Echec de Shadary : mauvais choix de Kabila, mauvaise campagne électorale ou trahison du FCC ?

Les voix obtenues par le dauphin du président Joseph Kabila et candidat du Front Commun pour le Congo (FCC) à la présidentielle du 30 décembre dernier, sont interpellatrices et méritent plusieurs questionnements. Emmanuel Ramazani  Shadary a réalisé 4.357.359 (23,85%) voix contre 7.051.013 de Félix Tshisekedi et 6.366.732 de Martin Fayulu. Dans un pays africain où le processus électoral est financé, conduit et contrôlé par le régime en place, pareil score pour un candidat du pouvoir dépasse tout entendement, surtout que les moyens financiers mobilisés pour sa campagne électorale étaient énormes.

Qu’est-ce qui justifie cette défaite lamentable d’Emmanuel Shadary face à ces deux candidats de l’opposition ? Trois hypothèses sont présentées à Scooprdc.net par des analystes. D’abord le choix du candidat qui a été une imposition du président Joseph Kabila aux sociétaires du FCC. Ayant constaté des ambitions de plusieurs de ses collaborateurs (Matata, Minaku, Bahati, Mova et consort…) d’occuper le fauteuil présidentiel, il lui aurait fallu organiser les primaires au sein du FCC pour essayer de dégager un choix commun. Ce qu’il n’a pas fait. Mais en s’inclinant devant son choix imposé, beaucoup de sociétaires du FCC ont été hypocrites, craignant tout simplement des représailles en cas de contestation ou de frustration manifestée. A vrai dire, les collaborateurs de Joseph Kabila le craignent plus qu’ils ne l’aiment, affirmant ainsi la parole historique de l’empereur romain Caligula : «… qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent… » !

Dans cette hypocrisie, beaucoup n’ont pas battu véritablement campagne pour le candidat FCC à la présidentielle, malgré les moyens financiers mis à la disposition des différents regroupements du FCC (Lire les articles de Scooprdc.net : « Fonds pour la campagne électorale du FCC : certains regroupements politiques arnaquent les candidats ! », « Election présidentielle : Shadary absent à Lusambo-ville » et « Campagne présidentielle : les Lusvillois très fâchés contre Shadary). Ce qui renvoie à la double hypothèse de trahison et de mauvaise campagne électorale. Ne portant pas Shadary dans leurs cœurs, ils l’ont chanté faiblement au bout de leurs lèvres.

Aussi, le détournement des fonds de campagne par certains regroupements politiques a découragé complètement beaucoup de candidats FCC qui n’ont battu campagne que pour eux-mêmes. Les reporters de Scooprdc.net ont entendu certains d’entre eux dire : « Nous n’avons rien reçu de Shadary. Pourquoi battrons-nous campagne pour lui ? ». Au sein du FCC, les accusations sont portées contre la Cellule de finances dirigée de mains de fer par Moïse Ekanga et Janet Kabila. L’on se rappelle du texto qui a abondement circulé sur WhatsApp et qu’on a attribué au ministre d’Etat Modeste Bahati, autorité morale du regroupement AFDC et Alliés adressé à Moïse Ekanga. Celui-ci stipulait : « Honorable Moïse Ekanga. Alors que vous coordonnez la cellule des finances et logistique, vous êtes injoignable au téléphone depuis quelques jours. Au milieu de la campagne, notre regroupement AFDC-A ne voit aucun signe, aucun matériel de campagne. Les candidats PPRD bénéficient d’un traitement spécial tant financièrement que sur le plan logistique. Nous attendons notre part. Merci.  Ministre d’Etat Bahati Kukwebo ».

A toutes les hypothèses ci-haut évoquées, s’ajoute aussi celle de l’acceptation difficile du candidat par la population. En effet, fatigués d’un régime qui a eu du mal à améliorer leur situation sociale pendant ses 18 ans de règne, les congolais n’avaient autre choix que de changer le régime. Shadary étant non seulement l’émanation de Kabila, mais également sa continuité, il était très difficile pour lui de s’en sortir et surtout que l’homme n’avait pas pignon sur rue. Son élection relèverait de l’eschatologie.

Somme toute, cette alternance au sommet de l’Etat qui fait entrer Joseph Kabila dans l’histoire des grands hommes d’Etat, ouvre la voie à la démocratie qui a tant balbutié en RDC ; car c’est une grande première pour les RD Congolais d’assister depuis l’indépendance de leur pays à la passation civilisée du pouvoir entre deux présidents de la république sortant et entrant. Chapeau bas à Joseph Kabila malgré que le pouvoir vient de filer son camp entre les doigts.

Owandi.

  • Bendélé Ekweya té

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