Entre l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo et le gouverneur intérimaire de la province du Maniema Jérôme Bikenge, les relations sont rouillées. La pomme de discorde tourne autour de ce que Matata Ponyo considère comme taxes intempestives et illégales, tracasseries policières et administratives à des barrières érigées dans la ville de Kindu et qui s’apparentent à de l’extorsion dont sont victimes les populations du Maniema. Dans un point de presse, samedi 6 Octobre à Kindu où il est en séjour, l’ancien locataire de la Primature accuse directement le gouverneur intérimaire de marcher à l’encontre de la vision du chef de l’État qu’il représente dans cette province.
Matata Ponyo déclare être saisi par la plainte de l’association des motards qui lui a dit qu’elle en a marre des tracasseries policières, des tracasseries des services des recettes, la Direction Générale des Recettes du Maniema (DGRMA), des extorsions, des saisies des motos, des taxes intempestives. « J’ai demandé qu’on puisse enlever toutes ces barrières artisanales capables de nuire à la santé même de la population, mais aujourd’hui on remet ces mêmes barrières pour dire que c’est la province qui a besoin d’argent », s’indigne le premier ministre honoraire précisant que le Chef de l’Etat n’est pas d’accord avec ces types de barrières qui n’ont pour mission essentielle que d’extorquer la population.
« Je vous dis, les plaintes de motards de Kindu sont conformes à la volonté du chef de l’Etat, celle de mettre la population dans la quiétude. Comment est-ce qu’on peut inventer des taxes à l’intérieur de la ville ? Imaginez-vous à Kinshasa, là où réside le Chef de l’Etat, il n’y a aucune barrière. Je conseille la province du Maniema de se conformer aux recommandations du Chef de l’Etat, de vivre conformément aux lois et aux textes de ce pays. Ces taxes-là intempestives et ces barrières-là intempestives ne sont pas conformes non seulement aux lois et textes mais aussi à l’éthique de vie, la morale », déclare Augustin Matata Ponyo tout en promettant qu’aussi longtemps qu’il séjournera au Maniema, il enlèvera ces barrières partout où il passera.
Dans un communiqué signé le même samedi 06 octobre à Kindu, le gouverneur Jérôme Bikenge déplore et dénonce le comportement de l’ancien premier ministre qu’il qualifie de « situation de gêne causée par une certaine interférence propagandiste dans le recouvrement de l’impôt sur les véhicules automoteurs communément appelé vignette par la direction Générale des Recettes du Maniema (DGRMA) ». Restant égal à lui-même dans la logique de « le chien aboie, la caravane passe », Jérôme Bikenge décide de la poursuite de l’opération de recouvrement forcé par la DGRMA et l’acquittement par les assujettis de leur obligation fiscale et civique. Pour ce faire, le gouverneur du Maniema déclare avoir pris des dispositions idoines pour la sécurisation du personnel de la DGRMA affecté à cette opération. On accuse Matata Ponyo d‘avoir fait agresser ce dernier par une bande de voyous et d’avoir tenu des propos discourtois envers le président Joseph Kabila et son dauphin Emmanuel Ramazani Shadary. De la bonne guerre politique…
Dans ce qui parait désormais comme une guerre ouverte entre l’ancien premier ministre et le gouverneur intérimaire du Maniema, tous originaires de cette province, les observateurs se demandent tout de même : en quelle qualité Matata Ponyo donne-t-il des ordres et s’immisce-t-il dans la gestion autonome d’une province, soit-elle sa province natale ?
Agnelo Agnade et Nzakomba