L’ancien gouverneur du Nord-Kivu, actuellement ministre des affaires sociales au gouvernement Tshibala, est cité parmi les personnalités qui parrainent la rébellion qui s’est déclenchée il y a peu au Rwanda, à la frontière avec le Burundi. C’est le journal belge Le Soir sous la plume de la très célèbre journaliste Colette Braeckman, qui le révèle dans son édition de mercredi 18 juillet 2018. D’après le quotidien belge, Eugène Serufuli aurait encouragé des jeunes du Nord-Kivu à rejoindre depuis l’Ouganda les rangs des rebelles rwandais déterminés d’en découdre avec le président Paul Kagame.
A propos, Le Soir écrit : “…les Congolais Yakutumba, des guerriers mai-mai, sont également intervenus, mus par une forte haine à l’encontre de leurs voisins rwandais. Il y a des mois que ces hommes s’entrainent au vu et au su de tous à Bijombo, au-dessus de la ville congolaise d’Uvira et ils auraient été rejoints par plusieurs centaines d’anciens militaires rwandais. Mécontents d’avoir dû quitter l’armée pour se retrouver dans des sociétés de gardiennage, ces derniers auraient été recrutés depuis l’Ouganda et rejoints par des jeunes congolais du Nord-Kivu encourages par un ancien gouverneur, Eugène Serufuli”.
Sans fournir assez de détails sur la contribution et le rôle-clé du ministre congolais des affaires sociales dans cette coalition des rebelles rwandais au sein du Mouvement Rwandais pour le Changement Démocratique (MRCD), qui désormais combat le régime de Kigali, Le Soir qui craint que des infiltrations armées au Rwanda puissent être le prélude d’une guerre régionale, conclut que « les voisins du Rwanda –l’Ouganda, qui mène un double jeu, avec son ancien allié le Burundi, qui n’a rien à perdre, et le Congo qui ne peut que profiter d’une nouvelle guerre qui donnerait prétexte à retarder les élections– auraient permis ces infiltrations armées dans un Rwanda isolé qui se compare quelquefois à Israël, et où des officiels n’hésitent pas à évoquer la guerre du Kippour ».
Eugène Serufuli s’est-il retourné contre Paul Kagame qui, hier, était le mentor de leur mouvement politico-militaire, le Rassemblement de Congolais pour la démocratie (RCD), dont il fut vice-président et qui avait fait de lui redoutable gouverneur que le Nord-Kivu n’ait connu ? Difficile de le confirmer ou l’infirmer maintenant. Mais toujours est-il qu’il n’y a plus convergence d’intérêts entre Eugène Serufuli devenu très kabiliste et ses anciens amis du RCD et leurs mentors rwandais. Depuis 2011, il s’est désolidarisé du RCD pour créer l’Union des Congolais pour la Progrès (UCP), parti membre de la Majorité présidentielle et désormais du Front Commun pour le Congo (FCC), plateforme électorale dont l’autorité morale est le président Joseph Kabila.
Georges Ilunga