Beaucoup de choses se racontent et des critiques sérieuses sont émises à l’endroit du ministre de PT-NTIC, Emery Okundji, que l’on accuse d’avoir bradé la G4 à seulement 20 millions de dollars. Ses détracteurs qui le soupçonnent d’avoir touché des pots de vin, avancent des chiffres faramineux allant de 50 millions à 150 millions, selon le pays. Interrogé par scooprdc.net, le cabinet du ministre incriminé parle d’une expertise erronée basée elle-même sur des fausses données et ne tenant pas compte de l’évolution du contexte.
D’après John Aluku, directeur de cabinet adjoint, la G4 n’est plus une innovation ni une nouveauté. Elle arrive largement en retard en RDC. Avec la poussée de la 5G déjà opérationnelle dans beaucoup de pays, il était à craindre que les opérateurs enjambent la 4G. Parce que la qualité de la 5G est plus performante et présente des avantages multiples sur le débit (1Gigabit par seconde) que la 4G (140 Mégabits par seconde). La première conséquence de cette situation serait inéluctablement la baisse considérable du prix de la licence 4G suite à l’obsolescence technologique irrémédiable et inévitable qu’entraînerait la mise en service des réseaux et services 5G.
Au départ, selon certaines informations, la licence 4G allait être vendue à 15 millions. Logique aux yeux des opérateurs des Télécoms pour un pays miné par de problèmes d’électricité, sans infrastructures et avec une fibre optique qui peine à fonctionner à 100%. Mais, avec l’avènement d’Emery Okundji, explique John Aluku, les calculs ont été bouleversés. Malgré ces faiblesses, le patron des PTNTIC est parvenu à convaincre les sociétés des Télécommunications à payer plus. D’ailleurs, explique toujours John Aluku, le prix a été fixé après un travail concerté entre les experts des Ministères de PT-NTIC et des Finances. Les conclusions de cette commission ont été soumises aux deux ministres qui, par la suite, ont pris le 03 mai dernier, un arrêté interministériel fixant le prix d’acquisition d’une licence 4G à 20 millions de dollars. Et cela après des discussions très chaudes avec les sociétés de télécommunications qui tablaient sur des pertes.
D’après le collaborateur d’Emery Okundji, quatre facteurs ont milité en faveur du prix de la 4G à 20 millions de dollars. Il s’agit d’abord de l’indisponibilité de fréquences appropriées. Jusqu’à ce jour, les fréquences dans les bandes de 700 MHz et 800 MHz sont encore utilisées par les chaînes de télévision analogique alors que celles-ci devaient les libérer depuis le 15 juin 2015. Et donc, si la quantité de spectres offerte aux opérateurs est bien plus importante et disponible immédiatement, un prix élevé peut être justifié. Or, dit-il malheureusement, la 4G sera bien disponible dès la migration complète de la télévision analogique vers la Télévision Numérique Terrestre (TNT). Ce qui n’est pas encore le cas jusqu’aujourd’hui.
Deuxièmement, la faiblesse du pouvoir d’achat du congolais. L’ARPU (revenu moyen par abonné) des opérateurs économiques est présentement en deçà de 4usd au Congo-Kinshasa. Ce qui ne pourra pas, selon un responsable d’une société de télécommunications, favoriser un retour sûr et rapide sur investissement. Il est établi que l’ARPU est déterminé par le pouvoir d’achat des consommateurs. Plus, il est important, plus les opérateurs réalisent un retour sur investissement proportionnel. « Un ARPU élevé justifie donc un prix d’acquisition élevé de la licence », explique-t-il.
A cela, il faut ajouter l’épineux problème de manque d’infrastructures de base et l’absence d’énergie dans tous les coins de la république. Le pays n’est pas encore connecté par un réseau fiable à fibre optique. Un ingénieur du Ministère des PTNTIC fait savoir que la connexion Internet est plus assurée par la location des capacités sur le satellite. Il est évident donc que cela occasionne pour les opérateurs des Télécommunications des dépenses d’exploitation considérables.
80 millions USD : un chiffre record, se vante-t-on au PT-NTIC !
Rien qu’avec la vente de la licence 4G, Emery Okundji a fait gagner au trésor public 80 millions de dollars. Ce que fait le double de ses assignations en 6 mois. Les quatre opérateurs (Vodacom, Airtel, Orange et Africell) ayant tous souscrit, jamais ce montant n’a été atteint du coup dans le secteur des Télécoms par la vente de la simple licence. « Une première même si quelques méchantes langues tentent de saper les efforts fournis par l’actuel Ministre des PTNTIC, Emery Okundji », réagit ainsi le cabinet de ce dernier. Avec ce montant (80 millions USD), le ministre de PT-NITC a dépassé largement les assignations fixées à son ministère dans le budget 2018. Pourtant, fin mars 2018 déjà (premier trimestre), révèle-t-on à scooprdc.net, il avait déjà mobilisé 53 milliards de Franc Congolais alors que les assignations annuelles du Ministère des PTNIC étaient de l’ordre de 42 milliards 950 millions de Franc Congolais, soit un dépassement en recettes de 10 milliards de Franc Congolais.
Pour ceux qui crient au prix dérisoire, le cabinet d’Emery Okundji fait remarquer que d’autres pays, comme l’Afrique du sud et le Rwanda, ont attribué gratuitement les licences 4G et ont étalé leur rentabilité sur la durée de celles-ci par une récupération due à titre d’utilisation des fréquences concédées. Donc, pour Emery Okundji, ce prix est réaliste dans le contexte actuel et permet à l’Etat congolais de se faire de l’argent au moment où un retard énorme a été constaté dans la vente de la 4G. Surtout que le taux des redevances annuelles liées à l’utilisation des fréquences 4G devra être revu à la hausse et permettra également à l’État de maximiser ses recettes sur la durée de « ces licences » à savoir 20 ans.
A. Mobateli