Traité de tous les noms d’oiseaux du ciel, d’animaux de champs et de mers par la presse et ses compères politiciens, Vital Kamerhe se révèle aujourd’hui être un grand visionnaire et stratège, en ce qu’il a amené le fils d’Etienne Tshisekedi, Félix Tshisekedi Tshilombo à la victoire finale à l’élection présidentielle tenue le 30 décembre dernier en République Démocratique du Congo. Il était pourtant perçu par une certaine opinion comme l’envoyé du Front Commun pour le Congo (FCC) pour jouer au trouble fait autour de l’opposition en général, et de l’UDPS en particulier après l’échec des accords de Genève qui avait réuni sept opposants majeurs contre le régime de la Kabilie. Mêmes les caciques de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) voyaient en lui une occasion de chute pour Félix Tshisekedi, forts de l’expérience du rapprochement non concluant entre VK (Vital Kamerhe) et le sphinx (Etienne Tshisekedi) en 2011.
Mais avec la victoire de Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe vient de confirmer qu’il est et reste l’un des poids lourds de la politique congolaise. La très modeste coalition CACH ne réunissant en réalité que deux poids lourds (Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe), n’avait pas à dire vrai de chance devant la machine Lamuka et le FCC. Téméraire et opiniâtre, l’ancien speaker de l’Assemblée Nationale a vu ce que personne n’a vu venir. Un flair politique hors-pair qui fait de lui à ce jour le grand lauréat de cette victoire, car l’homme connu selon ses détracteurs pour son ego surdimensionné, a « mutu proprio » (de son propre chef) préféré s’éclipser au profit d’un candidat UDPS au grand étonnement de nos initiés. Qui l’eut cru !
Bien que la victoire soit encore provisoire, l’on peut déjà imaginer la place que pourra occuper l’ancien bras droit de Joseph Kabila dans l’administration Fatshi et cela ne sera que récompense à juste titre. Car même au sein de l’UDPS, personne n’a battu campagne pour Tshisekedi plus que Kamerhe. Véritable Jocker, il mérite bien cette appellation car l’homme, quelles que soient les erreurs par lui commises, la médisance et les sévères critiques formulées contre lui, ne cède nullement à ses détracteurs et maintient toujours ses nerfs solides. En fin politicien incarnant une formidable humilité, il côtoie tous et dispose bien ses cartes lorsqu’il faut jouer. « Je ne suis pas venu faire carrière dans l’opposition », avait-il déclaré en 2010 lorsqu’il créa l’Union pour la Nation congolaise. Il vient de le prouver en administrant cette bonne leçon neuf ans après aux caciques de l’UDPS qui se sont battus pendant plus de 36 ans dans les reveries, sans parvenir au Palais de la Nation.
Ben Lévi.