Tout congolais qui a un cursus scolaire normal et qui est passé véritablement par le deuxième cycle d’orientation, connaît à cœur la leçon tirée du texte « le loup et l’agneau » à savoir : « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». En effet, malgré toutes les bonnes justifications par lui avancées, l’agneau a été finalement bouffé innocemment par le carnassier. C’est ce qui arrive exactement au journaliste Peter Tiani, directeur du magazine télévisé » Le Vrai journal », arrêté mercredi à Kinshasa et transféré samedi à la prison centrale de Makala. Son péché c’est d’avoir relayé une information de Scooprdc.net sur la disparition d’importantes sommes d’argent à la résidence du premier ministre. Acte qui, en RDC, constitue comme on le constate un crime de lèse-majesté.
Quand ailleurs, dans des pays civilisés et sérieux, les dénonciations de la presse constituent des éléments d’ouverture d’enquêtes judiciaires, bizarrement en RDC, elles font l’objet d’arrestations des journalistes dénonciateurs. Mais ce qui est curieux et parait en même temps comme ridicule, c’est lorsque s’agissant par exemple de la dénonciation par la presse étrangère de la détention de la nationalité italienne par Moïse Katumbi, la même justice congolaise qui n’a jamais statué ni examiné les faits dénoncés par les journalistes congolais, ne s’est pas gênée d’ouvrir une information judiciaire contre l’ancien gouverneur du Katanga. Pourquoi le procureur général qui a cette latitude de se saisir de pareils dossiers ne le fait pas souvent ? C’est là où les bas blessent. Pourquoi donc cette justice sélective ?
S’agissant du confère Peter Tiani, victime de cette justice congolaise aux allures de « le loup et l’agneau », son attestation et son audition n’ont nullement respecté la procédure judiciaire pour raison évidente de plaire à son bourreau. Tenez, le journaliste est arrêté vers 18h30 alors qu’une circulaire du ministre d’Etat de la justice, Alexis Thambwe Mwamba, interdit formellement toute arrestation pour infraction mineure en dehors des heures de service et de jours ouvrables. Comme si cela ne suffisait pas, le directeur de « Le Vrai journal » est auditionné le jour suivant après 17h30 toujours en violation de la loi. Et malgré sa défense valable, le magistrat instructeur n’a jugé bon que de l’envoyer à Makala, piétinant le principe sacré du droit qui voudrait que la liberté soit une règle et la détention une exception. Pire, le magistrat refuse de lui communiquer le nom du plaignant. Donc, officiellement Peter Tiani est à Makala sans savoir qui se plaint contre lui, bien que tout le monde sache qu’il s’agit du premier ministre Bruno Tshibala.
Contacté par certains de ses confrères et condisciples de l’Université, ce magistrat instructeur, apprend Scooprdc.net, aurait avoué exécuter les directives de la hiérarchie, celles d’expédier ce journaliste et d’autres recherchés dans ce même dossier à Makala. Le magistrat regretterait de traiter un dossier teinté au départ des irrégularités procédurales grotesques : arrestation et audition après les heures de service. Mais le pauvre sous ordre n’en pouvait ou n’en peut rien.
C’est bien dommage que pendant que la justice élève la nation ailleurs, en RDC elle donne l’impression de faire le contraire en protégeant les auteurs des antivaleurs que déclare combattre le président de la république Joseph Kabila. La disparition révélée de sommes importantes d’argent à la résidence du premier ministre, information d’ailleurs vraie, devrait en principe faire l’objet d’une enquête judiciaire pour en déceler l’origine surtout que la thésaurisation est interdite, au lieu de faire l’objet d’arrestation des journalistes.
Ginno Lungabu.