Nominations des autorités académiques dans le Tanganyika : Mbikayi et Kitangala se rentrent dedans !

A lire la lettre du ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Steve Mbikayi, adressée au gouverneur de la province du Tanganyika, tout lecteur comprendra que dans celle de ce dernier, qui malheureusement n’est pas parvenue à Sooprdc.net, le gouverneur Richard Kitangala, sans ménagement, a accusé Steve Mbikayi de clientélisme et de népotisme dans les nominations opérées dans les universités et instituts supérieurs de la province du Tanganyika.

Visiblement dans tous ses états, le ministre Mbikayi lui a répondu en trois pages sur un ton moins désolant. « Toutes les autres autorités académiques ont été nommées sur recommandation des notables de votre province. J’affirme que vous-même vous aviez été consulté et vous m’aviez recommandé quelques personnes qui ont été prises en compte. Le président de l’Assemblée provinciale de votre province et président du PPRD a aussi été largement consulté et n’est pas d’accord avec votre démarche basée uniquement sur l’appartenance tribale », peut-on lire dans cette correspondance d’indignation de Steve Mbikayi à Richard Kitangala.

Le ministre de l’ESU sur qui pèse l’accusation d’avoir placé les membres de son parti, le Parti Travailliste (PT) se défend : « vos allégations sont tellement fausses que vous avez la capacité de connaître le parti politique de chacun de vos administrés, vous avez mentionné l’origine tribale de chacun dans vos propositions de nomination tout en laissant vide la colonne des partis politiques des candidats ! ». Par là, comme un diable dans le bénitier, Steve Mbikayi fait remarquer à Richard Kitangala que les personnes qu’il (gouverneur) fait passer comme membres du Parti Travailliste, il (ministre) ne les connaît ni de vue ni de nom. « Le professeur Kalenga Tshikala, que je n’ai jamais vu et que je ne connais  pas, m’a été proposé par la notabilité de votre province en remplacement de l’ancien recteur. J’ai été étonné que vous le présentiez comme membre du PT », s’alarme Steve Mbikayi.

Comme si cela ne suffisait pas, il ajoute : « Si le PT avait autant de cadres de haut niveau dans votre province, il les aurait présentés comme candidats aux joutes électorales du 23 décembre aux niveaux provincial et national ! Or, faute de candidats, le PT n’a pas présenté de listes dans les circonscriptions de votre province ! ».  

Et pour charger à son tour le gouverneur de Tanganyika, Steve Mbikayi : «  de tous les contacts que j’ai eu avec vous, il s’avère que vous faites beaucoup référence aux tribus et aux clans !

Quand les politiques tuent les universités…

Une correspondance tout à fait honteuse par son contenu et par ses écueils, mais dont le ministre de l’ESU réserve avec fierté copie au président de la République et au premier ministre, chef du gouvernement. Tout analyste lucide ne comprendrait pas toutes les justifications de Steve Mbikayi à Richard Kitangala, quand lui-même dans sa lettre d’indignation, écrit : « Je vous rappelle que l’ESU est de la compétence exclusive du pouvoir central. Ainsi, toute tentative tendant à empêcher l’installation du nouveau recteur de l’université de Kalemie est anarchique. Dans le même ordre d’idée, aucun texte ne vous donne le droit de faire de propositions de nomination dans les établissements de votre province. Je vous demande de laisser mon arrêté produire ses effets, car une autorité provinciale n’a aucun pouvoir d’annuler un arrêté du ministre national ; sauf en cas de rébellion ».

Et de se contredire un tout petit peu : «…A l’instar de tous autres notables du Tanganyika, je vous demande de me recommander des candidats qui seront pris en compte dans le cadre des corrections qui seront faites en tenant compte pas seulement des originaires du Tanganyika, mais également des autres congolais œuvrant dans ces établissements ».

La question que se posent maints observateurs : est-ce les nominations dans les universités et instituts supérieurs sont-elles tributaires de la territoriale des originaires ? D‘ailleurs cette pratique adoptée depuis 1993 a cassé le rythme normal de l’administration publique et l’a tuée. Vouloir sacrifier les universités ou la science, temple du savoir de toute une nation pour satisfaire ou sauvegarder les intérêts politiques, est un génocide intellectuel.  Non sans raison, tout observateur comprendrait l’appartenance d’un académique à une formation politique, médiocre soit-il, prime sur la méritocratie ! Triste réalité en RDC !

Agnelo Agnade.

  • Bendélé Ekweya té

À ne pas rater

À la une