Comme d’autres candidats à la présidentielle du 23 décembre 2018, Emmanuel Ramazani Shadary a aussi présenté son programme quinquennal de gouvernance chiffré à 86 milliards USD. A analyser cette guerre des chiffres des candidats président de la République allant de 85 milliards à 120 milliards UDS, tout observateur lucide se rend compte tous les candidats président de la République conviennent que la RDC a annuellement besoin d’un budget entre 15 milliards à 20 milliards USD. D’ailleurs pour le candidat FCC et dauphin du président sortant Joseph Kabila, c’est 17,2 milliards.
Mais d’après les analystes et économistes, ce montant avancé par ERS, met mal à l’aise, mieux remet en cause la gouvernance de 17 ans de son autorité morale dont aucun de tous les budgets n’a jamais atteint 10 milliards USD. D’où la question de savoir si ERS serait tombé dans le piège de l’opposition souvent démagogique ? L’affirmatif est la position de beaucoup de ces analystes. Non sans raison, en deux mandats, le président Joseph Kabila dont il est l’émanation, n’avait avancé aucun chiffre ni dans son programme « Cinq chantiers », ni dans celui de « la révolution de la modernité », pourtant deux programmes très ambitieux. ERS aura-t-il le kilo de faire les choses autrement, lui qui a pourtant affirmé assurer la continuité de l’œuvre de son prédécesseur, une fois élu ?
Toute chose restant égale par ailleurs, l’opinion voudrait bien voir le candidat FCC à l’œuvre pour s’en rendre compte. Sinon, le candidat FCC à la présidentielle a été au gouvernement et c’est sa majorité qui dirige le pays depuis 2006 s’il faut écarter la gouvernance transitoire d’avec les belligérants ; mais jamais elle n’a pu réunir 5 milliards de dollars en fonds propres pour le budget. Une fois au pouvoir, continuité oblige, ERS sauf Armageddon, sera obligé de travailler avec ses anciens camarades qui plus de 10 ans durant n’ont pas su élever le budget national à plus de 5 milliards de dollars en fonds propres. A moins qu’il soit vraiment aux antipodes avec son mentor. Ce qui n’est pas très évident, car, les antivaleurs qui caractérisaient le système actuel, notamment le clientélisme, les abus de pouvoir, l’impunité, la corruption et la fraude qu’ERS se donne le challenge de combattre, elles sont à rechercher au sein de sa famille politique.
Va-t-il jouer à la « João Lourenço » d’autant plus que son discours semble une rupture avec le système de son mentor même si l’on ne veut pas le dire clairement ? Possible. Voilà aussi pourquoi les élections sont importantes dans un pays car même si c’est le même camp qui conserve le pouvoir, les choses peuvent changer d’autant plus que les personnes ne sont pas nées le même jour, elles ont chacune son comportement et son for intérieur ou conscience, elles ne portent pas non plus les mêmes noms. Ainsi, Emmanuel Ramazani Shadary ne pourra oser travailler que s’il endosse la stature d’homme d’État au-delà de son appartenance politique à l’instar du nouveau président Angolais João Lourenço. Sinon, son discours programme du 19 novembre ne sera qu’un chapelet de bonnes intentions.
Nzakomba et Ginno Lungabu