Après 53 jours de trêve, le Comité Laïc de Coordination (CLC) fait encore parler de lui. Dans une déclaration rendue publique, mardi 1er mai, cette structure de l’Eglise catholique dont les six provinces ecclésiastiques que compte la RDC (Bukavu, Kananga, Kinshasa, Kisangani, Lubumbashi et Mbandaka) se sont réunies du 30 avril au 1er mai à Kinshasa en congrès, s’inquiète de l’incertitude du calendrier électoral, de la non application des mesures de décrispation politique, de la partialité de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et de l’instrumentalisation de la Cour constitutionnelle. D’où sa crainte de voir soit le gouvernement et la CENI repousser les échéances électorales à des nouvelles dates hypothétiques en prenant prétexte des difficultés opérationnelles et logistiques, soit voir ces deux organes conduire le pays aux élections sans mesures préalables de décrispation politique, ni garantie de transparence et de crédibilité.
Disant d’emblée trois fois non à ces deux scénarios, le CLC considère comme ultime la date du 23 décembre qui ne doit naturellement plus être dépassée quelles que les circonstances. Il déplore qu’à 55 jours du 24 juin, date de la convocation de l’électorat pour l’ouverture des bureaux de réception et traitement des candidatures des députés provinciaux, et à 86 jours du 25 juillet, date de l’ouverture des bureaux de réception et traitement des candidatures présidentielles et des députés nationaux, la CENI continue à gaspiller à la fois son temps, ses moyens et son énergie à la défense de son projet illégal et conflictuel d’imposition d’un matériel électoral (Ndlr : machine à voter) décrié sur le plan national et déconseillé par tous les pays amis y compris celui de la provenance de cette technologie.
Les membres du CLC fustigent, non seulement la partialité de la CENI qui manifeste son incapacité à s’inscrire dans les objectifs de l’Accord de la Saint Sylvestre et se comporte comme une administration électorale partisane, mais également son opacité dans la passation des marchés et sa gestion peu orthodoxe des fonds électoraux.
S’agissant de la décrispation politique, le CLC fait remarquer qu’aucun opposant emblématique n’a été libéré et qu’aucun exilé politique n’a pu retourner au pays alors qu’on est à trois d’ouverture des bureaux de réception et traitement des candidatures pour l’inscription des candidatures présidentielles et des députés nationaux.
Quant à la Cour constitutionnelle, inventoriant ses arrêts, notamment autorisant la nomination en septembre 2015 et prorogeant de fait le mandat du président de la république en octobre 2016, le CLC dénonce son instrumentalisation par le régime Kabila. Etant un organe compétent chargé de la gestion du contentieux des candidatures et du résultat de vote pour les élections présidentielle et législatives nationales, le CLC émet une crainte de voir cette cour, en dernier ressort, invalider des candidatures et rectifier les résultats de vote.
Mettant ainsi fin à sa trêve décrétée le 10 mars dernier, le CLC dit démarrer des préparatifs de ses actions pacifiques d’envergure, de protestation et de revendication sur l’ensemble du territoire national pour faire pression que l’Accord de la Saint Sylvestre soit correctement appliqué. « Demeurons ensemble, prêts à affronter le pire pour arracher le meilleur », demande le CLC au peuple congolais qu’il engage dans le combat pour le respect de sa dignité et la conquête de sa liberté confisquée.
Agnalo Agnade