Depuis le 25 avril dernier, Vincent Bolloré, directeur général du groupe Bolloré, a des démêlés sérieux avec la justice de son pays, la France. Placé en garde à vue puis, mis en examen sur des affaires de concessions des ports de Conakry (Guinée) et Lomé (Togo) obtenues, l’accuse-t-on, grâce aux pots de vin versés aux autorités de ces deux pays, la justice française le poursuit avec quatre de ses proches pour corruption d’agents publics étrangers, complicité d’abus de confiance et complicité de faux. Déjà, la presse française traite cette affaire avec des gros titres dans ce qu’elle appelle ironiquement « Système Bolloré » pour dénoncer la nébulosité des affaires du Groupe Bolloré en Afrique.
En RDC, cette firme française opère à Matadi, Kinshasa, mais également à l’Est du pays et dans le secteur minier dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba. Actuellement, Bolloré est sans doute la plus grosse société de logistique qui opère et prospère au Congo-Kinshasa. Non sans raison, plusieurs opérateurs économiques dans divers secteurs recourent à ses services pour effectuer à la fois le transport et le dédouanent de leurs marchandises.
Mais partant des accusations qui pèsent sur Vincent Bolloré, lesquelles font les choux gras de la presse internationale, démontrant les « miracles » dont il est capable d’opérer en Afrique, ce n’est pas exclu que son système de pots de vin se soit étendu en RDC où le président de la république se plaint lui-même sans cesse de la corruption qui gangrène les services publics tel un cancer. Même si les preuves matérielles de combinaisons louches de Bolloré en RDC n’ont pas encore été mises en lumière, mais il y a trop de doutes que tous ses gros contrats ont été gagnés ou obtenus honnêtement. D’où l’interpellation de la justice française d’aller plus loin avec son action en l’élargissant dans les autres pays d’Afrique où le Groupe Bolloré est opérationnel.
A voir comment beaucoup de sociétés lui accordent la sous-traitance alors que la loi congolaise en la matière ne réserve ce marché qu’aux seules sociétés congolaises pour les promouvoir dans le développement économique du pays, il y a de quoi s’inquiéter. La Société commerciale des Transports et Ports (SCTP, ex-Onatra) ne cesse de dénoncer l’asphyxie dont elle est l’objet de la part du Groupe Bolloré avec la complicité de certaines autorités congolaises. Cette complicité, est-ce un acte de générosité ? Loin s’en faut. L’alerte est lancée.
Ginno Lungabu