement du Sankuru…
Owandi.