Que reste-t-il encore d’Etienne Tshisekedi dans Bruno Tshibala après son adhésion, pieds et mains liés, dans le Front Commun pour le Congo (FCC) dont le président Joseph Kabila est l’autorité morale ? Rien du tout, répondent les tshisekedistes de tout bord. « On peut bien composer pour le pouvoir mais l’homme a tout vendu de substantiel : âme et esprit politique du sphinx de Limete », reprochent beaucoup à Bruno Tshibala qui considèrent comme sacrilège le fait qu’il accepte que Joseph Kabila soit son autorité morale. « UDPS avoir comme autorité morale Joseph Kabila par le fait du deal avec Bruno Tshibala, c’est plus que la trahison de Judas Iscariote envers Jésus-Christ », lâche un UDPSien proche du premier ministre. « Nous pouvions garder notre indépendance politique même en étant au pouvoir. Mais ce que le premier ministre a fait, c’est tuer encore le président Tshisekedi dans sa mort ».
Pour Peter Kazadi de l’UDPS dirigée par Félix Tshisekedi, le grand mérite de la plateforme FCC est d’avoir démasqué politiquement bon nombre d’acteurs et d’actrices de la société tant politique que civile dans leur fourberie. Il estime que désormais, deux camps sont en présence : camp de la conservation de la gouvernance actuelle et le camp de l’alternance. Un autre cadre de l’UDPS d’ajouter : « la signature de la charte du FCC ne nous a aidés qu’à séparer l’ivraie du blé. Ce n’est pas tous ceux qui disent Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des Cieux. Désormais, le champ politique congolais s’est plus éclairci et le peuple saura opérer un choix judicieux selon qu’il décidera de voter pour la nuit, pour Dieu ou pour Satan ».
D’autres observateurs estiment que Joseph Kabila n’a fait que dénuder ceux qui travaillent pour lui sous l’étiquette de l’opposition. « Joseph Kabila n’a pas besoin d’une force politique composée des vases creuses. Il sait que ces gens ne lui apporteront rien sur le plan électoral. Il a voulu seulement les humilier devant le peuple ». Non sans raison, « si avec Etienne Tshisekedi vivant, Tshibala ne se fait pas voter, quel exploit fera-t-il pour attirer le peuple qu’il a déçu ? », s’interroge un collaborateur de Remy Masamba, ancien secrétaire général de l’UDPS.
Si Bruno Tshibala s’est laissé faire, pieds et mains liés, pour adhérer au FCC, par contre, Jean-Pierre Lisanga Bonganga, son ministre d’Etat en charge de relations avec le Parlement oppose résistance. « Vieux Saio » comme l’appellent ses intimes ou voir même « Kebano », a refusé catégoriquement, lui qui se réclame allié d’Etienne Tshisekedi, d’adhérer au FCC (Lire l’article de scooprdc.net intitulé : Adhésion au FCC : des fortes pressions sur Lisanga Bonganga !). Pour échapper à ces fortes pressions dont la dernière émanerait d’Azarias Ruberwa et à qui il a répondu « insolemment », Vieux Saio s’est « refugié » momentanément aux USA. Cédera-t-il à ces pressions à son retour ? Ses proches déclarent qu’il leur aurait promis de démissionner pour ne pas trahir sa base.
Lisanga Bonganga n’est pas le seul à s’opposer à cette adhésion forcée au FCC. Il y a aussi Joseph Olenghankoy, président des Forces Novatrices pour l’Unité et la Solidarité (FONUS) dont le ministre au gouvernement Tshibala, Emery Okundji n’a pas apposé sa signature sur la charte constitutive. L’UDPS Papy Niango ne l’a pas fait non plus. L’un de ses proches a même tweeté : « quand l’estomac prend la place du cerveau, on développe une forte capacité de résistance face à la honte ». Quel sera alors le sort de tous ces ministres ?
En attendant la réaction du camp présidentiel face à la « rébellion » de ces membres du gouvernement, des observateurs concluent que le dynamisme politique à la congolaise est pire que la prostitution sadique. Les Tshibala, Bussa, Makila, Luhaka, Olongo, Mbikayi et consorts ont traité Joseph Kabila de tous les noms d’oiseaux et lui ont attribué diverses nationalités du monde. En rampant actuellement aux pieds de ce même Kabila, aux latinistes de nous rappeler cette fameuse exclamation de Cicéron : Ubi sumus !
Agnelo Agnade