Pendant que beaucoup de ténors de la Majorité présidentielle et ceux du Front Commun pour le Congo (FCC) affichent hypocritement leur soutien au candidat-surprise (NDRL : moins attendu par la plupart d’eux) du FCC à la présidentielle de décembre 2018, l’un d’un fait grandement l’exception. Il s’agit de Jean-Claude Kazembe, ancien gouverneur de la province du Haut-Katanga. Contrairement à ceux disent autre chose que le sentiment réellement exprimé au fond de leurs cœurs au sujet d’Emmanuel Ramazani Shadary, le gouverneur déchu mais réhabilité virtuellement par la Cour Constitutionnelle, a été franc, beaucoup franc même. En effet, interrogé récemment par nos confrères de Kyondo TV de Lubumbashi s’il soutenait Ramazani Shadary, le président national de Conacat, parti de la Majorité présidentielle et membre du regroupement AFDC-A, a donné une réponse claire : « Nous devons éviter d’être des djaleloistes (NDLR : flatteurs de mauvais goût). Certes, Shadary c’est mon collègue de promotion. J’ai étudié avec lui de G1 en L2 à l’UNILU, mais cela ne suffit pas pour que je le soutienne. Pour le soutenir nous devons l’écouter. Qu’il nous démontre qu’il intériorise réellement la vision du Raïs Joseph Kabila Kabange ».
Et lorsque les journalistes lui demandent en sa qualité de notable du Haut-Katanga, s’il acceptait de l’accompagner. Là, Jean-Claude Kazembe est clair dans sa réponse : « Evitons l’hypocrisie. Nous devons savoir d’où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Et avec qui nous voulons cheminer ? Avant de l’accompagner, il doit au départ prendre langue avec les Haut-Katangais, savoir ce qu’ils veulent et ce qu’ils n’aiment pas. Il doit parcourir le cahier de charge des Haut-Katangais. Le candidat doit préalablement expliciter sa vision. Dès que nous constatons que les violons s’accordent, nous battrons campagne pour lui. C’est de cette façon que les choses doivent se passer. On ne peut pas se réveiller un petit matin, on déclare tout haut « je soutiens Shadary ». Par contre, je peux tolérer ceux qui pourront dire « je soutiens la vision du candidat Shadary ».
Sur son compte WhatsApp, l’allié de Modeste Bahati aux élections législatives de 2018, s’interroge s’il n’est pas possible d’avoir un candidat commun pour l’opposition et la Majorité. A propos, Jean-Claude Kazembe écrit : « les ennemis d’hier sont devenus des amis aujourd’hui au sein de l’Opposition comme au sein de la Majorité (FCC). S’il n’y a pas hypocrisie et intérêt individuel, ceci montre que les congolais sont capables de transcender leurs divergences, regarder dans la même direction et déterminer ensemble les intérêts du peuple. Avec un petit recul, nous constatons que Katumbi, Kamerhe, Kyungu etc. étaient adversaires de Bemba, Félix (NDLR : Tshisekedi), Fayulu, Diongo; aujourd’hui ils sont unis. Hier toujours, Malika, Lucien Mbusa, Thomas Luhaka, Bitakwira … s’opposaient farouchement à J. Kabila, aujourd’hui, ils sont alliés. A regarder de près les projets de société que développent les candidats Présidents de la République, qui trouve une différence ? Ils promettent tous l’eau, l’électricité, les routes, l’emploi, école gratuite, les soins de santé etc. Comme, je le dis souvent, il n’y a pas entre eux, une guerre philosophique ou idéologie mais la manipulation occidentale, l’égoïsme, la soif du pouvoir. Si le souhait est d’avoir un candidat commun, Opposition et Majorité, faisons mieux, allons plus loin et ayons un candidat pas commun mais unique après concertation. Il aura la tâche d’affirmer notre souveraineté et tous nous allons nous souder les coudes contre le pillage de nos ressources et définir un programme commun de développement du pays. Le gagnant sera notre peuple et les perdants seront ceux qui cherchent à nous diviser depuis Lumumba et Kasavubu ».
Loin de considérer l’attitude de Jean-Claude Kazembe comme une rébellion ou une antipathie, bien que sa déchéance à la tête du Haut-Katanga s’est faite pendant que Shadary était Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, beaucoup d’analystes estiment que la franchise de celui qu’on appelle « Aigle royal » sur le candidat FCC à la présidentielle, est une vertu, non seulement pour la bonne marche de la démocratie, mais aussi d’un bon collaborateur envers le Raïs. Comme dirait Faustin Munene, alors vice-ministre de l’Intérieur à l’époque de l’agression foudroyante rwando-ougando-burundaise contre la RDC, en 1997 : « mieux vaut l’arrogance de Paul Kagame que l’hypocrisie de Pierre Buyoya ».
Agnelo Agnade.