Alors qu’il réunissait les députés de la Majorité Présidentielle (MP) ce lundi 16 Avril à la Cité de l’Union Africaine (U.A), le chef de l’Etat a, parmi les sujets abordés, parlé de l’article 10 de la constitution qui fait de la nationalité congolaise une et exclusive. A l’entendement de Joseph Kabila, l’article 10 de la constitution devrait être de stricte application, sinon l’on devrait alors appeler le peuple à une révision constitutionnelle. Il n’a pas manqué de fustiger le moratoire trouvé autrefois à l’Assemblée nationale du temps de Vital Kamerhe et dont le délai ne pouvait excéder trois mois. Maintenant que le chef de l’Etat commence petit à petit à clarifier sa position, et se permettre de parler de l’article 10, l’opinion pense que la fameuse boite à pandore vient d’être ouverte par lui-même.
Certains analystes pensent qu’au-delà de l’article 10, le respect de la constitution ne devrait pas être sélectif, et dépendre des humeurs et bon vouloir de tenant du pouvoir, mais plutôt de la volonté collective. S’il est vrai et impératif que la constitution soit respectée en son article 10, il est de même vrai et impératif qu’elle le soit aussi pour les autres articles. Ce que malheureusement la MP au pouvoir et l’autorité morale n’ont pas fait en 10 ans de pouvoir ininterrompu sans compter les différentes transitions et glissements. Il est curieux et étonnant de voir aujourd’hui que la très silencieuse autorité morale prenne la parole et parler de l’article 10 de la constitution s’agissant de la nationalité que lorsque celle-ci est déniée par ses lieutenants à un candidat potentiel à l’élection présidentielle de décembre 2018 : Moise Katumbi.
En politique, comme dit-on, tous les coups sont permis, si au-delà de tout ce que les communicateurs de la MP racontent dans les médias ne suffisent pas et que l’autorité morale doit lui-même prendre la parole, c’est que Katumbi dérange sérieusement. D’où l’opinion est en droit de se poser des questions sur toutes les décisions anticonstitutionnelles prises par cette majorité tout au long de son exercice du pouvoir en plus de 10 ans sous couvert de la justice ?
Pour rappel, un collectif des députés, majorité et opposition compris, a récemment déposé une requête à la Cour constitutionnelle pour inconstitutionnalité de la loi électorale de la Commission Nationale Electorale Indépendante (CENI). Cette requête sur ordre de la MP a été rejetée alors qu’elle était fondée et motivée. Les différents ministres de l’intérieur de la MP qui se sont succédés depuis Richard Muyej ont fermé les assemblées provinciales sans qu’ils en aient les prérogatives constitutionnelles. Les cas Samy Badibanga (Belge), Clément Kanku (Canadien), Fidèle Tingombayi (Canadien), Tharcisse Loseke (Belge), Emmanuel Ilunga l’actuel vice ministre des congolais de l’étranger (Français), Mwenze Kongolo, ex-ministre de la justice et de l’intérieur (Américain), le général François Olenga (Allemand), Jean-Claude Kibala (Allemand), Roger Lumbala (Français), Beya Siku (Ndlr : ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila, nommé ambassadeur de la RDC en Belgique mais à qui le royaume de Belgique a refusé l’accréditation au motif qu’il était un sujet belge. Mais le chef de l’Etat l’a envoyé en Angola pour assumer la même fonction et tout ceci sans modification de la constitution). Les cas sont légion. A en croire le moniteur Belge publié et qui ne souffre jusqu’à ce jour d’aucune contradiction, au moins 46 sénateurs congolais de la RDC possèdent la nationalité belge. A l’Assemblée nationale, on parle d’au moins 160 députés détenant une double nationalité.
La volonté du garant de la Nation de vouloir que le boa soit éventré, que la boite à Pandore soit ouverte, est à applaudir pour que les Congolais sachent qui est exactement qui en RDC ? Ou on est congolais conformément à l’article 10 de la constitution, ou on ne l’est pas. Ouvrez la boite à Pandore !
Nzakomba.