Élections recalées à Beni, Butembo et Yumbi : au moins 3% des électeurs privés du vote présidentiel !

Dans sa décision n°055/CENI/BUR/18 du 26 décembre, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a décidé du report des élections dans les villes de Beni et Butembo au Nord-Kivu mais aussi à Yumbi dans le Mai-Ndombe. S’il est vrai que ces élections auront lieu en mars comme programmé par la Centrale électorale, une chose certaine est qu’elles écarteront au moins 3% des électeurs congolais, soit plus 1,2 millions de votants, du fait qu’à cette date, non seulement que les résultats définitifs de la présidentielle seront proclamés, mais aussi que le président élu sera déjà en fonction.

Cette décision de la CENI jugée unilatérale, n’a pas pu retenir les acteurs politiques, naturellement de l’opposition qui la qualifient de purement politique pour régler des comptes à certains adversaires potentiels de la Majorité présidentielle. En effet, selon la cartographie électorale et d’après les données de la campagne électorale, Beni-ville comme territoire et la ville de Butembo sont favorables à l’opposition, specialement à Martin Fayulu porté par Lamuka. Ce dernier étant porté dans les bras par Antipas Mbusa Nyamwisi, un leader incontesté et incontestable du Grand Nord, se verra ainsi privé d’au moins un million de voix sûres des électeurs du Nord-Kivu.

Ainsi, l’Opposition n’a pas tardé à faire connaître sa position. Elle qualifie cet acte de la CENI de « pure provocation ». « Cette provocation est inacceptable ! Il est connu que Beni, Butembo et Yumbi sont majoritairement acquis à l’opposition ! Donc ce report pour le cas de ces villes est une stratégie machiavélique de la CENI et de la kabilie de voler la victoire du peuple. Cela ne passera pas », peut-on lire sur le compte twitter de Madame Eve Bazaiba, secrétaire générale du MLC dont le choix est porté sur Martin Fayulu, candidat Lamuka.

Au lendemain de l’homélie très politique de l’archevêque métropolitain de Kinshasa qui a appelé la CENI à la sincérité du vote, Corneille Nangaa vient sans doute de donner un coup fatal au processus électoral.
Très vite, ceux qui suivent avec attention l’évolution politique de la RDC voient la main noire du pouvoir en place derrière cette décision. Car en effet, la lettre du vice-premier ministre de l’intérieur Henri Mova qui est en même temps chargé de la cellule sécurité du candidat FCC à la présidentielle, apparaît comme la puce mise à l’oreille de Nangaa. Vu d’énormes difficultés rencontrées par le candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary dans le grand Nord, chambré en faveur de Martin Fayulu, le pouvoir ne pouvait pas prendre de risque. Aussi, le leadership de Antipas Mbusa dans ce coin du pays donne de frissons au régime de Kinshasa. La punition n’a pas tardé. Les propos de la première dame Olive Lembe Kabila tenus à Beni en sont la preuve supplémentaire. Sinon, les raisons avancées par la centrale électorale pour ce report sont, aux yeux de beaucoup d’analystes, farfelues, à savoir la présence de groupes armées, l’insécurité, l’épidémie Ebola… Mais ce que Corneille Nangaa a oublié de dire est que Beni et Butembo ont toujours vécu dans ce climat d’insécurité ! Malgré cela, la CENI a enrôlé des électeurs, elle a autorisé la campagne électorale et au 23 décembre l’élection devait avoir lieu dans ces coins.

Et pour prendre Corneille Nangaa aux mots, lors de la révision du fichier électoral (RFE), la CENI avait justifié la modification de son chronogramme par la situation d’une partie du Kasaï où sévissait l’insurrection des Kamuina Nsapu. « Nous ne pouvons pas aller aux élections sans le Kasaï » disait Corneille Naanga. Maintenant, quelle est cette mouche qui l’a piqué pour décider d’exclure Beni, Butembo et Yumbi N’est-ce pas là un subterfuge mieux calculé qui cacherait d’autres intentions ? Car, dans sa décision de reporter les élections d’une semaine, soit du 23 au 30 décembre, les raisons étaient autres que la punition qu’on veut sans doute infliger à la population du Nord-Kivu. Allons aux élections avec tous les pans du territoire national.

Ben Lévi

  • Bendélé Ekweya té

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