Se dirige-t-on vers un pourrissement des relations diplomatiques entre la France et la RDC ? L’affirmatif n’est pas à exclure. Pendant qu’on l’oubliait déjà avec ses points de presse devenus très rares contrairement à l’époque d’Augustin Matata Ponyo, le ministre de la Communication et Médias est monté sur ses chevaux ce lundi 28 mai pour fustiger l’attitude du président français, Emmanuel Macron. Ce dernier a, en effet, déclaré le 23 mai dernier lors de la conférence de presse suivant la fin de son entretien avec le président rwandais Paul Kagame, concernant la RDC, que la France soutenait l’initiative prise par le Président de l’Union Africaine en exercice, Paul Kagame en lien étroit avec le président d’Angola, Joao Lourenco”. Quelle est cette initiative à laquelle la RDC n’est pas partie prenante ? Voilà qui justifie l’inquiétude des autorités congolaises. Ce qui a fait que ces propos d’Emmanuel Macron qualifiés par le gouvernement congolais d’ambigus, aient prévalu le week-end dernier la convocation des ambassadeurs de France, du Rwanda et de l’Angola par le Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu qui voulait obtenir d’eux des clarifications et des explications sur lesdits propos.
Mais en attendant ces clarifications et ces explications, Lambert Mende dans un langage et style qui lui sont propres, a saisi cette occasion pour redire, à l’intention de ceux qu’il qualifie des nostalgiques de l’ordre colonial, que le péché originel fondateur de l’état indépendant du Congo durant la période des conquêtes barbares et qui a voulu réduire notre pays au rang d’un simple comptoir des matières premières ou en un pandémonium de quelques grandes puissances de l’époque avec le droit de préemption sur le territoire de l’actuelle RDC pour certaines, ce péché originel a été expié depuis par le sang et le sacrifice de nos martyrs et de nos Héros qui à l’instar de Patrice Lumumba, ont payé le prix le plus élevé que l’on puisse imaginer pour l’indépendance et l’auto-détermination du peuple congolais qu’on aurait tort de considérer comme de simples figures de style.
N’aménageant personne, Mende déclare : “Les connivences, les combinaisons et les tentatives de dépossession des Congolais au profit des groupes d’intérêts extérieurs dans le but de promouvoir des besoins stratégiques de groupes d’influence en intelligence avec des prédateurs notoires dont certains ont par ailleurs déchiré, de manière ostentatoire et sans sourciller, le brevet de la démocratie dans leurs propres pays, ne sauraient en aucune manière nous intimider ou avoir raison de notre détermination à poursuivre le combat engagé par notre peuple pour prémunir notre pays contre leurs appétits voraces”.
Tout en précisant que la RDC est jalouse de sa souveraineté et ne laissera personne, Etat ou groupe d’intérêts, en Afrique ou hors du continent, s’ingérer dans ses affaires intérieures et se substituer au peuple congolais pour decider de son devenir, Lambert Mende rappelle aux détracteurs de la RDC que l’égalité souveraine des États proclamée par la Charte des Nations Unies est un principe intangible; un horizon indépassable des relations internationales et un dénominateur commun dans les relations entre tous les États. En vertu de ce principe, martèle-t-il, aucun État n’a le droit de s’arroger unilatéralement ou via des arrangements ou des alliances particulières, une responsabilité sur le destin d’un autre État.
A Paul Kagame et à Joao Lourenco, le « kema fumbe de Lodja » tout en les rappellant la triste expérience de feu Maréchal Mobutu qui a servi les puissances étrangères, mais a fini par être jeté, tel un Kleenex, dans les poubelles de l’Histoire après avoir été utilisé par ceux-là même qui lui faisaient croire qu’il était leur partenaire de prédilection, prévient que les pays Africains qui se hasarderont à servir de tête de pont ou de sous-traitants à des stratégies extérieures hostiles à la RDC élaborées ailleurs seront toujours payés en monnaie de singe, en plus de la résistance farouche du peuple congolais à laquelle ils devront s’attendre.
Au peuple congolais, le porte-parole du gouvernement avertit : “si l’on voit un lion déborder de gentillesse à l’approche d’un troupeau de brebis, il faut s’en méfier car cela n’est pas l’expression de l’amour envers le troupeau mais plutôt celle d’un appétit vorace dissimulé derrière un simulacre de compassion qui cache mal sa réputation de prédateur. Et quand un prédateur se met à jouer au vigile ou au protecteur dans la proximité d’une bergerie, il revient aux bergers de doubler de vigilance”.
Ginno Lungabu.