Ce 10 mai, exactement un mois depuis que le député national Fabrice-Albert Puela a adressé une question orale avec débat au vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Henri Mova Sakani, sur la pratique récurrente de suspension des Assemblées provinciales par son ministère. « La Constitution de la République fait de la province un autre échelon du pouvoir à côté du pouvoir central, sans être soumise à sa tutelle. Curieusement, il est constaté une pratique récurrente de suspension des assemblées provinciales ; le cas le plus récent est celui de l’Assemblée Provinciale du Kongo Central dont les travaux sont suspendus suivant votre message phonique n° 25/CAB/VPM/MININTERSC/HMS/072/2018 du 06 avril 2018. Pouvez-vous fixer la représentation nationale sur les fondements de ces mesures en général et ceux ayant prévalu à la suspension des travaux de l’Assemblée Provinciale du Kongo Central en particulier ? », lit-on dans cette correspondance de Puela adressée à Mova. Mais depuis lors, le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a classé et enfermé cette question orale avec débat dans ses tiroirs. Et pendant ce temps, l’organe délibérant du Kongo Central en pâtit voilà plus d’un mois.
D’après les sources de scooprdc.net, rien n’est fait dans la gratuité. Comme pour le VPM de l’Intérieur que pour le président de la Chambre basse du parlement, le gouverneur Mbadu s’est assumé financièrement en leur graissant bien les pattes avec des billets verts en vue de réduire totalement au silence l’Asspro du Kongo Central. L’objectif visé est de mettre les députés provinciaux hors circuit du contrôle de la gestion financière de la province et parvenir ainsi à se constituer un matelas financier pour les élections prochaines. Le trio PPRD ainsi constitué, s’inscrit dans la logique de saigner le Kongo Central en faisant de cette province leur vache à lait, leur poule pondeuse ou encore leur plate-bande à choux gras.
Le Kongo central étant la province qui rivalise l’ex-Katanga en termes de mobilisation des recettes, y laisser Jacques Mbadu seul maître pendant toute la période que prendra la fameuse enquête de Mova, n’a qu’une seule conséquence : la prédation. Non sans raison, comment pour une affaire de la présence des vaches dans l’ex-Bandundu en provenance de l’Est du pays, qu’Aubin Minaku se soit activé pour dépêcher rapidement une mission parlementaire sur place, mais qu’il ferme les yeux quand une institution aussi vitale que l’Asspro est injustement asphyxiée au Kongo central à cause des appétits gloutons d’un individu !
Quant aux prérogatives d’un ministre de l’Intérieur de s’immiscer dans les affaires des assemblées provinciales jusqu’à suspendre leurs activités, scooprdc.net signe et persiste qu’aucune disposition constitutionnelle ne lui accorde ce pouvoir. La seule et unique personne constitutionnellement investie du pouvoir de sanctionner par dissolution une assemblée provinciale, c’est le président de la république. Mais alors ce pouvoir est assorti d’une conditionnalité : il ne peut agir que lorsqu’il y a une crise persistante. Et même avant de prendre sa décision de dissoudre une assemblée provinciale en crise persistante, le président de la République doit consulter les deux présidents du parlement.
Ce qui inquiète plus d’un observateur face à cette caporalisation des assemblées provinciales par les ministres PPRD de l’intérieur qui se sont succédé depuis Richard Muyej, c’est l’attitude silencieuse du président de la république, pourtant garant de la Nation, censé réguler le bon fonctionnement des institutions de la République. Complicité ou désintéressement ? Encore une fois, à chacun sa réponse.
Agnelo Agnade.