Les arrestations des jeunes filles « mal habillés » appelées « Ujana » opérées ce dernier temps dans la ville de Kinshasa par les éléments de la Police nationale, risquent de terminer en eau de boudin. Non sans raison, le Tribunal de paix de Kinshasa/Gombe devant lequel une partie de ces jeunes filles ont été présentées pour atteinte à la pudeur par le fait qu’elles se promènent habillées sans soutien-gorge ni dessous, a relâché, ce mercredi 26 septembre, dix filles d’entre elles, d’abord parce qu’elles ne sont pas mineures comme prétendu, et ensuite pour non établissement de l’infraction d’attentat à la pudeur. Le ministère public qui justifiait ses poursuites contre elles notamment pour n’avoir pas porté de sous-vêtements, soit de soutien-gorge, soit d’avoir porté des habits sexy, ou encore de s’être promenée seule « tard » dans la nuit, a été débouté.
Au Parquet de Matete, c’est presque le même scenario. De la quarantaine de filles raflées dans l’opération Ujana et présentées ce mercredi 26 septembre devant les juges, la plupart ont plus de 18 ans, donc des majeurs. Parmi elles, il y a même des filles-mères ayant un ou deux enfants. Examinant séance tenante leur accoutrement du moment de leur arrestation, le ministère public a eu du mal à prouver l’outrage aux bonnes mœurs, infraction pour laquelle il les poursuit. Devant cette difficulté, les avocats des prévenues ont demandé aux juges de relâcher ces jeunes filles qui n’ont commis aucun péché de refuser de porter le soutien-gorge et le slip pour des raisons évidentes de santé. C’est ce jeudi 27 septembre que les juges vont se prononcer.
Mais déjà, cette opération d’arrestation des filles sans soutien-gorge et sans slip dessous est décriée par beaucoup de Kinois du fait de dérapages commis par les éléments de la Police qui en font une source de revenus. Même l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) qui s’était plaint dans une correspondance auprès du gouverneur de la Ville, André Kimbuta, contre le phénomène Ujana, désapprouve les méthodes de la Police. « L’opération telle qu’elle a été lancée nous a beaucoup inquiétés parce que nous ACAJ, lorsque nous avions alerté l’autorité de la ville de Kinshasa, nous lui avions demandé de convoquer en urgence une réunion avec tous les acteurs impliqués dans la protection de l’enfant en général et de la jeune fille en particulier enfin d’étudier les moyens appropriés pour une riposte convenable. Nous n’avions jamais demandé au gouvernement provincial de Kinshasa d’autoriser la police d’aller traquer des filles, des filles majeurs qui se trouveraient dans des boites de nuit sans prendre des mesures d’accompagnement nécessaires », déclare Georges Kapiamba, numéro 1 d’ACAJ qui affirme que le monitoring de sa structure a constaté plusieurs dérapages policiers et s’inquiète de la détention à la Prison de Makala de 17 filles mineures prises dans cette opération et dont les conditions dans cette maison carcérales sont très déplorables.
D’après les indiscrétions parvenues à Scooprdc.net, la Présidence de la République serait contre cette décision du gouvernement provincial de Kinshasa qui n’a pas tenu compte du contexte actuel surchauffé par des évènements susceptibles d’enclencher des soulèvements. Il y a de bonnes méthodes pour les publics de décourager l’«Ujanisme » que l’exhibitionnisme dangereux auquel se livre la police. Notre source nous confirme que l’ordre sera donné sous peu par la Présidence de la République pour que s’arrête cette opération attentatoire aux libertés vestimentaires.
Ginno Lungabu.